L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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La polygamie n’est pas mauvaise

Humeur

La polygamie n’est pas mauvaise

 

On ne disserte pas souvent sur le sujet, mais quand l'occasion se présente les opinons les plus tranchées ne manquent pas. C'est le cas d'un lecteur qui affirme, parlant de la polygamie qu'elle n'est pas mauvaise. C'est son point de vue.

 

 

A l'heure où le vent de la “modernité” souffle au plus fort sur le continent africain et où “modernité” semble signifier “Non à la polygamie”, je m’en inquiète et voudrais apporter ma modeste contribution à la construction de nos nations laïques d’Afrique.

Les 27 et 28 août passé, ceux qui ont écouté l'émission Média d'Afrique de RFI ont eu droit à une série d'éclatants reportages sur l'état d'acceptation et de rejet de la polygamie chez nous en Afrique. Si le présentateur de l'émission a fait un effort de synthèse sans parti pris, il a, d'entrée, relevé que l'Afrique est le dernier bastion de la polygamie. Il a aussi relevé que la modernité et la libération progressive de la gent féminine sonnaient l'heure de la révolte, et que bon nombre d'Etats africains ont déjà aboli cette forme de mariage qu'est la polygamie. Mais pour finir, il a fait remarquer que s'il est vrai que la polygamie est majoritairement désavouée en Afrique, il ne faut surtout pas croire, au regard des multiples “bureaux” qu'entretiennent les hommes, que la monogamie est synonyme de bonheur. Je précise que je ne fais que traduire l'idée et que je ne rapporte pas ses propos  mot à mot.

Je me réjouis de l'intérêt qui est de plus en plus accordé à ce sujet. Le constat général semble être que pour beaucoup de gens, la polygamie a plus d'inconvénients que d'avantages, voire même qu'elle est synonyme d'aliénation de la femme et que, de ce fait, il faudrait voter des lois pour l'abolir partout dans le monde entier. Ce discours est surtout celui des “grands” de ce monde que sont les Occidentaux. Mais regardons de plus près la vie que mènent les Occidentaux ! Très vite, nous comprendrons que s'il est vrai qu'ils ont beaucoup à nous apprendre en matière de sciences et technologie (parce qu'ils s'y investissent plus que nous), en revanche, sur le plan de la morale, ce sont plutôt eux qui doivent nous écouter. C'est bien beau de dénoncer aussi énergiquement les abus avérés de la polygamie, mais posons- nous la question de savoir par quoi ont-ils remplacé la polygamie. Ça se voit ! En lieu et place de la polygamie, ce sont le jeu de cache-cache sexuel, les maîtresses et la prostitution qui ont pris le dessus. Examinons de plus près les conséquences de certaines dérives graves comme le mariage homosexuel, qui est cautionné en Occident ! Examinons également les inconvénients et les souffrances de tous ordres liés à la généralisation du divorce et de la famille monoparentale. Examinons aussi les avantages qu'il y a à mentir à sa femme en lui disant que c'est elle ou rien, de même que les avantages qu'il y a à être le nième “bureau” d'un homme...

Il ne s'agit pas pour moi de polémiquer. Certes, la polygamie est souvent vécue comme une frustration dans notre société africaine. Mais plutôt que de vouloir en profiter pour l'enterrer à jamais, il faut aider ce mode de mariage à jouer pleinement et correctement sa partition dans l'édification de la paix sociale que nous voulons pour nos nations. La solution n'est pas dans le fait de se battre pour discréditer, humilier et dissuader celles et ceux qui choisissent ou qui veulent choisir en âme et conscience ce mode de mariage. Aujourd'hui, c'est le mariage hétérosexuel en général qui pâtit. Allons-nous être tentés de le remplacer par le mariage homosexuel et le vagabondage sexuel ? Non, ce ne serait pas raisonnable de le faire. Il y en a aussi qui se demandent: “Pourquoi pas aussi la polyandrie ?”. S'ils en voient la nécessité, qu'ils argumentent alors pour en convaincre les législateurs. Pour ma part, je note qu’autoriser la polygamie dans un pays ne signifie aucunement obliger les citoyens à s’y engager, et encore moins les empêcher d’en ressortir si l’un ou l’autre des mariés venaient à ne pas y trouver son compte. Je ne dirais pas que la supériorité numérique des femmes peut justifier la polygamie, car même en cas d'infériorité numérique féminine, la polygamie peut  se justifier.

La polygamie, malgré son côté difficile, si elle est moins diabolisée, permet d’amoindrir l’impact négatif de certaines difficultés sociales telles que l’infidélité, le recours à la drogue, à la prostitution masculine comme féminine, à l’homosexualité, etc. Dans ces conditions, la société gagne davantage en quiétude, et les populations ont moins de raisons légitimes de recourir aux pratiques peu recommandables que nous connaissons aujourd’hui. Pour étouffer la polygamie, on la rend responsable de tous les maux. Or, la plupart de ces maux ne sont pas le monopole de la polygamie. Il en existe, les guerres fratricides dans des foyers monogames, ne serait-ce qu’entre enfants légitimes et enfants nés hors mariage ou encore entre enfants nés de mariages successifs. Il en existe aussi, des femmes et enfants maltraités dans les foyers monogames. Des meurtres d’époux et d’épouses existent également dans la monogamie. Par ailleurs, il nous arrive souvent d’insister et d’exhorter au calme lorsque dans la mise en œuvre de certaines solutions, nous sommes confrontés à des réelles difficultés. Plutôt que de reculer, nous sommes alors prêts à investir toute notre énergie et nos finances pour soutenir et promouvoir ces solutions-là, même lorsqu’elles peinent visiblement à montrer leur efficacité. Et pourquoi alors, la polygamie n’a pas droit à cette même attention ? Ou est-ce par principe qu’il faut l’éliminer coûte que coûte ?

Ils sont très nombreux, les hommes et les femmes qui condamnent la polygamie alors que, dans le même temps, ils se livrent à des pratiques malsaines comme la prostitution, le proxénétisme, le “gigolotisme” et le “gnagnitisme”. Bien comprise et mieux exploitée, la polygamie est incontestablement un début de solution pour certains maux comme l’hypocrisie, la malhonnêteté, la drogue et la prostitution. Parlant de la prostitution, je vous invite à réécouter la série Média d’Afrique (RFI) des 29 et 30 août passé. On en déduira peut-être que combattre la polygamie rend beaucoup service à ce “plus vieux métier du monde”, qui n’épargne plus aucune catégorie sociale et qui gagne de plus en plus des adeptes au sein de nos innocents mineurs, de nos internautes, souvent naïfs, de nos valeureux élèves et étudiants, ainsi qu’au sein de nos très respectables célibataires endurcis. Rendons-nous compte qu’en nous acharnant maladroitement sur la polygamie, consciemment ou inconsciemment, nous refusons une alternative acceptable par nos filles, nos sœurs, nos mères, et nous les livrons mains et pieds liés à ces fléaux de notre époque “moderne”, où seule la force de frappe financière compte. Réfléchissons bien et ne refusons pas d’emblée de vivre dans un endroit où il nous arrivera de marcher sur des excréments, pour préférer finalement nous résoudre à vivre en plein milieu des déchets, dans le W.-C.

Je salue la clairvoyance, la sagesse et le courage de nos autorités politiques d’Afrique qui, avec bravoure, ont massivement et majoritairement refusé de fermer cette porte d’accès à la polygamie. Je les invite, ainsi que les forces morales de nos pays, à ne pas faire le choix du suivisme et de l'imitation aveugle. Qu'elles gardent leur bon sens et continuent de dire : “Non au mariage forcé ! Non à l'abolition de la polygamie !”. Sensibilisons les polygames à leurs devoirs et punissons sévèrement ceux d’entre eux qui se livreraient à des abus avérés. Cela suffira bien largement pour le cas de notre chère Afrique.

 

Mohamed Tiendrébéogo

tmohamed73@hotmail.com

L’Observateur Paalga du 5 septembre 2007



05/09/2007
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