L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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La taxe télé est à Supprimer ou à réaménager

Taxe télé

Supprimer ou réaménager

La taxe télé a été décidée, imposée et appliquée par un pouvoir d'exception, il y a plus de deux décennies maintenant. C'est une survivance de l'État d'exception. Elle semble donc aujourd'hui anachronique. Dans de nombreux milieux, elle fait l'objet de discussions âpres. La maintenir ou la supprimer ? Des clans se dégagent pour dire qu'au lieu de la supprimer, il faudrait tout au moins la réaménager.

Dans ce contexte de libéralisme débridé, un libéralisme qui s'est emparé de tous les secteurs de la vie, un libéralisme aussi dans lequel le Burkina a été entraîné de force, la taxe télé, conçue à l'origine avec pour objectif affiché de promouvoir les activités de la "chaîne du plaisir partagé", ne s'explique pas. Le Burkina compte à ce jour de nombreuses structures qui travaillent dans l'audiovisuel. La TNB n'a plus le monopole de l'information audiovisuelle. C'est une flagrante discrimination que de consacrer aujourd'hui les ressources générées par la taxe télé à la seule Télévision nationale du Burkina. C'est violer les règles de la libre concurrence dans ce domaine de l'audiovisuel. En tout état de cause, l'ouverture médiatique que l'on vit dans ce pays montre le caractère injuste de la taxe télé. Cet ajout, aussi modeste soit-il, sur la facture d'électricité des abonnés de la Société nationale burkinabè d'électricité (SONABEL), doit disparaître maintenant, d'autant qu'ils sont de plus en plus nombreux à ne pas être d'accord avec les programmes que leur sert leur télévision. Ou bien il faut la réaménager.

Depuis que la taxe télé a été imposée, aucun établissement, ni la SONABEL sur les factures de laquelle est affichée cette taxe, ni la Télévision nationale du Burkina (TNB) qui bénéficie de ladite taxe, ni aucune autorité n'a daigné faire un bilan sur les ressources créées par la taxe télé depuis sa création et son application. Et comme l'a dit le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Luc Adolphe Tiao : "Il faut que les citoyens sachent où va la taxe télé. " En effet, qu'a-t-on fait, que fait-on aujourd'hui de la taxe télé? Cette demande de bilan est également valable pour le Fonds de solidarité nationale créé à la même époque et par le même régime d'exception, et plus récemment le Fonds d'indemnisation des personnes victimes de la violence en politique. Il faut que s'instaure le principe républicain selon lequel toute autorité qui gère l'argent public, c'est-à-dire l'argent du contribuable, a obligation de rendre des comptes audit contribuable. La bonne gouvernance, ce n'est rien d'autre que cela.

Il faut dire aussi que le fait que cette taxe existe presque partout, mais sous d'autres formes, n'en fait pas pour autant un dogme national. Plutôt que de supprimer la taxe télé dont tout le monde est convaincu de son anachronisme, il faut pencher pour un réaménagement des ressources qu'elle a générées. On peut, dans cette logique, encourager la création d'un fonds pour financer le développement des médias audiovisuels et écrits, publics et privés. Par exemple, un tel fonds pourrait permettre l'envoi par les journaux, radios et télévisions privés des journalistes au Centre de formation professionnelle du ministère de l'information (CFPI) aux fins de formation, de mise à niveau, ou de perfectionnement. Car jusque-là, ce centre accueille des journalistes recrutés par l'État. On y accède par concours, directs ou indirects ou encore professionnels. Un tel fonds devrait servir à la promotion de la presse, en octroyant des bourses de formation à toutes celles et tous ceux qui rêvent d'embrasser un des métiers de la communication. Une partie des ressources du fonds pourrait également servir à l'équipement ou à la modernisation des équipements des structures existantes. Ce ne sont là que des propositions.

Que fait-on de la taxe télé? C'est une question préoccupante et légitime pour tous ceux qui paient cette taxe. Faire le bilan de ce qui a été fait avec l'argent récolté grâce à cette taxe depuis qu'elle existe, est un impératif citoyen. A l'issue de ce bilan, on pourrait décider de réaménager, de réorienter l'utilisation de ses ressources, mais pas avant. Il faudrait éviter à tout prix des décisions précipitées qui peuvent se révéler préjudiciables dans le futur. Depuis sa création, personne n'a jamais rechigné à payer la taxe télé. C'était dans un contexte de régime d'exception. Les Burkinabè disent qu'ils sont aujourd'hui à l'ère d'un État de droit. Il est temps de penser à sa suppression pure et simple ou à son réaménagement.

"Le Fou"

Le Pays du 16 novembre 2007



16/11/2007
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