L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le Burkina et le Fespaco 2007 : La rançon du bricolage

Le Burkina et le Fespaco 2007

La rançon du bricolage

 

La 20e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) n’a pas été celle de nos réalisateurs en compétition officielle dans les catégories (longs-métrages, courts-métrages, section documentaire, TV et vidéo, séries et sitcoms, etc.).

 

En effet, sur près d’une vingtaine d’œuvres cinématographiques toutes catégories confondues présentées par nos Etalons cinéastes, deux seulement, à savoir les séries «Ina» et «Quand les éléphants se battent», respectivement  de Valérie Kaboré et d’Abdoulaye Dao, figurent dans le palmarès officiel 2007.

 

Contrairement à l’édition 2005, au cours de laquelle nos réalisateurs avaient fait montre de leurs mérites et talents, en décrochant de nombreux prix plus ou moins importants, cette fois-ci, la moisson a été tout simplement maigre, voire insignifiante. Certes, les jours se suivent et ne se ressemblent pas, et à la limite, un «tuk-guili» de nos représentants à chaque édition pourrait contrarier à terme la crédibilité et la réputation du festival. Il est vrai qu’il ne faut pas mettre en jeu une coupe si c’est pour la conquérir à toutes les éditions et de fait, le Festival de Cannes, pour prendre l’exemple du plus illustre de tous, n’est pas toujours l’affaire des réalisateurs français.

 

N’empêche, le Burkina Faso, pays de cinéma, ne mérite pas de se retrouver à la queue du palmarès officiel comme au classement du PNUD. Maintenant que les lampions se sont éteints sur la biennale de Ouaga, il est peut-être temps de s’interroger sur cette «déroute» de notre cinéma qui pourtant a toujours regorgé de grands réalisateurs mondialement connus et de comédiens très adulés dans de nombreux pays d'Afrique et d’ailleurs. A ce propos, ce ne sont pas les exemples qui manquent, même si nous nous gardons de citer des noms de peur d’en oublier ou pour ne pas faire de jaloux.

 

Loin d’être sectaire, avouons que depuis quelques années, le monde du 7e art traîne avec lui d’énormes difficultés de toutes sortes à tel point que certaines, jusque-là conjoncturelles, sont devenues structurelles.

 

La preuve, en dépit des soutiens sporadiques de l’Etat à nos réalisateurs, des problèmes d’intendances, par-ci et par-là, ont souvent failli compromettre au dernier moment la participation de films burkinabè au festival, pourtant sélectionnés.

 

Qu’il s’agisse des longs-métrages ou des courts-métrages pour ne citer que ces catégories, les œuvres de nos compatriotes ont été réalisées dans la douleur. Chaque acteur sait où se trouve le problème, car à tous les niveaux de la chaîne, des failles existent. Même si l’argent a toujours été au centre des polémiques des professionnels du cinéma, il reste que nos réalisateurs doivent se donner à fond dans la construction technique et artistique de leurs produits.

 

En effet, que dire de ce film fortement critiqué pour sa mauvaise qualité, dont un profane a même eu le culot d’affirmer qu’il aurait fait mieux !  Il faut plus de sérieux, de professionnalisme dans l’entreprise des réalisateurs qui doivent aussi, qu’on se le dise, trouver de plus en plus par eux-mêmes les ressources pour financer leurs créations car après tout, l’Etat, qui doit  construire des routes, des hôpitaux, lutter contre le chômage, le paludisme ou le Sida, a déjà beaucoup à faire pour se payer le luxe de distraire de l’argent pour du cinéma, fusse pour des raisons de souveraineté politique ou d’image à préserver.

 

Ce n’est d’ailleurs pas si mauvais que, de temps en temps, on ne sélectionne pas des œuvres burkinabè parce que la qualité laisse à désirer. Il revient au festival de défendre chèrement sa réputation.

Sa renommée est à consolider aussi à travers la réorganisation de la couverture médiatique de l’événement par les organes de presse nationaux, en particulier ceux du privé.

 

En effet, c’est un secret de polichinelle que le nombre de badges d’accréditation généralement affecté aux journalistes du privé par les organisateurs de grandes manifestations nationales ne leur permet pas d’accomplir aisément leur travail. Pour le cas de cette édition du Fespaco, l’équipe de l’Observateur accréditée, avec une masse de travail importante à un moment donné, faute d’avoir le don d’ubiquité, a dû se faire épauler par des collègues non badgés qui couraient ainsi le risque de se faire expulser de certains sites officiels.

 

Le Fespaco, pour plus de visibilité, gagnerait à revoir sa copie de ce côté-là. Car quand un quotidien indépendant comme l’Obs. et son pendant culturel l’Observateur Dimanche se  retrouvent avec cinq badges (photographes compris) pendant que les médias de services publics ont parfois 30, 50 voire 100 badges à leur disposition, ça pose problème.

 

Le plus écoeurant d’ailleurs, ce sont ces personnes proprement inutiles, parfois des «spermivores» de classe internationale, qui arborent fièrement ces précieuses accréditations pendant que des journalistes n’en ont pas, ça pose problème et ça crée des frustrations inutiles dont on aurait pu faire l’économie.

 

Cyr Payim Ouédraogo

Source, L’Observateur Paalga du 6 mars 2007



06/03/2007
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