"Le changement est devenu un devoir national"
UNDD
"Le changement est devenu un devoir national"
Tirant leçon des consultations électorales passées, l'Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) appelle les Burkinabè à la résistance afin d'obtenir le changement qualitatif du processus démocratique.
C'est ce qui résulte, entre autres, de la réunion de son bureau exécutif national dont synthèse suit.
Sur convocation de son président, Me H. Yaméogo, le Bureau exécutif national (BEN) s'est retrouvé à son lieu habituel de réunion, à Ouagadougou, le 29 mai 2007 à partir de 18 h 00.
Ordre du jour :
- bilan des élections législatives
- perspectives.
Premier point : bilan des élections législatives du 6 mai 2007
Avant tout, le BEN a remercié les responsables et militants, toutes les personnes de bonne volonté qui, en soutenant le parti, ont validé la pertinence de son combat pour la refondation démocratique.
Il a ensuite relevé les insuffisances du parti pendant la campagne : lacunes dans sa structuration, dans la circulation de l'information, dans la formation politique des responsables et militants, dans la gestion des ressources humaines, dans la modestie des moyens matériels et financiers, dans la discipline qui laisse à désirer de certains membres du parti...
Cependant, le BEN a loué les efforts remarquables consentis par l'UNDD pour suppléer courageusement les effets négatifs de l'acharnement d'Etat dont le parti est l'objet depuis 5 ans. Il a spécialement félicité :
- le succès, reconnu par tous, de son congrès des 10 et 11 février 2007 ;
- le respect des mots d'ordre dudit congrès au sujet notamment des marches de protestation et réunions tournantes du BEN ;
- la tenue régulière des forums de communication alternative, sur des sujets les plus divers (politique et engagement de la jeunesse, causes, gestion et réponses à apporter à la révolte militaire de fin décembre 2006, candidatures indépendantes, réforme de la garde à vue...), qui prouve par ailleurs que le parti est aussi un parti de propositions ;
- la présentation de listes sur l'ensemble du territoire national lors des élections ;
- la bonne tenue des comptes de l'UNDD, comme cela vient encore de se vérifier par le dépôt le 23 mai dernier, de tous les justificatifs de la subvention d'Etat ;
- la saisine du Conseil constitutionnel sur le charcutage électoral. Si la procédure n'a pas abouti comme il fallait s'y attendre, les moyens développés par Me Prosper Farama ont permis de constituer des pièces de plus à la charge de l'accusation de mal gouvernance contre le pouvoir.
Abordant la stratégie électorale, le BEN a salué l'originalité de la campagne de protestation qui a permis avec les audiences patriotiques de juger du degré d'adhésion des populations au changement et de tester positivement la capacité de mobilisation du parti.
Si en dépit de tout, l'UNDD n'a pas eu d'élus, c'est parce qu'il n'était pas dans l'agenda du pouvoir (contrôleur en chef - via la CENI - du fichier électoral) qu'il en ait. C'est parce que ce parti n'est pas accepté dans l'espace politique et qu'il a, placardée sur le dos, une «fatwa». Il doit disparaître et avec lui, la démocratie pluraliste qu'il défend. On a vu venir les choses à de nombreux signes : la déclaration de Djibril Bassolet en date du 19 janvier 2005 parue dans l'Observateur paalga du 19 janvier 2005 dans laquelle il disait : «Si j'en avais la possibilité, j'aurais liquidé l'UNDD» ; le refus d'instaurer le dialogue démocratique tant sur les questions intéressant la vie politique nationale que sur le processus électoral à proprement parler ; la révocation de toutes les avancées obtenues après les événements de Sapouy et qui ont permis une élection pas trop catastrophique en 2002 ; le refus de toute relecture portant sur le code électoral malgré les pressions venant de partis d'opposition, d'ONG et de partenaires.
Ce faisant, le pouvoir laissait en l'état, l'aggravant même, sa surreprésentation dans la CENI ; conservait intact un fichier électoral largement réprouvé avec toute sa force de nuisance électorale ; gardait telle quelle la possibilité de voter avec 5 pièces d'identification en lieu et place d'un document unique et sécurisé ; refusait de régler les perdiems des délégués des bureaux de vote... Cette entreprise de dévitalisation de la démocratie s'est accompagnée de tentatives constantes de démolition de l'opposition vraie et spécialement de l'UNDD, mauvaise
conscience de beaucoup.
La campagne elle-même confirmera ce funeste projet avec la commission d'une multitude d'atteintes au suffrage, et ce, en bonne intelligence avec des démembrements de la CENI et des forces de l'ordre : utilisation massive des moyens de l'Etat lors de cette campagne, transports d'électeurs aux fins de votes multiples, mise à disposition des cartes non retirées (qu'elles concernent des morts, des personnes fictives ou des mineurs) aux partis de la mouvance pour voter au besoin sans pièce d'identité, votation autorisée sans carte d'électeur à des électeurs
ciblés, impression en parallèle de listes, de cartes d'électeurs, pré-votes, urnes-pirates, manipulations sélectives de procès-verbaux...
Devant ce hold-up électoral d'Etat, prémédité et exécuté au vu et au su de tous, aucun parti ne pouvait y faire face dans la légalité, l'Etat étant devenu partisan, militant et surtout, délinquant.
Le BEN est alors revenu sur ses mises en garde exprimées au sortir des municipales, sur le risque de suicide électoral que les partis d'opposition encourraient en allant aux prochaines législatives sans relecture des textes électoraux, et partant sur la déclaration prémonitoire du Groupe d'initiative de l'Opposition, parue dans L'Observateur paalga n°6697 du 7 août 2006, qui prenait les engagements suivants : «Le travail urgent à faire, c'est la relecture du code électoral actuel afin d'une part de repréciser certaines de ses dispositions et d'autre part de combler ses nombreuses lacunes. Ce sera l'occasion de proposer un véritable code électoral... En tout état de cause, l'opposition estime que ce serait courir à son propre suicide que d'accepter de compétir avec l'actuel code électoral... La priorité actuelle de
l'opposition burkinabè est la relecture du code électoral et de la Constitution dans le souci de renforcer le processus démocratique. La mise en place de la nouvelle CENI, plus équitable
et plus fiable, interviendra seulement après ces différentes relectures».
La réunion regrettera d'autant plus, au lendemain de la farce électorale du 6 mai, qu'une fois sonné le coup de gong du renouvellement des membres de la CENI, la plupart des partis du groupe d'initiative, aient oublié cette déclaration. Le front uni pour la relecture des textes enterré, l'union pour le boycott l'était du même coup. le parti ne pouvait boycotter tout seul sauf à être traité de capitulard et voir retourner contre lui ses militants.
C'est pourquoi le BEN a tenu à féliciter la Direction qui, pour éviter le piège, a conçu et mis en oeuvre la stratégie de la campagne de protestation, et laissé le président (qui s'est engagé personnellement au plan intellectuel, physique et financier dans la protestation) adopter les positions symboliques qui furent les siennes : 15e place sur la liste nationale, refus de voter. Si des mauvaises langues critiquent, les gens honnêtes savent que ce n'est pas sa seule voix qui aurait pu faire barrage aux fraudes. Ils savent que l'énervement que suscite sa libre décision (rendue au surplus publique le 6 mai à 20 heures bien après la fermeture des bureaux de vote) ne pouvait pas jouer sur le scrutin ; ils savent enfin que si son choix de ne pas voter était teinté d'un certain mépris, celui-ci n'était pas destiné au peuple mais aux auteurs et complices du sabordage de la démocratie qui sont justement les plus irrités, et pour cause : leur jeu a été découvert et surtout contré.
C'est cette stratégie du parti et de son président et le traitement qu'on a fait subir à l'UNDD, a dit le BEN, qui ont fait échouer le projet de liquidation électorale du parti, le confortant comme une véritable force résistante de l'opposition. Il est donc loin d'avoir perdu au change !
Deuxième point : perspectives
Le BEN, au vu des conditions de déroulement du scrutin, en a conséquemment rejeté les résultats et invité les Burkinabé à en faire autant et à s'engager dans la résistance, la seule voie qui vaille pour obtenir de repenser correctement tout le processus ; remise à plat qui s'entend, selon l'UNDD, de la remise en cause de toutes les élections (présidentielles, municipales, législatives) pour revoir de fond en comble les textes fondateurs de notre démocratie, avant de tenir des élections générales anticipées auxquelles Blaise Compaoré ne participera pas, pour une question d'éthique constitutionnelle.
Le BEN a souligné en particulier qu'il ne serait pas honnête vis-à-vis de la Constitution et du peuple, d'être accommodant avec ces élections les plus arbitraires et les plus déloyales de la IVe République, sous prétexte qu'il faut continuer à donner du temps au temps. Si encore, on pouvait dans les années 90, accepter les balbutiements électoraux, à cause de l'émoussement des réflexes démocratiques, cette fois-ci, accepter le fait accompli sérait de la démission, voire de la complicité, car la preuve est maintenant faite que ce qui intéresse le pouvoir n'est rien d'autre que la construction de sa démocratie ajustée, et il nous jouera alors sa «Comedia dell'Arte», version Blaise Compaoré. Pour le BEN, le changement est devenu un devoir national pour lequel il ne revient pas aux seuls politiques de lutter, mais à tous les Burkinabè, organisés ou non.
Dans un tel contexte, même si le pouvoir en venait (après le forfait consommé) par la suite à vouloir concéder, en grand seigneur, quelques mesures ou quelque dialogue démocratique, ce serait toujours avec l'assurance que les choses finalement se feront en famille, en démocratie fermée, donc dans les limites qu'il aura tracées. Pour le BEN, il faut sortir de ce cercle diabolique et refonder la démocratie avec des gens qui croient vraiment en la démocratie. La campagne a démontré que cette volonté est partagée par le peuple. En attendant de donner des instructions plus spécifiques, le BEN a déjà enjoint les responsables et militants, en dépit des persécutions et des montages qui ne s'arrêteront pas, de garder le cap de la rupture, de continuer d'en appeler aux larges possibilités qu'offre au peuple la Constitution pour lutter contre le détournement de la souveraineté populaire par le pouvoir.
A cet égard, le président du parti a donné l'information qu'un film documentaire sur le parti était quasiment terminé et a invité les membres du BEN à organiser, en relation avec les structures décentralisées, des séances de projection, suivies ou précédées de marches de protestation.
Actualité internationale oblige, la réunion en a appelé à un procès équitable et dans les normes de Charles Taylor, qui donne l'occasion de blanchir le Burkina Faso des accusations graves qui ont pesé sur ses dirigeants, par l'audition de ces derniers ; elle a également souhaité que, comme un tribunal pénal international a été créé pour juger le dossier Rafik Hariri et les autres dossiers d'assassinats, sous la présidence et l'impulsion de Jacques Chirac, il en soit fait de même pour juger le dossier Norbert Zongo et ceux des autres personnes qui ont subi le même sort, sous la présidence et l'entremise de Nicolas Sarkozy.
Après avoir abordé des questions diverses, le BEN a clos ses travaux à 2 1 h 30 mn.
Ouagadougou, le 29 mai 2007
Pour le Bureau exécutif national,
Le Président
Me Hermann Yaméogo
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