L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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le diabète : Difficile à guérir, facile à prévenir

Diabète 

Difficile à guérir, facile à prévenir

 

Pleins feux sur cette grave maladie : les victimes sont toujours plus nombreuses, et de plus en plus jeunes ; victimes d’une information insuffisante, du manque de nourriture saine, des mauvaises habitudes modernes de vie, bref, de facteurs de risque pour la plupart évitables.


Le diabète est fils d’une double ignorance. Première ignorance : une personne peut être diabétique, ou pré-diabétique, sans le savoir. Faiblesse inhabituelle, envie plus fréquente d’uriner, baisse brutale et transitoire de la vision, infections à répétition… Elle peut négliger ces manifestations, qui passeront inaperçues durant des années. C’est ici que le dépistage peut être salvateur. Des analyses de sang très simples permettront de donner un nom à ce trouble de santé qui se présente rarement sans des comparses : surpoids, hypertension, "mauvais" cholestérol… Des millions de diabétiques s’ignorent, et risquent, si rien ne change dans leur vie, jusqu’aux effets les plus terribles de la maladie à un stade avancé : insuffisance rénale, dommages nerveux, affections cardiaques, accidents cérébraux, amputations, cécité. Ces effets peuvent toucher le plus tragiquement les populations défavorisées du Tiers et du Quart monde.

La seconde ignorance est celle des facteurs de risque. Ceux-ci sont connus, mais encore peu accessibles au plus grand nombre, faute de relais, de campagnes organisées par les responsables médicaux et de moyens suffisants, y compris dans les pays riches. Ces moyens ne concernent pas, d’abord, des médicaments coûteux ou des appareils sophistiqués (sauf pour les stades avancés de la maladie), mais une alimentation équilibrée et saine, ainsi qu’une bonne hygiène de vie. Puisque, ainsi que le notent l’OMS et la Fédération internationale du diabète (1), les principaux facteurs de risque du diabète 2 sont "comportementaux", à savoir : mode de vie sédentaire, alimentation hypercalorique riche en sucre, en sel et en graisses saturées mais pauvre en fruits et légumes, obésité, consommation excessive d’alcool, tabagisme. Le stress majore les risques.

 

Vie et mort "à l’occidentale"

 

Si des généticiens cherchent, dans le domaine qui est le leur, des « gènes de la diabésité » ou des mutations de certains chromosomes qui pourraient, dans une minorité de cas, prédisposer à une plus grande résistance à l’insuline, l’épidémiologie et la physiologie sont quant à elles très éclairantes pour cette pathologie. L’épidémiologie montre que, dans les pays du Sud, on constate qu’à mesure que des tranches importantes de la population adoptent une alimentation et un mode de vie "à l’occidentale", l’incidence de la maladie, tant de type 1 que de type 2, augmente. Tout comme dans les pays du Nord.

Une étude portant sur 85 000 infirmières nord-américaines durant seize ans a montré que neuf fois sur dix, le diabète 2 était dû à cinq facteurs : nutrition malsaine, manque d’exercice physique, surpoids, alcool et tabac. On sait aussi que la maladie est plus fréquente en ville qu’à la campagne. Quant à la physiologie, elle décrit par le menu sa progression dans l’organisme au cours des ans : troubles passagers mais répétitifs de la glycémie, résistance accrue des récepteurs à insuline dans les cellules (due pour beaucoup à la consommation de graisses de mauvaise qualité qui rigidifient les membranes de ces cellules), augmentation chronique du "sucre" dans le sang, baisse de production d’insuline par le pancréas.

 

Enfants et adolescents touchés

 

"Le plus inquiétant, c’est que le diabète 2, naguère dit de la maturité, commence maintenant à toucher des adolescents et même des enfants", soulignent les spécialistes de l’Ecole publique de santé de Harvard, aux Etats-Unis (2). Les études scientifiques les plus récentes montrent que l’obésité à l’adolescence accroît non seulement le risque d’affections cardiovasculaires et de diabète, mais aussi, en conséquence, de mort prématurée à l’âge adulte. Elles montrent aussi que la résistance à l’insuline, mesurée dès l’adolescence, peut être à elle seule un marqueur de risque accru de ces deux maladies. On sait aussi qu’il existe une relation entre la résistance à l’insuline et la stéatose hépatique (le "foie gras" chez les humains), et que des millions de jeunes nord-américains – et probablement de jeunes ailleurs dans le monde – souffrent déjà de stéatose hépatique. Or le foie est l’organe qui gère, entre autres, le cholestérol et le glucose. Une étude publiée dans le journal Pediatrics montre qu’un Nord-Américain sur dix, dans la tranche d’âge de 2-19 ans, a déjà un "foie gras", donc qui risque de mal fonctionner : "5% des enfants ayant un poids normal en souffrent, 16 % des enfants en surpoids, 38% des enfants obèses. Le taux augmente avec l’âge (…) Etant donné le nombre d’enfants et d’adolescents déjà touchés, concluent les chercheurs, il est impératif d’étudier les interactions de la stéatose avec des maladies comme le diabète 2 et les affections cardiovasculaires."

En fait, tous les dysfonctionnements organiques et cellulaires qui concourent au diabète et aux maladies cardiovasculaires se conjuguent pour aggraver un tableau que l’on nomme syndrome métabolique. Et tous sont sensibles à la même prévention. "La bonne nouvelle, soulignent encore une fois les experts de Harvard, c’est que neuf fois sur dix on peut prévenir le diabète 2 par des mesures très simples d’hygiène de vie." Et même en cas de prise obligatoire d’insuline, ces mesures restent indispensables afin d’en limiter la quantité, d’en améliorer l’assimilation et de prévenir les terribles effets possibles de la maladie.

 

Henriette Sarraseca (MFI)

 

Afrique : alerte rouge !

 

"Dans la région africaine, note-t-on à l’OMS, l’incidence du diabète est en augmentation. Elle est manifestement liée à l’épidémie d’obésité, à la mauvaise alimentation et à l’insuffisance d’exercice physique. A l’île Maurice, le taux de prévalence du diabète a atteint 23% chez les sujets d’âge moyen. Cela doit être considéré comme un signal d’alarme en ce qui concerne l’évolution des facteurs de risque liés aux modes de vie en Afrique."

Déjà, une vingtaine de pays africains comptent plus de 100 000 diabétiques, et certains dépassent le million. Les pays les plus touchés sont (chiffres de l’OMS pour l’an 2000) : l’Egypte (2,6 millions), le Nigeria (1,7 million), l’Afrique du Sud (814 000) et l’Ethiopie (796 000). Plusieurs pays en comptent plus d’un quart de million : l’Algérie (426 000), le Ghana (302 000), le Congo (291 000) et la Côte d’Ivoire (264 000). En Afrique francophone, le Sénégal, le Mali ou le Burkina ont également des taux importants.

Mais la situation pourrait être encore bien plus grave que cela : la Tunisie, par exemple, qui compterait 166 000 cas selon l’OMS, en a 500 000 déclarés (diabètes 1 et 2), tandis que pour le Maroc les chiffres sont de 427 000 (OMS) et de 2,5 millions selon une étude du ministère marocain de la Santé.

 

Petit précis de prévention du diabète

 

Une revue des dernières études scientifiques confirme qu’un ensemble de mesures simples permettent, dans la grande majorité des cas, d’éviter le diabète 2 :



* Perdre du poids : 5 à 10% de poids en moins peuvent suffire. La perte de poids est "le facteur-clé", soulignent les experts du Diabetes Prevention Program nord-américain.

 

* Faire un minimum d’exercice physique : une demi-heure de marche par jour. Mais la promenade indolente ne suffit pas, il faut marcher d’un bon pas. Et, contrairement à certains médicaments antidiabétiques, l’exercice physique n’entraîne pas de prise de poids.

 

* Manger sainement : il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’adopter un quelconque régime mais de saines habitudes alimentaires. Eliminer ou diminuer fortement le sucre blanc, les farines et céréales raffinées (pain blanc, riz blanc, etc.), les tubercules à « haut index glycémique » (purée de pommes de terre, frites, etc.), les huiles industrielles et autres graisses hydrogénées, "trans" et surchauffées, la plupart des produits laitiers.

 

Augmenter fortement les aliments à "index glycémique bas", c’est-à-dire complets, tels que la nature les propose aux humains depuis des millénaires : légumes de toutes sortes, légumes secs (lentilles, haricots, pois chiches, fèves…), céréales complètes (sans pesticides !), quelques fruits cueillis mûrs (sans pesticides !), noix et graines oléagineuses (ni grillées, ni salées !), un peu de poisson gras ou des œufs ou des viandes plutôt maigres. Cette nutrition est riche en fibres, qui en outre "balaient" le cholestérol, en vitamines et minéraux protecteurs vasculaires et même de certains cancers.

 

* Apprendre à gérer le stress en excès.

 

Pour résumer : rester mince, actif et si possible calme !

H. S.

Le Pays du 8 août 2007



08/08/2007
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