Le rendez-vous manqué des islamistes
Législatives marocaines
Le rendez-vous manqué des islamistes
Alors qu'en Sierra Leone le dépouillement des bulletins du deuxième tour de l'élection présidentielle de ce samedi 8 septembre se déroule encore sous haute tension, après une dizaine d'années de trêve, les Guatémaltèques, qui, eux aussi, étaient invités aux urnes hier dimanche ont, pour leur part, préféré prendre un abonnement par la violence.
Dans l'attente donc que demain nous décline l'identité des bienheureux élus à la tête de ces deux pays, ce sont les élections législatives du vendredi 7 septembre au Maroc qui retiennent l'attention de l'observateur de la scène politique : ces consultations sont, en effet, les deuxièmes sous le règne de Mohamed VI, et s'annonçaient sous de bons auspices pour le principal parti islamiste légal du royaume chérifien, dont plus d'un pronostiquaient une victoire éclatante.
Hélas, même encore provisoires, les résultats des urnes sont en faveur de l'Istiqlal, le plus ancien parti du royaume, qui conforte sa position politique avec 52 sièges, contre 47 au Parti de la justice et du développement (PJD, islamistes modérés), 43 au Mouvement populaire (libéral conservateur), 38 au Rassemblement national des indépendants (RNI) et, enfin, 36 à l'Union socialiste des forces populaires (USFP).
Si ces résultats venaient à être confirmés, les islamistes, bien que modérés, perdraient toute chance d'être les préférés de l'électorat et de diriger le nouveau gouvernement, qui se dessine déjà.
Car, bien que classés respectivement 3e, 4e et 5e, le Mouvement populaire, le Rassemblement national des indépendants et l'Union socialiste des forces populaires ne se feraient pas prier pour former avec l'Istiqlal la majorité à la Chambre des représentants. On le voit donc, le thème de la lutte contre la corruption, sur lequel les islamistes battaient campagne n'a pas suffi à convaincre l'électorat.
Mais bien qu'ils doivent revoir leurs ambitions à la baisse et envisager leur victoire dans les années à venir, Saad Eddine el-Othmani, leader du PJD, et les siens tentent d'expliquer leur défaite par le fait de "l'argent sale, qui a coulé à flots dans le système", et "les fraudes". Une explication que les observateurs internationaux atténuent, parlant, eux, "d'irrégularités isolées" malgré le bon ordre du scrutin.
Mais peut-être ont-ils raison, les islamistes, puisque de nombreux électeurs, à en croire les observateurs, semblaient préoccupés par la corruption et la pauvreté que par la religion et le scrutin.
En témoigne le faible taux de participation : 37%, le plus bas de l'histoire du royaume.
En dépit des réformes multiformes entamées par Mohamed VI depuis son accession au trône en 1999, ce n'est pas aujourd'hui qu'on réécrira l'histoire du Maroc, vu que l'héritier d'Hassane II veille à conserver ses pouvoirs politiques et religieux.
C'est tout dire.
Après la voix des urnes, les Marocains attendent maintenant celle du souverain chérifien, qui désignera un nouveau Premier ministre.
Le tsunami politique tant annoncé ne s'est pas produit, mais ce n'est pas pour autant que le roi ne va pas renforcer son emprise et son assise sur cette exception musulmane.
Bernard Zangré
L’Observateur Paalga du 10 septembre 2007
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