L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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L’eau se fait rare à Ouahigouya

Yatenga

L’eau se fait rare à Ouahigouya


Si tourner le robinet pour avoir l’eau est un geste courant et banal dans certaines localités du Burkina, tel n’est pas le cas à Ouahigouya. Depuis le mois de mars, l’eau est devenue une denrée rare. Cette pénurie se manifeste avec acuité, à travers des coupures intempestives d’eau dans les fontaines et dans les robinets des ménages. Les revendeurs renchérissent le prix de la barrique, les femmes passent des nuits blanches à la quête du liquide précieux. L’approvisionnement en eau potable reste un parcours de combattant. Focus sur une situation devenue préoccupante. pour l’ONEA et les consommateurs.


La pénurie d’eau est devenue un train- train quotidien dans la commune de Ouahigouya. La situation dure depuis quelques années. A partir du mois de mars, l’eau devient une denrée rare aussi bien chez les abonnés de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) que dans les fontaines de la ville. La population souffre énormément à la recherche de "l’or bleu". Les secteurs les plus touchés sont ceux situés en élévation. Il s’agit des secteurs n° 1,2,3,4 et une partie du 13. Dans la nuit du 14 mai dernier, aux environs de 23h00, nous avons fait un tour dans une vingtaine de fontaines dans la ville.

La situation est très critique, d’autant plus que le barrage de Kanazoé qui ravitaillait toute la commune a tari depuis la mi- mars. Malgré quelques fines pluies qui ont arrosé les périphéries de Ouahigouya, les coupures d’eau sont récurrentes. Il faut sacrifier le sommeil et veiller aux abords des robinets pour avoir de l’eau. Certains usagers se déplacent dans les secteurs 8, 9, 10,12, 13 pour se procurer de l’eau grâce aux puits de ménages. "Cela fait deux jours que je n’ai même pas eu un seau d’eau pour préparer, ni pour me laver. Je passe toute la nuit au robinet en espérant avoir un peu d'eau. La barrique coûte cher. Avant, c’était 150 F, maintenant, c’est 500F. Même si l’eau parvient au niveau de la fontaine, ce sont ceux qui ont la force qui en bénéficient. La pénurie va tuer les gens cette année", a déploré une femme rencontrée aux environs de 0 heure au secteur n° 3, la soixantaine bien sonnée.

Le problème crucial d’eau cette année est dû, d’une part, au tarissement des barrages très tôt et, d’autre part, à l’insuffisance des fontaines dans une ville comme Ouahigouya. Un gérant d’une borne-fontaine au secteur n° 4 affiche son désarroi : "Depuis 4 jours, si j’ouvre le robinet, je ne peux même pas servir trois barriques et ça se coupe. De nombreux revendeurs et consommateurs se plaignent et nous accusent mais ce n’est pas notre faute ; il faut que l’ONEA approvisionne les bornes- fontaines. Je suis là 24h/24h. C’est des disputes entre les gens ; d’autres se frappent ».

Comme solutions à cette situation, certains proposent de construire un grand barrage comme celui de Ziga, d’augmenter le nombre de bornes-fontaines dans les secteurs, de désensabler les barrages de Kanazoé et de Goinfré. Tel est le souhait de Salifou Kiemdé venu pour chercher l’eau à la fontaine au secteur 4 où les gens veillent pour avoir l’indispensable liquide. Cheick Kinda embouche la même trompette : "Depuis le matin, je ne peux avoir que deux ou trois barriques. Le barrage a tari, il faut revoir ce barrage. Mes clients se plaignent. On ne peut plus gagner l’argent". Les gérants des bornes-fontaines soutiennent que la situation ne leur profite guère car elle aura des incidences financières sur les factures d’eau. "Nous n’avons pas suffisamment d’eau pour servir les clients ; depuis l’ouverture jusqu'à 14 h, ça coupe et ça revient, on ne gagne rien. C’est la bagarre entre les consommateurs. Nous interpellons le ministre en charge de l’eau et sa suite à travailler plus pour Ouahigouya", a lancé l’un des gérants au secteur n° 2.


Le secteur n°1 visiblement le plus touché


Au secteur n°1 situé un peu en hauteur, la question de l’eau est un casse-tête. C’est la croix et la bannière pour les résidents. "La solution est claire, il faut se déplacer dans d’autres secteurs afin de ne pas passer toute une journée de calvaire. Un bidon de 20 litres peut te faire attendre une journée à la fontaine", raconte Zakaria Ouédraogo, un résident dudit secteur.

D’autres préfèrent s’approvisionner à l’eau de pompe. Là aussi, on n’est pas épargné des longues files de bidons et de barriques. Et un fonctionnaire résident d’interpeller les décideurs : "Je sais que la situation géographique de Ouahigouya compte mais cela n’est pas la raison. Les Ouagalais vivaient une situation pareille qui a trouvé une solution ; pourquoi pas Ouahigouya. J’interpelle le maire de la commune, à bien vouloir transmettre à son commissaire régional de campagne CDP, qui a passé le temps à nous promettre pendant la campagne électorale écoulée. Ils sont sortis victorieux, nous les attendons fermement ».

Dans les ménages, c’est la désolation ; point de liquide vital dans la tuyauterie de l’ONEA. Minata Ouédraogo, résidente au secteur n°1, une abonnée de l’ONEA, ne sait plus à quel saint se vouer : « Il y a des périodes où quand tu ouvres le robinet, l’eau coule et quelque temps après elle se coupe. Il faut poser une barrique et surveiller de près. Parfois, tu peux avoir 2 à 3 seaux ; on garde l’espoir en croyant qu’il va pleuvoir d’ici là »


Des solutions à cette pénurie d’eau


Depuis le 15 mai dernier, un communiqué de la Direction régionale de l’ONEA/Ouahigouya diffusé par une des radios de la place recommande la fermeture des bornes-fontaines de 6h du matin à 14 h 00. Bocar Koudbi Zongo, Chef du centre de regroupement de Ouahigouya, explique :"Cette année, la pénurie est préoccupante dans la ville de Ouahigouya parce que depuis fin février, le barrage de Kanazoé a tari, et est rempli de terre. Les secteurs 1, 2,3, 4 sont situés en haute altitude ; le niveau étant élevé, le système de distribution est communicant. Le barrage de Goinré, réservé au périmètre irrigué, a pris le relais juste en fin avril. Mais depuis le début du mois de mai le problème est récurrent puisqu’il n’ y a plus d’eau. Nous avons mis un système de fermeture de fontaine de 6 h à 14 h pour servir un tout petit peu les abonnés et la mesure a porté. L’espoir peut renaître si l'on parvient à réaliser les deux forages prévus. On poursuit également la réalisation du barrage de Guiti, localité située à 40km de Ouahigouya, où l’étude a été déjà menée sur le site et les bailleurs de fonds sont prêts à financer. Si la pluviométrie s’avère bonne et les barrages nous tiennent jusqu'en fin mai, la situation que nous vivons pourra être évitée."



Par Adama SINARE

Le  Pays du 28 mai 2007



28/05/2007
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