L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Les chanceux s'impatientent et les autochtones dénoncent

Relais cité  de Bassinko

Les chanceux s'impatientent et les autochtones dénoncent

 

Les souscripteurs chanceux au projet relais cité de Bassinko trépignent d'impatience d'identifier leurs parcelles et de les viabiliser. Mais pour les autochtones qui sont priés de quitter les lieux pour la trame d'accueil, où certains n'ont pas leur lopin de terre, c'est tout simplement le désarroi. Ce sentiment d'abattement, nous l'avons constaté au contact de la population le vendredi 1er mars  2007. De leur côté, les autorités communales et les responsabls des Projets s'attellent à débloquer la situation.

 

Bassinko est une localité située à une dizaine de kilomètres au sortir de Ouagadougou par le nord. L'urbanisation galopante obligeant, ce village qui relève de la commune de Sig-Noghin a été couvert par deux (2) opérations de lotissement : l'une conduite par la mairie et l'autre, par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme dans le cadre du projet cité relais. Cette dernière cristallise la colère des autochtones.

 

Ceux-ci s'opposent aux opérations d'identification des parcelles des heureux souscripteurs pour bien de raisons : "Nous voici comme des naufragés en pleine mer ; parmi nous, il y a des personnes du troisième âge, des veuves et des jeunes ayant au moins 20 ans ; ils nous disent de quitter la terre où reposent nos grands-parents, sans nous trouver une terre d'accueil, sous prétexte qu'on n'avait pas de maison en 2002 pendant le recensement. C'est connu, dans un village, une maison abrite plusieurs personnes", nous explique le vieux Ousmane Kouama avec beaucoup d'amertume.

 

Selon Omar Ouédraogo, un habitant de Bassinko, il y a eu beaucoup de promesses pendant le recensement d'il y a 5 ans, qui ont fait que toute la population a adhéré au projet relais cité : il s'agit, entre autres de : le réexamen de la situation des jeunes qui, aujourd'hui, ont plus de vingt (20) ans ; la prise en compte des femmes et des veuves et le dédommagement des habitants pour qu'ils puissent construire leurs nouvelles  demeures.

 

"Bassinko était un seul village ; aujourd'hui, une moitié, est satisfaite et l'autre moitié, qui concerne la cité relais, n'a pas eu les mêmes faveurs pendant ce temps, les souscripteurs disent que nous avons été dédommagés, nous demandons à l'Etat de nous aider". De toutes les interventions, celle qui a le plus marqué les esprits est venue du vieux Gounwendmanego Zongo : "Si la pluie me bat deux fois, que serais-je ? Un double malheur nous frappe, nous n'avons ni nourriture ni maison alors que ceux qui sont comme moi sont en train de partir de ce bas monde. Sauvez-nous, car nous ne méritons pas ça", dit-il d'une voix pathétique et les yeux  embués de larmes. 

 

Tous les intervenants pointent du doigt les autorités de l'habitat et de l'urbanisme, qui n'auraient pas bien fait leur travail contrairement à la mairie, qui, au grand bonheur de la seconde moitié de Bassinko, a bien travaillé. Selon eux, il n'y a eu que 354 personnes attributaires de parcelles, ce qui laisse près de 300 personnes dans la consternation générale alors que le relais cité s'étend  sur 5 km.

 

A la Direction générale de l'urbanisme et de l'habitat, c'est un autre son de cloche qui nous a été servi le vendredi 2 mars 2007. Nous y avons été reçus par le Directeur général de l'Urbanisme et des Travaux fonciers, Arabouri Barry, entouré de deux de ses techniciens, à savoir le Directeur d'appui aux collectivités locales (DACL) et le géographe Ousséni Zoromé.

 

Pour le premier cité, tous ceux qui ont été recensés et qui avaient l'âge d'avoir une parcelle ont été satisfaits, ce qui a permis au projet d'être exécuté jusqu'à la phase d'identification sans enregistrer de protestation quelconque. Selon lui, le mouvement d'humeur est incompréhensible. A en croire Karim Ilboudo, le relais cité de Bassinko, à l'image des autres, n'a pas prévu des dédommagements. Toutefois, il est prévu, outre les parcelles, l'accès à l'eau et à l'électricité aux frais du projet. Ces commodités coûteraient, selon lui, à la trame d'accueil et au relais cité 1,2 milliard de nos francs. Pour eux, les raisons de ces manifestations sont  ailleurs.

 

Le maire de Sig-Noghin, Pascal Ouédraogo, que nous avons rencontré le 6 mars 2007 ne pense pas le contraire. Selon lui, à l'approche des élections, il y en a qui veulent créer des problèmes là où il ne faut pas. A l'en croire, un terrain d'entente a déjà été trouvé, et pour voir les modalités pratiques de résolution du problème, le maire et une équipe de l'urbanisme ont bougé sous nos yeux en direction de Bassinko.

Vivement que la quiétude y règne, car il ne faut pas enterrer un mort et laisser ses pieds dehors.

 

Abdou Karim Sawadogo

Source, L'Observateur Paalga du 7 mars 2007



07/03/2007
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