Les enseignants en insécurité
Education
Les enseignants en insécurité
Lors de la mission conjointe de supervision des écoles construites dans le cadre du projet BRIGHT (Burkinabè Response to Improve Girls's Chance to succeed), avec l'appui du gouvernement des Etats-Unis, à l'Est du Burkina, nous étions ravis de constater le bon fonctionnement des écoles et l'implication de la population dans la gestion des écoles. Nous signalons aussi l'engagement et le courage de ces braves enseignants qui, contre vents et marées parcourent des kilomètres et des kilomètres pour rejoindre leur poste. Ils contribuent d'une manière ou d'une autre à la promotion de l'éducation au Burkina. Mais à quel prix? A l'Est, nous avons fait l'amer constat de l'insécurité grandissante que vivent ces enseignantes et enseignants.
Jeudi 28 février. Nous accompagnions une mission du ministère de l'Enseignement de base et de l'Alphabétisation qui était à Kantchari, plus précisément dans le village de Moadagou, où elle s'est entretenue avec la directrice, Tankouano Mireille environ 30 ans. Il semble qu'elle est l'une des meilleures enseignantes affectées dans cette localité. Dans son école, l'expression et le comportement de ses élèves disent long sur le travail qu'elle réalise auprès d'eux.
Vendredi 29 février, au matin, nous apprenons que la jeune enseignante se trouve à l'hôpital de Fada, blessée a l'épaule, d'une balle tirée sur un véhicule dans lequel elle avait pris place pour Diapaga. Elle s'y rendait, comme d'habitude pour toucher son salaire. Le véhicule a été criblé de balles par des «coupeurs de route» à 6 heures du matin, à
A l'hôpital de Fada où nous sommes allés voir Tankoano Mireille, elle avait le sourire, similaire à celui dont parle le chanteur Floby dans sa chanson « un sourire qui ne vient plus du rire ». Avec ce sourire jaune, la brave enseignante nous a relaté le récit cruel d'une attaque de coupeurs de route, tout en ajoutant: «C'est Dieu qui m'a sauvée de cette atrocité vulgaire».
Que dira t-on aussi de ces deux enseignants de Bartiébougou et un de Bomoana, tous de la province de Komandjari, qui, en revenant de Gayeri, ont été hachés et dépouillés par les «coupeurs de route» aux environs de 19 heures, il y a à peine un mois, nous a confié la directrice de l'école de Nianfombouga. Miraculeusement ils s'en sont sortis vivants. Il semble que ces atrocités, les enseignants les vivent au quotidien à l'est du pays. Ils se déplacent chaque jour avec la peur au ventre. Ils sont à la merci d'hommes déguisés en militaires. Combien sont -ils, ces enseignants, et tous ces voyageurs qui vivent cette atrocité? Même en y pensant, à la veille de leur paie mensuelle, quel est le sentiment qui habite tous ces braves travailleurs qui s'accoutument tant bien que mal des réalités dans nos contrées profondes? Qu' y a-t-il comme solution pour donner de la quiétude à toutes ces personnes, à tous ces enseignants qui sont chargés de former nos citoyens?
Diakité Mamadou, stagiaire en communication.
Diakité Mamadou, stagiaire en communication
Le Pays du 3 avril 2008
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