Les tuiles s’amoncellent sur la tête de l’ex-PM du Niger
Niger
Les tuiles s’amoncellent sur la tête de l’ex-PM
Pas de doute ! Au Niger, c’est une affaire d’Etat. Tout le pays bruit des ennuis judiciaires de l’ex-PM, Hama Amadou. Et, très attendues, les délibérations de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale chargée de se pencher sur la question de la mise en accusation de l’ex-PM et président du parti au pouvoir, le MNSD-Nassara, l’étaient à plus d’un titre.
Ainsi, les contempteurs et autres opposants politiques de l’ex-directeur de cabinet du président Seyni Kountché n’ont pas été déçus : ils sont en train d’avoir, doucement mais sûrement, la peau d’Hama Amadou, leur ennemi juré. En effet, à la majorité absolue, l’auguste Assemblée a donné son quitus pour la levée de l’immunité de l’ex-chef du gouvernement. Ainsi, dans les tout prochains jours, l’ex-PM, dépouillé de tous ses oripeaux d’homme d’Etat, devra comparaître devant la Haute cour de justice pour le détournement d’une somme de 100 millions de nos francs, destinés à soutenir la presse nigérienne.
Rejetant du revers de la main ces accusations, l’illustre accusé soutiendra mordicus que la somme querellée avait été mise à sa disposition "à la demande du président de la République pour faire du lobbying auprès de la presse nationale et internationale" ; et que toutes les pièces justifiant les dépenses avaient été fournies à qui de droit en son temps. Pour mémoire, disons que les fonds d’aide à la presse, bien que régulièrement inscrits dans la loi des finances depuis 2000, n’avaient jamais été répartis entre les médias nigériens.
Et il a fallu attendre juin 2007 pour que ces médias bénéficient d’une enveloppe de 80 millions de FCFA, répartie entre seize journaux et 20 radios et télévisions, tous indépendants. Mais tout cela ne semble être qu’un prétexte pour noyer le poisson dans l’eau, car, pour Hama Amadou, le gouvernement cherche à tout prix à le liquider en tant que candidat potentiel à la prochaine présidentielle.
Et si c’est vraiment ça l’objectif ultime de ses contempteurs, force est de reconnaître qu’ils sont en train de l’atteindre, car, après la notion de censure qui l’a déchu de son titre de chef du gouvernement en mai 2007, le voilà aujourd’hui à la merci de la Haute cour de justice.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Hama Amadou, qui a été ainsi jeté en pâture, risque de ne pas s’en tirer à si bons comptes. Et finies alors ses prétentions pour la prochaine présidentielle ! En effet, longtemps considéré comme l’homme de confiance du président Tandja, dont il fut le dauphin naturel, l’ex-PM nigérien semble de nos jours devenu l’homme à abattre pour son mentor d’hier.
Lors d’un point de presse tenu le 31 mai dernier à son domicile privé de Niamey, le "pestiféré" a, sans le nommer implicitement, imputé ses ennuis politiques et judiciaires au président Tandja. C’est dire que la crise, jadis sourde, est désormais ouverte entre les deux hommes.
Et tout semble donner raison à l’ex-PM, car l’homme fort du Niger ne serait pas tout à faire neutre dans cette affaire. Il pourrait en être même le principal commanditaire. Et si tel est le cas, bien de questions méritent d’être posées.
En contribuant ainsi à mettre hors-jeu Hama Amadou, Tandja veut-il lui aussi, à l’instar de ses illustres devanciers africains, procéder à une modification de la Constitution pour se remettre en selle, après ce mandat, finissant ? Ou aurait-il un autre joker dans ses boubous pour la présidentielle 2009 ? Véritablement, pour le moment, rien, absolument rien ne nous autorise à dire que le président nigérien veut s’éterniser au pouvoir. Mais sait-on jamais !
Boureima Diallo
L’Observateur Paalga du 25 juin 2008
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