L’indiscipliné de la caserne Bush
Lieutenant Ehren Watada
L’indiscipliné de la caserne Bush
«C’est le devoir, l’obligation de tout soldat, et spécialement des officiers, d’évaluer la légalité, la vérité au-delà de tout ordre, y compris celui d’aller en guerre. En lisant la quantité de mensonges que l’administration Bush a utilisées pour déclencher et mener cette guerre, j’ai été choqué. Si le président peut trahir ma confiance, il est temps pour moi de réexaminer ce qu’il me demande de faire».
Ces déclarations sont d’Ehren Watada, lieutenant de l’armée américaine. Il avait catégoriquement refusé, en juin 2006, de partir combattre avec son unité en Irak, car pour lui, cette guerre est illégale. Une attitude que la Cour martiale entend sanctionner.
Ainsi, le lieutenant Watada comparait, depuis mardi dernier, devant le tribunal militaire, dans la base de Fort Lewis (Etat de Washington), sous deux chefs d’accusation : son refus d’aller en guerre en Irak et l'expression publique de son objection de conscience (lors de diverses conférences de presse). Ses déclarations ont été qualifiées de «comportement impropre à un officier».
Mais, pour le jeune officier de 28 ans, la présence des militaires yankees en Irak est illégale, puisque la raison invoquée par Bush pour envahir ce pays s’est révélée fausse, aucune arme de destruction massive n’y ayant été découverte. En le poursuivant devant les tribunaux, l’armée insiste sur le fait qu’un soldat se doit de respecter la chaîne de commandement et ne peut choisir sa guerre. Car, l’officier, pour qui le conflit en Irak est illégal, s’est dit prêt à aller combattre en Afghanistan.
A la barre, Ehren Watada a opté de plaider non coupable. Mais ce serait un miracle s’il parvenait à obtenir un acquittement devant la Cour martiale. C’est vrai qu’il a le soutien d’une frange des Américains et l’appui d’une grande partie de l’opinion publique internationale, mais ça ne fait pas le poids devant une juridiction militaire. Il apparaît comme un martyr, car ayant le soutien des gens, mais nullement le droit avec lui.
C’est une fausse bagarre que Watada a engagée contre l’administration Bush, car, en intégrant l’armée, en 2003, on lui a forcément inculqué que la discipline fait la force de toute armée et qu’il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnés une soumission et une obéissance en tout temps et en tout lieu.
Et puis, entre nous, depuis quand un militaire juge-t-il de la légalité ou de l’illégalité d’une mission qu’on lui confie ? On croirait vraiment rêver, tant les manières de l'armée, certes nobles mais en déphasage complet avec les us et coutumes, semblent relever du songe. Et si véritablement, chaque soldat, dans l'accomplissement de ses devoirs, devait choisir sa guerre, l’armée ne serait plus que juste bonne pour la poubelle. Une armée truffée d’objecteurs de conscience ne saurait être efficace. Depuis la nuit des temps, dans l’armée, il semble que ce soit après avoir obéi aux ordres qu’on demande à comprendre leur bien-fondé.
En agissant ainsi, Watada, qui est un officier, ne l’oublions pas, contribue à démoraliser les troupes. Ce simple fait est déjà punissable de la manière la plus sévère qui soit. En outre, son comportement est susceptible d’inciter ses autres frères d’armes à la sédition, ce qui peut être de nature à exhorter les djihadistes qui sévissent en Irak à se donner bonne conscience pour tirer sur les GI’S comme des lapins.
Quoi qu’on dise, ce procès repose de façon cruciale l’illégalité de cette guerre, qui a déjà coûté la vie à plus de trois milliers de soldats américains. Mais, ce n’est pas encore assez pour George Bush, «le téméraire et l’incorrigible» qui, comme nous l’écrivions dans cette même rubrique le 12 janvier 2007, plutôt que d’arrêter un calendrier de retrait de ses troupes, a opté d’envoyer un renfort de quelque 21 000 hommes à Bagdad.
Une aventure ruineuse, qui coûte aux contribuables américains près de 55 000 milliards FCFA par an. De quoi financer 13 fois le Programme économique régional (PER), dont l’exécution devrait permettre le développement des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA) ou envoyer la quasi-totalité des petits Africains à l’école, en les mettant, une fois pour toutes, dans d’agréables conditions d’études.
Mais, le mari de Laura n’en a cure, lui qui, même dans une situation d’enlisement, refuse de désarmer, tel un joueur de poker en perdition. Sa témérité ne finit pas de faire des pères, des maris et des sœurs éplorés au pays de l’Oncle Sam.
San Evariste Barro
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