Maldonne ou publicité mensongère ?
Humeur
"Ne comptez plus, parlez !"
Maldonne ou publicité mensongère ?
L'auteur de ces lignes en a gros sur le cœur à propos de ce qu'il considère comme une publicité mensongère faite par une société de téléphonie mobile sur sa facturation. Il cite un cas concret où il a été victime et lance un appel, entre autres, aux autorités pour qu'elles soient plus regardantes sur certaines pratiques commerciales.
Alberto Moravia disait que «pour gagner de l'argent, il faut un don, mais pour le dépenser, il faut une culture». A bien des égards, cet auteur a raison, surtout vu les difficultés pour obtenir le moindre kopeck sous les cieux du Burkina Faso. Et les grandes compagnies montrent leur don à faire des recettes en harcelant le plus pauvre des pauvres pour lui vendre leurs produits, qui l’appauvrissent davantage. Les opérateurs de la téléphonie mobile sont de celles-là. L’émission de cartes de recharge de 200 francs, 500 francs est une stratégie des plus petits agents économiques de notre société en direction des plus pauvres de la cité. Que dalle ! Non contentes de soutirer son dernier kopeck au «roturier», certaines sociétés de téléphonie développent une culture de la supercherie, en diffusant des slogans tels que «ne comptez plus, parlez !», le coût de la communication étant à 150 francs la minute vers tous les réseaux au niveau national, et de 250 francs la minute vers l’international. Ah ! quelle proposition alléchante ? Qui pourrait y résister ? N’est-ce pas que tout bon flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ? Le citoyen lambda que je suis en a eu pour son compte. Attiré par les mirages de cette publicité qui m’invitait à ne plus compter, mais à parler, j’achetai une puce qui devrait me permettre de passer toutes mes journées au téléphone. Si depuis un moment cette compagnie du «ne comptez plus, parlez !» a été la plus novatrice dans la tarification et correcte dans la facturation, il faut avouer que depuis août 2007 la situation se détériore. Au niveau de la facturation, il devient difficile d’avoir le même avis. Aussitôt le portable chargé, aussitôt il faut le recharger. Un coup de téléphone au 888, on vous raccroche deux fois au nez et on vous prend, si vous êtes tenace, pour vous dire, soit que vous avez appelé des abonnés qui n’ont pas décroché, ou que le temps de consommation a été épuisé par le nombre des appels. Même chanson tous les jours.
Le 24/01/08, j’ai éprouvé le besoin d’avoir des nouvelles d’un frère au Congo Kinshasa. Aussitôt que cette pensée m’a effleuré l’esprit, j’ai acheté une carte de recharge de 2000 francs et rechargé mon appareil. Après un appel de 1mn 03 s, mon compte était débité de 942 francs. A première vue, quelque chose ne va pas. Une fois l'anomalie constatée, j'ai adressé un appel immédiat au service clientèle (888). Après deux vaines tentatives, j'ai décidé d’aller au siège de la compagnie. Au siège je tombe sur plusieurs dames. J'en choisis une et lui pose cette question : combien coûte la minute de communication à l’international ? La réponse est claire et nette : 250 francs CFA. Alors, j’entrepris d’expliquer la raison qui m’a amené à l’agence. Mon interlocutrice m’avoua n’être pas sûre que la communication soit à 250 francs pour tous les pays. Elle entreprit alors une démarche pour se renseigner auprès d’autres responsables de la compagnie. Une personne, puis deux, la réponse était : 250 francs la minute. Puis enfin une troisième personne infirmait les premières réponses en disant que la communication sur le Congo Kinshasa coûtait 708 francs la minute. C’est pour cela que l’on m’a facturé 942 francs pour la communication de 1mn 03s. Pourquoi le public n’est-il pas informé de l’existence de pays ne bénéficiant pas de la close de 250 francs ? Avec un beau sourire, on me fit comprendre qu’il s’agissait d’un oubli. Alors dis-je, il y a maldonne ou publicité mensongère. On ne peut pas omettre un tel détail, surtout que beaucoup de nos compatriotes sont en mission au Congo. Le même sourire était là accompagné d’un «monsieur, veuillez nous excuser, c’est une omission de notre part». Je sortis alors de l’agence avec un mal dans l’âme et un ensemble d’interrogations :
- où sont et que font les défenseurs des consommateurs au Burkina ?
- pourquoi les autorités ne sont pas regardantes sur les pratiques commerciales de ces compagnies de téléphonie pour limiter la descente de nombre de nos concitoyens dans les profondeurs de la pauvreté ?
- que font les autorités de régulation de la télécommunication ?
Alors, vivement qu'on institue un organisme de contrôle des prix pour éviter l’exploitation et le vol des ressources de nos braves citoyens.
Achille Denis Marie Ouédraogo
Géographe, Consultant en
Management des Organisations
Gestion du changement
Evaluation Participative des Capacités
Control Self Assessment
L’Observateur Paalga du 29 janvier 2008
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