Messmer l'Africain
Messmer l'Africain
Coïncidence rarissime : l'ancien Premier ministre français, Pierre Messmer, est décédé mercredi dernier au Val-de-Grâce de Paris à l'âge de 91 ans et au moment où se célébraient dans l'église du même Val-de-Grâce les obsèques d'un autre Premier ministre, entendez Raymond Barre, décédé, lui, le samedi 25 août dans le même hôpital.
Fidèle des fidèles du général De Gaulle, ancien résistant, Compagnon de la Libération, l'homme était sans conteste le dernier dinosaure d'une des pages les plus glorieuses de l'histoire de France. On comprend pourquoi la classe politique à l'unisson a tenu à saluer sa mémoire dans un concert de dithyrambes dont on retiendra un florilège.
Ainsi l'actuel président français Nicolas Sarkozy a-t-il fait l'éloge d'un homme de devoir et de conviction qui aura "incarné la fidélité sans faille au général De Gaulle". Pour le Premier ministre François Fillon, "La France perd l'un de ses derniers gaullistes historiques. Son parcours exceptionnel inspirera toujours la France libre". Même son de cloche pour l'ancien locataire de l'Elysée Jacques Chirac, qui a salué en Messmer "un héros de la France combattante de Bir Hakeim à la libération de Paris".
Mais si en Afrique, la disparition de ce grand homme politique devra susciter davantage de commentaires que celle de Raymond Barre, c'est qu'à sa manière, Pierre Messmer incarne également certaines grandes pages de l'histoire de notre continent. Qu'on en juge :
- gouverneur de la France d'Outre-Mer ;
- haut-commissaire de la République au Cameroun (1956-1958), en Afrique équatoriale française (1958) puis en Afrique occidentale française (1958-1959).
Avant ces postes fédéraux, il aura exercé les charges de gouverneur de la Mauritanie (1952) et de la Côte d'Ivoire (1954).
Cerise sur le gâteau colonial, il occupa en 1956 le poste de directeur de cabinet de Gaston Defferre alors ministre de la France d'Outre-Mer et concepteur, comme on sait, de la loi qui porte son nom et qui accordait l'autonomie interne aux colonies françaises.
C'est donc à juste titre qu'on retient Pierre Messmer au nombre de ceux qui ont préparé l'indépendance de ces colonies. Peut-on cependant, sans la moindre critique, lui en savoir gré quand on connaît les relents de néocolonialisme qui ont entaché la décolonisation, cette décolonisation bâclée dont l'un des péchés est de n'avoir pas su empêcher la balkanisation des grands ensembles que constituaient l'Afrique occidentale française (AOF) et l'Afrique équatoriale française (AEF) ?
Ce qui est au moins sûr, c'est que ce grand baroudeur, de par sa fidélité au grand De Gaulle nourrissait, à l'égal de l'homme du 18-Juin, un attachement charnel certain à notre continent. Ne serait-ce que pour cela, on pourrait revisiter avec intérêt ses mémoires et souvenirs, notamment "Les Blancs s'en vont, récit de décolonisation", ouvrage publié en 1998.
Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga du 31 août 2007
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