L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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« Nos décideurs ne veulent pas la vérité sur les OGM »

DRISSA SOUARE, PRESIDENT DE COPAGEN-BURKINA

« Nos décideurs ne veulent pas la vérité sur les OGM »

Le Burkina a abrité du 16 au 24 février une caravane internationale sur les enjeux de l’introduction des Organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture et l’alimentation en Afrique. A l’étape de Houndé qui a accueilli les dernières activités de la manifestation, nous avons rencontré Drissa Soaré, président de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN), section du Burkina. Avec lui, nous avons échangé sur les conclusions de la caravane, les difficultés rencontrées, les perspectives, etc.

 

Le Pays : Vous avez organisé du 16 au 24 février 2008 au Burkina une caravane d’information sur les OGM en Afrique. Quel bilan tirez-vous de la manifestation ?

Drissa Souaré : Le bilan de la présente caravane est satisfaisant car elle nous a permis d’aller à la rencontre des producteurs, de certaines autorités et de la population à la base pour transmettre notre message et donner des informations exactes, exemples à l’appui. Nous avons atteint, de ce point de vue, notre objectif.

Il semble que l’organisation n’a pas été facile. Pouvez-vous nous en parler ?

L'organisation de cette caravane n’a, effectivement, pas été chose aisée. Quand on organise une activité d’une telle envergure, il va de soi que l’on rencontre des difficultés. Nous nous élevons contre l’introduction des OGM dans l’agriculture et l’alimentation en Afrique. Les difficultés majeures étaient de deux ordres : elles se situaient d’abord au niveau des ressources financières parce que nous avons eu du mal à mobiliser le budget pour la caravane mais, grâce à Dieu, nous avons su tirer notre épingle du jeu ; ensuite, les difficultés avaient trait à la position de certaines autorités concernant la tenue même de la caravane. Des membres recevaient des coups de fils d’intimidation, mais cela n’a pas pu nous ébranler. Animés par la ferme volonté d’éclairer nos paysans sur les enjeux liés à l’introduction des OGM dans l’agriculture, nous avons pu tenir bon et surmonter toutes ces difficultés.

A votre avis, qu’est-ce qui explique l’attitude des autorités qui s’opposaient à votre manifestation ?

Je ne saurais vous répondre avec exactitude, n’étant pas à leur place. Mais ce qui est sûr, la loi au Burkina autorise des manifestations, la liberté d’expression est contenue dans notre loi fondamentale. Et nous, nous avons organisé notre caravane dans les normes légales. Alors, si certaines autorités s’insurgent contre notre manifestation, moi, je ne peux que tirer une conclusion : nos décideurs ne veulent pas la vérité. Or, nous l’avons dit et le disons toujours, nous ne sommes pas contre un individu mais contre l’introduction des OGM dans notre agriculture et dans notre alimentation. Mais si certains estiment que cette caravane, qui est un plaidoyer, leur nuit, c’est parce que tout simplement ils veulent se sucrer sur le dos de nos braves paysans. Et nous disons non à la confiscation des savoirs de nos paysans.

Vous avez, à l’étape de Ouagadougou, remis un mémorandum au Premier ministre. Qu’est-ce que vous en attendez ?

Notre première attente est que le message soit, d’abord, transmis au chef de l’Etat. Ensuite, que toutes les mesures soient prises pour la mise en place d'un cadre juridique de biosécurité conséquent, que les engagements internationaux auxquels notre pays a souscrit soient respectés. Aussi, nous demandons le vote d’un moratoire de cinq ans sur l’introduction des plantes transgéniques dans nos systèmes agraires, l’instauration d’un débat national sur la problématique des OGM, le renforcement des capacités nationales et la mise en place de toutes les structures administratives nécessaires préconisées en la matière, la réalisation d’études sur les impacts socioéconomiques , environnementaux et sur le plan de la santé encourus par les populations. Enfin, nous attendons la prise en compte des intérêts des populations productrices et des consommateurs que nous sommes.

Le Burkina est sur le point d’adopter les OGM dans le coton. Votre caravane ne vient-elle pas quelque peu en retard ?

Pas du tout. Au contraire, la caravane vient à temps car c’est le moment de sensibiliser les populations. En outre, à travers cette caravane, c’est un débat qui s’instaure au sein des producteurs sur la question. Nous pensons que ce débat permettra à chaque producteur d'opérer, en connaissance de cause, son choix.

Concrètement, qu’avez-vous décidé au cours de la caravane pour inverser la tendance vers les OGM au Burkina et ailleurs en Afrique ?

Plusieurs décisions ont été prises par les producteurs eux-mêmes. Mais permettez-moi, pour une question de stratégie, de garder pour l’instant le silence sur ces mesures. En temps opportun, vous serez informé.

Propos recueillis par Grégoire Bazomboué BAZIE

Le Pays du 6 mars 2008



05/03/2008
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