Palmarès de la corruption au Burkina : Les PDG bien sûr !
Palmarès de la corruption au Burkina
Les PDG bien sûr !
Le REN-LAC a lancé, le 6 février 2008 à Ouagadougou, son rapport 2006 sur l’état de la corruption au Burkina Faso. Une fois de plus, on assiste à un marquage serré en haut du tableau entre les PDG (police, douane et gendarmerie).
La tradition a encore été respectée. Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), pour la septième année consécutive, a rendu public, le 6 février dernier, l’édition 2006 de son rapport sur l’état de la corruption dans notre pays. C’est le secrétaire exécutif adjoint du Réseau, Claude Wetta, qui a prononcé le discours de lancement dudit document. La publication de ce rapport par le REN-LAC, a laissé entendre ce dernier, poursuit un double objectif. Il s’agit d’une part de « mettre à la disposition des citoyens et des communautés des connaissances fiables, leur permettant de se mobiliser contre le fléau » et d’autre part, « attirer l’attention du gouvernement sur la gravité du phénomène et la nécessité d’engager des actions vigoureuses contre les corrompus et les corrupteurs ». Il est inutile, de son point de vue, « d’engager une controverse sur les résultats d’une étude sous prétexte qu’ils seraient défavorables au gouvernement… ». Cela, a-t-il imagé, équivaudrait à « casser le thermomètre parce qu’il indiquerait une température trop élevée ». S’agissant du sondage qui a abouti à ce rapport, M. Wetta a indiqué qu’il a couvert les chefs-lieux des 13 régions du Burkina Faso. Il a consisté en un « diagnostic de la corruption telle que perçue par les populations qui la vivent, la côtoient, la pratiquent et/ou la subissent au quotidien ». 1700 personnes ont été interrogées à cet effet. Au plan national, 95,4% des sondées ont jugé que la corruption est répandue ou très répandue. Selon la même appréciation, les chefs-lieux des régions du Centre (Ouagadougou) et des Hauts-Bassins (Bobo-Dioulasso) crèvent le plafond avec respectivement 99,3% et 96,9%. Du point de vue évolution du phénomène, pour 78,1% des personnes interrogées, la corruption ne fait que progresser contre 11,1% pour lesquelles, elle est en régression et en stagnation pour 10,8%. Dans ce registre, c’est Ouahigouya qui enregistre le taux le plus élevé. Qu’en est-il du classement des 10 secteurs socioéconomiques les plus corrompus ? Là, comme les années précédentes, les résultats du sondage mettent en tête du peloton les PDG, avec un marquage à la culotte des impôts, la justice, la santé. Dans une seconde classification, après une désagrégation des secteurs socioprofessionnels faisant passer leur nombre de 10 à 16, la douane est sur la plus haute marche du podium des plus corrompus. Elle est suivie des impôts, de la justice, de la santé et de la police municipale. De l’avis du secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC, la désagrégation des secteurs socioprofessionnels vise à permettre aux acteurs de mieux cibler leurs actions de lutte anti-corruption.
Dans son rapport 2006, le REN-LAC a consacré un chapitre à la corruption dans les partis politiques. Il ressort qu’au plan national, 85,5% des personnes interrogées pensent que ceux-ci sont activement impliqués dans la corruption. Au niveau local, c’est Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, qui occupe la première place du classement et les dernières pour Tenkodogo et Ziniaré. Pour l'ulisatition des biens de l'Etat en période électorale, Ouahigouya bat le record avec un taux de 100%.
Le REN-LAC a mentionné dans le présent rapport que le gouvernement et l’Assemblée nationale ont été mal inspirés en adoptant en juillet 2006 le « document de politique nationale de lutte contre la corruption ». Car, il estime que ce document, en conflit parfois avec les engagements internationaux ratifiés par le Burkina, est en rupture avec le consensus national qui s’était dégagé en décembre 2004 autour du projet. Des recommandations ont été formulées par le REN-LAC. Entres autres : la relecture du document ci-dessus cité en vue de le rendre plus vigoureux et consensuel ; le respect des textes internationaux ratifiés par le Burkina en matière de lutte contre la corruption ; une lutte plus accrue contre la corruption électorale et une plus grande implication de la presse et de la société civile dans la lutte contre la corruption. Le REN-LAC, faut-il le signaler, a au cours de la présente cérémonie publiée la 7e édition de sa bande dessinée pour la sensibilisation des enfants sur la corruption, dénommée "Kouka". Le secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC a invité les citoyens à se procurer des différents documents.
Hamidou Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 8 février 2008
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