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Pascal Affi N'Guessan (président du FPI) : "Les parachutés en politique sont très dangereux"

Pascal Affi N'Guessan (président du FPI)

"Les parachutés en politique sont très dangereux"

 

Présent  à Ouagadougou dans le cadre du Colloque international organisé à l'occasion des 20 ans de "renaissance démocratique" avec Blaise Compaoré, le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N'Guessan, représentant Laurent Gbagbo, en a profité pour rencontrer la presse, hier à l'hôtel Sofitel Ouaga 2000. Le menu des échanges a porté essentiellement sur la conjoncture politique en Côte d'Ivoire.

 

L'état des lieux en Côte d'Ivoire depuis la signature des accords de Ouaga ? Réponse du patron du FPI : "La situation qui prévaut dans mon pays est très très encourageante, après ce que nous avons vécu... depuis pratiquement fin 2006, il y a une vraie évolution positive, la décrispation est là, il y a une plus grande proximité entre les acteurs politiques. Jusqu'à la signature des accords de Ouaga, il n'y avait pas de sincérité véritable, aujourd'hui on constate que chacun a révisé sa position, les gens veulent aller à la paix".

Pour étayer le fait que les choses ont changé en bien, Affi N'Guessan évoquera le démantèlement de la zone de confiance : pour lui, cet espace symbolisait l'affrontement, le conflit, sa suppression est le signe manifeste que la liberté s'installe de nouveau progressivement en terre éburnéenne. Il appuyera ses dires en citant les "zones rouges" du FPI, notamment le Centre, le Nord et l'Ouest du pays. Dans ces contrées, plus d'une fois, des délégations du FPI, qui y étaient en tournée avant les accords de Ouaga, ont été molestées. Enfin, il y a le fait que des militants frontistes ont pu de nos jours regagner leur village pour vaquer à leurs occupations. "Ce sont des signes palpables que ça va en Côte d'Ivoire". N'est-il pas inquiet face à la lenteur des audiences foraines ? Le président de la formation au pouvoir en Côte d'Ivoire répondra par la négative : "C'est vrai qu'il y a du retard dans les audiences foraines, mais cela est lié à des obstacles matériels, et à rien d'autre". Dans tous les cas, il a estimé que même si ce n'est pas le déferlement humain actuellement, le processus n'est pas grippé, et que l'affluence va gagner en puissance.

Pense-t-il que la présidentielle pourra se tenir en mars 2008 comme prévu ? Réponse de l'intéressé : "Les chances pour que la présidentielle ne se tienne pas en mars 2008 existent, mais il faut travailler dans cette optique... et nous estimons qu'elle pourrait se dérouler courant premier semestre 2008".

Invité à s'expliquer sur les accusations faisant état des agissements du FPI pour casser les autres partis, l'ex-Premier ministre de Côte d'Ivoire dira : "Nous avons géré le pouvoir presque seul entre 2000 et 2002, c'est à cette époque qu'on aurait pu le faire, face à un pouvoir déchu qui a gouverné le pays pendant 40 ans (NDLR : PDCI-RDA), il y avait des gens à qui on pouvait reprocher des choses, on ne l'a pas fait. Pourquoi on le ferait aujourd'hui ? Si des gens quittent d'autres partis pour venir au FPI, c'est parce qu'ils se sont rendu compte que ces partis sont dans l'impasse...".

Le président de la formation frontiste ajoutera que même à la CENI, et ses démembrements, le FPI est minoritaire, "comment pourrons-nous alors casser les autres ?".

Excepté le CDP, le FPI a-t-il des relations avec d'autres partis politiques du Burkina ?

A cette question, il a laissé entendre en guise de réplique : "Nous avons également des rapports avec le PDP/PS à l'occasion de l'International socialiste, avec l'UNDD aussi dont vous connaissez les positions par rapport à la crise ivoirienne, mais en fait même si c'était un autre parti que le CDP qui était au pouvoir nous aurions entretenu les mêmes relations, car nous aussi nous gérons le pouvoir en CI".

Qu'en est-il du conflit foncier qui a opposé Ivoiriens et Burkinabè ? "On indexe souvent le conflit foncier comme la source de conflit entre les communautés, mais je ne le pense pas, ces conflits concernent les Ivoiriens entre eux, car plus les ressources se font rares, plus il y a des conflits, même au restaurant universitaire quand il n'y a pas assez d'assiettes, c'est la bagarre entre étudiants, ensuite j'estime que ces conflits sont instrumentalisés par les politiques, notamment ceux qui arrivent en politique par le Sommet, ceux qui viennent de l'UNICEF, de FMI par exemple, bref, les provenants des grandes institutions qu'on fait monter au sommet sont très dangereux". (NDLR : fléchette à ADO, le patron du RDR ? Honni qui mal y pense). De toute façon, pour Affi N'Guessan, la loi sur le foncier date de 1998, donc d'avant l'arrivée du FPI au pouvoir, avant d'ajouter : "La terre appartient aux paysans, non à l'Etat".

Enfin, sur le fait que le FPI est déjà en précampagne (telle sa tournée à lui dans la Côte d'Ivoire profonde), le président du FPI dira en substance que c'est de bonne guerre, car son parti veut être en avance sur ses adversaires politiques. Présidentielle oblige.

 

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga du 18 octobre 2007



18/10/2007
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