L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Pénurie de gaz à Ouaga : Les citoyens désemparés, la SONABHY rassure

Pénurie de gaz à Ouaga

Les citoyens désemparés, la SONABHY rassure

Certains citoyens l'ont sans doute constaté, il y a, selon toute vraisemblance, une pénurie de gaz butane à Ouaga. En effet, selon le directeur général de la SONABHY, Jean Hubert Yaméogo, il y a une pénurie au niveau sous-régional. En plus de cette crise qui dure depuis 45 jours, certains camions de la nationale des hydraucarbures sont bloqués sur l'axe Pama-Fada, toujours selon le DG. Toutefois, celui-ci rassure que tout cela n'a rien d'alarmant, puisque, dit-il, dès aujourd'hui même, en principe, les consommateurs burkinabè devraient être satisfaits.

Pour bon nombre de citoyens, se procurer du gaz est devenu, ces temps-ci, la croix et la bannière. Du coup, l'on n'hésite plus à faire le tour des alimentations et des stations, bouteille de gaz en main, espérant être satisfait quelque part. Informé par certains citoyens, nous nous sommes immédiatement rendu au dépôt de la SONABHY qui se situe à Bingo, sur l'axe Ouaga-Bobo, pour nous enquérir de la situation. Il est 16 h le mardi 7 août dernier quand nous arrivons au dépôt. Dans les allées qui séparent la multitude de camions-citernes garés, impossible d'apercevoir la moindre silouhette humaine. Cependant, devant la guérite à l'entrée et plus loin, sous un arbre, dévisent tanquillement les factionnaires, 9 au total. Ceux-ci, ainsi que leur chef, nous font comprendre que tous les autres travailleurs sont descendus et que ce n'est qu'à la direction générale que nous pourrons trouver un interlocuteur avisé.

A la direction générale, nous sommes d'abord reçu par le chargé de Communication. Ce dernier nous rassure qu'il n'y a rien. Deuxième tentative d'explication: pour des questions techniques, les distributeurs qui sont venus le vendredi pour se ravitailler n'ont pas eu la quantité qu'ils escomptaient. Mais en fait, selon le chargé de Communication, il n'y a rien. Entre-temps, un autre employé de la société fait sonner le téléphone. Après une causette avec son interlocuteur, le chargé de communication se convainc qu'il faut prévenir le directeur général de notre visite. Peu après, accompagné d'un de ces techniciens, ce dernier nous rejoint dans le bureau où nous attendons.

Le DG reconnaît qu'il y a effectivement une pénurie au niveau sous-régional. En plus, il se trouve que les camions de la SONABHY sont bloqués depuis environ 45 jours de l'autre côté de la frontière, parce qu'un pont situé entre Pama et Fada est en passe de céder. Pourtant, les bacs sont presque vides. Mais le DG, visiblement convaincu que les populations ne sont pas alarmées, se veut rassurant car, selon lui, le Burkina ne vit pas pour autant la crise. Du reste, selon Hubert Yaméogo, la situation devrait être débloquée. Les camions devraient, en principe, arriver aujourd'hui même.

En ville cependant, les revendeurs et citoyens se plaingnent tous que la SONABHY ne soit pas arrivée, jusque-là, à surmonter cette difficulté. Selon les commerçants et autres gérants de stations, tous des grossistes auprès de la SONABHY, cette situation est très fréquente en août. A leurs dires, la période d'août à septembre est précisément celle des pénuries, car, ont-ils ajouté, c'est la période où beaucoup de foyers utilisent le gaz, du fait de la pluie.

Par Lassina SANOU

Le Pays du 9 août 2007

Encadré 1

Le DG de la SONABHY rassure

 

Certains citoyens ont dû le constater. Il y a une pénurie de gaz butane à Ouaga. En effet, selon le directeur général de la SONABHY, Jean Hubert Yaméogo, la pénurie est sous-régionale. En plus de cette crise qui dure depuis 45 jours, certains camions de la nationale des hydrocarbures sont bloqués sur l'axe Pama-Fada, selon toujours le DG. Toutefois, celui-ci rassure que tout cela n'a rien d'alarmant, puisque, dit-il, dès aujourd'hui même, normalement, les consommateurs burkinabè devraient être satisfaits.


D'après certains consommateurs, il y aurait une pénurie de gaz à Ouaga. Pouvez-vous nous dire ce qui se passe exactement?


Effectivement, il y a eu au niveau sous-régional une petite pénurie de gaz qui a fait que depuis 45 jours, nos camions qui sont partis pour charger à Accra et à Cotonou ont eu des difficultés à charger et à revenir à temps. C'est seulement en fin de semaine dernière que les camions ont pu charger, et malheureusement pour nous, les camions qui ont pris la route de Cotonou pour venir ont été bloqués à Pama parce qu'il y a un pont situé entre Pama et Fada qui est sur le point de céder. Donc nos camions de gaz sont actuellement bloqués à Pama, et aujourd'hui j'ai eu une communication avec le gouverneur de la région de l'Est qui m'a dit qu'une déviation était en cours pour permettre aux différents camions de passer. Il ne s'agit pas de nos camions seulement qui sont bloqués là-bas, mais plutôt tous ceux qui empruntent cet axe. Il est clair que le temps que ces camions arrivent, manifestement, on peut constater une pénurie en ville. Sinon cela fait 45 jours que nos camions sont allés pour charger et ne sont toujours pas de retour, au point que tout ce que nous avions comme gaz au niveau intérieur a connu une difficulté. On est vraiment en fond de bac. Et ce n'est pas évident que, si nos camions n'arrivent pas d'ici trois jours, on ne connaisse pas de difficulté.

 

Mais qu'est-ce qui explique cette pénurie au niveau sous-régional ?


Il y a d'abord le manque de capacité de stockage. Aujourd'hui nous prenons notre gaz au niveau d'Accra où nos avons un trader qui nous cède le surplus de gaz dégagé de la raffinerie de Téma. Or la consommation intérieure même du Ghana est telle qu'il en reste très rarement. Maintenant, nous avons un partenaire qui a un dépôt de gaz au niveau de Cotonou. Mais, c'est un dépôt qui est d'une capacité de 2000 tonnes et qui doit approvisionner le Burkina, le Bénin, le Togo, le Niger. La capacité de ce dépôt est telle que, parfois, pour peu qu'il y ait une petite difficulté au niveau sous-régional, tout est bloqué, et quand vous n'avez pas de réserve considérable à l'intérieur, cela devient difficile. Nous, nous avons pu tenir longtemps parce que nous avons des capacités de stockage au niveau intérieur qui sont assez importantes, de 2 500 tonnes, qui dépasse même la capacité de notre partenaire sur la côte, et c'est ça qui a fait que jusqu'aujourd'hui le consommateur burkinabè n'a pas perçu qu'il y avait un problème. Mais le problème a été réglé au niveau sous-régional en fin de semaine, aussi bien à Abidjan qu'à Accra, et les gens commencent à consommer du gaz, sinon, il y a environ une semaine, dans tous ces pays, c'était la panique, sauf bien sûr dans notre pays où nous avons pu tenir grâce à notre stockage intérieur.

 

Est-ce que vous nous rassurez qu'il n'y a rien à craindre ?

 

Nous avons au moins 100 tonnes à Pama, et il faut qu'on arrive à faire la déviation et que les camions arrivent. En ce qui concerne les autres camions, nous venons de saisir notre représentant qui est à Cotonou pour qu'il change de destination; que ces camions ne prennent plus l'axe Cotonou-Ouaga, mais plutôt l'axe Cotonou-Lomé-Ouaga. Cela va peut-être prendre 100 km en plus. Ils vont quitter demain (ndlr, mercredi 8 août 2007) et nous pouvons penser qu'après-demain, le consommateur burkinabè sera à l'aise. Nous demandons à ceux qui ont constaté quelque désagrément, de ne pas paniquer parce que la situation est sous contrôle.

 

Encadré 2
Les consommateurs s'inquiètent

La rareté du gaz est une réalité. Les commerçants et les clients sont inquiets. Aussi interpellent-ils la SONABHY pour qu'il prenne ses responsabilités. Le quotidien "Le Pays" a promené son micro afin d'en savoir plus. Les Ouagavillois se prononcent.

Marcel Ouédraogo, commerçant

"Les consommateurs ne sont pas du tout contents"

Le gaz se fait rare depuis une semaine. Les consommateurs en demandent en vain. Ils ne sont pas du tout contents. Pire, ils s'en prennent à moi. Je me suis renseigné au niveau de la SONABHY. Ils m'ont dit qu'à leur niveau, il y a problème. Je me suis doté de 45 bouteilles depuis un mois. Elles sont finies depuis une semaine. J'attends toujours.

Evariste Guiatin, commerçant

"A mon niveau, il n'y a pas de problème"

A mon niveau, il n'y a pas de problème. La société Oryx gaz arrive à satisfaire sa clientèle. Mais les autres commerçants se plaignent. Ils sont confrontés à un problème de pénurie depuis 3 à 4 jours. Les commerçants de SODIGAZ n'arrivent pas à satisfaire leurs clients. La raison serait liée à la rupture de gaz au niveau de la SONABHY.

Clauvisse S. Lougué, chef d'équipe "Shell" 1200 Logements

"Le situation se décantera"

Il y a effectivement une pénurie de gaz à notre niveau. Actuellement, les clients sont déçus et se plaignent. La faute incombe à la SONABHY. Nous étions déjà informés depuis une semaine du problème. Nous ne sommes pas contents. Nous demandons aux clients de patienter surtout. Bientôt la situation se décantera.

Issa Neya, élève

"Je n'arrive pas à me ravitailler"

Depuis ce matin, j'ai constaté la pénurie de gaz. Je tourne depuis ce matin pour en acheter. Jusqu'à présent, il n'y en a pas. Je n'arrive pas à me ravitailler. J'ignore les raisons et je ne sais pas quoi faire. La SONABHY doit s'atteler à remédier à ce problème pour le bonheur des consommateurs.

Amado Compaoré, commerçant

"La faute incombe à la SONABHY"

Nous n'arrivons pas à ravitailler nos clients. Le gaz manque à notre niveau. Mais la faute incombe à la SONABY. Il y a une insuffisance de gaz à leur niveau. C'est depuis une semaine que nous avons constaté cette situation. Nous demandons à la SONABHY de redoubler d'effort afin de résoudre ce problème. Ceci, pour le bonheur des consommateurs. La balle est dans leur camp.

Adama Sankara, technicien supérieur de l'agriculture

"J'ai parcouru plus de 10km pour me ravitailler"

Depuis le week-end, le gaz se fait rare. Aujourd'hui, j'ai parcouru plus de 10km pour me ravitailler en gaz. Jusqu'à présent, je n'ai rien eu. Les commerçants ne donnent pas de raisons convaincantes. Ils disent simplement qu'il n'y a pas de gaz. Je ne suis pas content parce qu'ils m'ont déprogrammé. Sans le gaz, c'est la galère chez moi. La SONABHY doit revoir sa copie en développant d'autres initiatives en vue de résoudre le problème. Mieux, donner le marché à des partenaires fiables et efficaces.

Jean Gabriel Zoungrana, gérant d'une station "Total"

"La SONABHY doit prendre ses responsabilités"

La pénurie de gaz ces temps-ci est une réalité. Au niveau de la distribution, il y a d'abord des détaillants que nous sommes, ensuite des distributeurs qui sont les sociétés. S'il y a une pénurie à la SONABHY, tout le processus sera grippé. C'est un engrenage. Les consommateurs se plaignent, et c'est de bonne guerre. Face à cette réalité, la SONABHY doit prendre ses responsabilités en dotant au maximum les distributeurs de gaz. La période d'août a toujours été celle des pénuries de gaz, contrairement à la période de la chaleur.

Hubert Ouédraogo, élève

"Ce n'est pas facile d'utiliser le charbon et le bois de chauffe"

Le gaz se fait rare sur le marché. Depuis avant-hier, je suis en train de chercher le gaz. Malheureusement, je n'en trouve pas. Aujourd'hui, j'ai visité 5 stations afin de me ravitailler. On me dit qu'il n'y en a pas. La SONABHY doit faire un grand effort pour résoudre ce problème aussi délicat parce que ce n'est pas facile d'utiliser le charbon et le bois de chauffe.

Propos recueillis par Issiaka KABORE (Stagiaire)



08/08/2007
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