L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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PROCES DES CASSEURS DU 28 FEVRIER : Des associations demandent des "peines symboliques"

PROCES DES CASSEURS DU 28 FEVRIER

Des associations demandent des "peines symboliques"



Cinq associations de la société civile ont entrepris des actions pour contribuer à la résolution de la crise liée à la vie chère. Elles rendent compte, dans ce communiqué de presse, des fruits de leurs démarches.


Dans le cadre de leur mission de défense et de promotion des droits humains, les organisations de la société civile mobilisées à l'occasion des événements du 28 février 2008 liés à la vie chère au Burkina Faso ont entrepris des démarches auprès des autorités gouvernementales.

Après une rapide concertation, le Mouvement burkinabè pour l'émergence de la Justice sociale (MBEJUS), la Ligue pour la défense des droits et des libertés (LIDEJEL), l'Action chrétienne pour l'abolition de la torture (ACAT), l'Association pour l'émergence d'une culture citoyenne (AECC) et le Réseau des organisations de la société civile pour le développement (RESOCIDE) ont adopté un plan d'action simplifié comportant une approche et des actions.



De l'approche



L'approche adoptée par le groupe a consisté à reconnaître le caractère néfaste des débordements et du vandalisme ayant eu lieu à l'occasion des manifestations contre la vie chère d'une part, et d'autre part d'appeler les autorités à la clémence dans les sanctions contre les personnes interpellées. Le fondement de cette approche est le souci de ramener le calme et d'instaurer les conditions d'une paix et d'une stabilité durable au Burkina Faso.



De l'action



La première action a consisté à rencontrer le ministre de la Justice afin de discuter avec le responsable du département de la situation des personnes arrêtées lors des événements de Bobo Dioulasso, Banfora, Ouahigouya et du 28 février à Ouagadougou. Cette rencontre, malgré l'urgence de sa conception, a pu se tenir grâce notamment à la disponibilité du ministre Zakalia Koté. Il a enregistré le message du Groupe de la société civile composante "droits de l'homme" (GOSC-DH), ainsi que les arguments présentés par ses membres, et s'est engagé à transmettre au chef du gouvernement les préoccupations de la société civile. Notamment, le ministre s'est montré favorable à la demande des organisations de défense des droits humains de rendre visite aux personnes interpellées. Cette visite a pu se faire le 6 mars 2008 à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou. Le GOSC s'est rendu dans le lieu de détention et s est entretenu de 12 h à 14 h avec 161 détenus sur les 184 interpellés. A la suite des auditions effectuées par le parquet les 3 et 4 mars 2008 dans les locaux mêmes de la MACO, 12 personnes interpellées ont été libérées. Ceux restant en détention comprennent 33 mineurs dont 7 élèves et une jeune fille. La mission de visite a orienté ses préoccupations sur les conditions sociales et de détention des personnes interpellées. Il a été constaté que la plus grande majorité des personnes faisant l'objet de la procédure judiciaire sont des jeunes en dessous de 22 ans, exerçant des petits métiers de commerçants ambulants et d'artisans, ayant commis les actes de dégradations de biens publics par spontanéité lors des manifestations contre la vie chère. Les échanges ont également permis de dénombrer des cas de blessés dus à des brutalités policières lors des arrestations, un blessé par balle et un cas de maladie chronique (asthmatique) non pris en charge. L'alimentation des personnes interpellées, bien qu'inadaptée, ne diffère en rien des conditions habituelles de détention dans la MACO. L'arrivée subite de ces dizaines de personnes a fortement perturbé le système de gestion de la MACO dont les allocations budgétaires sont nettement insuffisantes.

Les personnes interpellées se sont montrées satisfaites qu'une mission d'organisations de défense des droits humains soient venues leur rendre visite. Elles ont demandé à leurs visiteurs d'intercéder auprès des autorités afin de bénéficier d'une clémence de leur part. La présence de Nana Thibaut parmi les détenus a été d'un apport notable. Il a contribué à expliquer le but de la visite et à préciser les questions qui étaient posées. Il a surtout sensibilisé les jeunes détenus sur le lien entre les actes commis le 28 février, la situation nationale et le besoin de paix et de stabilité. Aussi, il s'est fait le porte parole des détenus pour exprimer leur gratitude envers toutes les initiatives visant à résoudre leur situation.



De ce qui ressort



La mission a noté l'absence parmi les personnes interpellées d'adultes, ce qui fait penser que ces personnes ont agi de manière isolée et sans lien avec une entreprise de déstabilisation. De tels liens n'ont nulle part d'ailleurs été établis. En tout état de cause, les préoccupations des membres de la société civile sont le maintien d'une situation de stabilité politique et sociale sans laquelle aucune action de développement et de lutte contre la pauvreté ne peut aboutir. Le groupe de la société civile a requis que le ministre de la Justice soit leur relais auprès du chef du gouvernement afin que les organisations de défense des droits humains et la société civile en général soient associées à toutes les initiatives visant au rétablissement d'une situation normalisée. Pour cela, le traitement judiciaire des cas des personnes interpellées, déjà engagé au moment de la démarche du groupe de la société civile, devrait se faire dans un esprit de tolérance et se matérialiser par des peines symboliques. Les défenseurs des droits humains ont à l'occasion de leur intervention signifié que le gouvernement aurait pu anticiper les événements par une meilleure communication sur le sujet de la vie chère. En effet, certains facteurs influençant les prix des produits de première nécessité sont bien sûr du ressort du gouvernement (fiscalité), mais les principaux déterminants de ces prix sont hors de la portée de celui-ci. En définitive, les organisations de la société civile affirment qu'une bonne gouvernance des secteurs économiques et sociaux se traduisant par une consultation et des concertations permanentes du gouvernement avec les acteurs sociaux significatifs pourrait prévenir bien de situations difficiles.



Des suggestions et recommandations



Le GOSC saisit cette occasion pour formuler quelques recommandations.

Pour la résolution de situations telles que celles vécues en ce mois de février relatives aux droits humains, les GOSC-DH recommande que les autorités privilégient la recherche de la paix et de la stabilité sociale à l'application stricte du droit positif.

De manière générale, le GOSC-DH recommande que la communication soit la règle d'or du gouvernement sur toutes les questions sensibles. Aussi, les autorités devraient privilégier la concertation dans la conduite des affaires publiques.

Invite les OSC du Burkina Faso à une unité d'action pour le respect des droits humains, la paix et la stabilité sociale.

Enfin, le GOSC-DH demande un accroissement des ressources budgétaires allouées aux centres de détention en vue d'améliorer les conditions dans les maisons d'arrêt du Burkina Faso. Après tout, le détenu reste titulaire de ses droits humains fondamentaux reconnus par la Constitution tels le droit à la santé, à une alimentation convenable et à un logement décent.



Le Mouvement burkinabè pour l'émergence de la justice sociale (MBEJUS)

Alexandre P. Ouédraogo



La Ligue pour la défense des droits, la justice et les libertés (LIDEJEL)

Ousmane Nacro



l'Action chrétienne pour l'abolition de la torture (ACAT

Lucienne Zoa



Le Réseau des organisations de la société civile pour le développement (RESOCIDE)

Siaka Coulibaly



l'Association pour l'émergence d'une culture citoyenne (AECC)

Sidiki Dermé



Contacte : Alexandre Ouédraogo

Téléphone : 70 25 94 64

 

Le Pays du 11 mars 2008


 



11/03/2008
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