Relecture des textes de la FBF : Ça commence à faire trop
Relecture des textes de la FBF
Ça commence à faire trop
Ce n’est pas une nouveauté au pays des hommes intègres de réunir des gens venus d’horizons divers pour débattre d’une situation quand ça ne va pas. Les exemples ne manquent pas, et pour rester dans le domaine du sport, notamment le football, il y a eu des forums qui ont accouché de documents. _Du temps du ministre des Sports et de la Jeunesse, René Emile Kaboré, il y a eu un forum de réflexion sur le sport, qui s’était tenu à Ouaga 2000 et auquel avait pris part son successeur, Tondoum Sessouma. Celui-ci, une fois aux affaires, a géré tranquillement le ministère sans chercher à innover, puisqu’il savait ce que contenaient les documents.
Avec l’arrivée de Jean-Pierre Palm, il y a eu un autre forum, cette fois-ci sur la politique nationale du sport. Les travaux avaient commencé à Ouahigouya pour s’achever à Ouagadougou à l’hôtel Pacific. Les participants à ces deux forums étaient les mêmes, et jusqu’à aujourd’hui, on ne sait pas ce que cela a donné. Les résultats des travaux dorment toujours dans les tiroirs, et Dieu seul sait quand on les sortira pour qu’on sache ce qui a été réellement fait.
Aujourd’hui, avec l’élimination des Etalons de la CAN 2008 et la démission du comité exécutif la Fédération burkinabè de football (FBF), le ministère des Sports et des Loisirs vient d’avoir une trouvaille : après qu'il a nommé le président du comité transitoire de la FBF, il vient d'en coopter des membres pour les besoins de la cause. Le ministère leur a donné la mission de s’occuper, dans un délai de trois mois, de l’expédition des affaires courantes, de la relecture des textes de la FBF, de la réorganisation du football, de la gestion des compétitions nationales et internationales ainsi que de la préparation des élections fédérales. La plupart des appelés sont bien connus dans le milieu du foot et avaient démissionné à l’époque quand ils étaient à la Fédération. Ils appartiennent tous à des clubs, et certains étaient rares au stade. Leur départ était tout simplement lié au mauvais galop des Etalons.
Par le biais du comité transitoire, ils reviennent en pompiers pour faire le toilettage des textes alors qu’ils avaient, dans un passé récent, contribué à l’élaboration de ces mêmes textes. Croit-on vraiment dans ce pays que la «résurrection» du football burkinabè passe forcément par le toilettage des textes ? On réchauffe les mêmes plats en éludant les vrais problèmes. Ce qui est étonnant dans cette affaire, c’est que les principaux acteurs semblent être sur la touche : les clubs, les districts, les ligues. Les premiers cités sont incontournables, et ce sont eux qui vivent les problèmes au quotidien. La gestion des compétitions nationales et la relecture des textes relèvent de la Ligue, et cela se discute en assemblée générale. L’affaire RCK/RCB, qui a failli tourner au vinaigre, est là pour nous rappeler que rien ne peut se décider sans les clubs.
Quant à la gestion des compétitions internationales, elle est du ressort d’une Fédération avec une direction technique compétente. Le ministère, c’est certain, voit la chose autrement. Ça commence à faire trop avec cet autre forum qui ne sortira pas notre football de l’ornière. On va encore dépenser de l’argent sous prétexte qu’il faut mettre des gens à l’aise pour qu’ils travaillent. L’instabilité au niveau de l’équipe fédérale et des entraîneurs ne favorise pas le développement du football au Burkina. Ce point, qui nous semble primordial, n’est pas inscrit dans l’agenda du comité transitoire, et c’est quand même étonnant. Il faut travailler dans la durée et ne pas faire de la CAN une obsession. Les propos du genre : «Si on ne se qualifie pas, il faut prendre ses responsabilités» ne sont pas de nature à aller dans le sens de la durée. Un ministère des Sports ne doit pas être là pour pousser des gens dehors.
Avec ce qui s’est passé le 16 juin 2007 au stade du 4-Août face à la Tanzanie, tout le monde a été unanime à reconnaître que c’est la matière qui nous fait défaut. Et justement, c’est là que réside le vrai problème de notre football et nulle part ailleurs. Il faut repenser les choses, et cela, de façon courageuse. Si nous voulons une élite forte, il faut beaucoup travailler à la base et bannir la tricherie au niveau des âges des joueurs. A l’heure actuelle, nous avons des joueurs moyens, incapables de nous faire rêver comme les Samuel Eto’fils, Didier Drogba, Pascal Feindouno, Bakari Koné et tant d’autres. Combien sont-ils en Europe qui évoluent dans des clubs huppés ? Partis sur la pointe des pieds, beaucoup d’entre eux se cherchent. On a vu les limites de certains lors de la 5e et dernière journée des éliminatoires de la CAN 2008. Pour rebondir, il n’y a pas d’autre solution que de former de jeunes joueurs et d’être patients. La trouvaille du ministère ressemble à du déjà-vu, et ne s’attaque pas aux vrais problèmes de notre football. Le ministère a tendance à vouloir contrôler la Fédération, et s’il persiste dans cette voie, les choses resteront toujours en l’état. On veut avoir un droit de regard sur l’argent de la FIFA. Quoiqu’il en soit, la nouvelle équipe qui prendra le relais du comité transitoire aura du pain sur la planche, ou sera aux ordres...
Justin Daboné
L’Observateur Paalga du 16 août 2007
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