Sanctions aux Affaires étrangères
Sanctions aux Affaires étrangères
Les syndicats s'en remettent au Président du Faso
A travers la déclaration conjointe ci-après, les centrales syndicales et les syndicats autonomes interpellent le président du Faso pour l'annulation des "sanctions injustes" prises à l'encontre des travailleurs du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, auteurs d'une marche le 10 avril dernier.
Excellence Monsieur le Président du Faso, Président du Conseil des Ministres,
_Par la présente, nous avons l'honneur de vous faire part des préoccupations du monde syndical liées aux sanctions prises par le Conseil des ministres du mercredi 23 mai 2007 contre des travailleurs en lutte pour la satisfaction de leurs revendications.
En effet, le conseil de ministres du mercredi 23 mai 2007 que vous avez personnellement présidé a pris de graves sanctions contre des travailleurs du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale qui ont participé à une marche organisée par leur syndicat, le Syndicat Autonome des Agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE). Ladite marche visait à appuyer des revendications soumises à leur ministre de tutelle depuis novembre 2006 sans suite favorable.
Auparavant, le conseil des ministres du 11 avril 2007 avait décidé de la fermeture définitive de l'Institut Diplomatique et des Relations Internationales IDRI). Le lendemain, le conseil de cabinet du ministère décidait des sanctions suivantes :
- lettre de demande d'explication individuelle adressée à chaque ''marcheur" ;
- interdiction à tout agent ayant pris part à la marche d'effectuer des missions à l'étranger (rappel d'agents sur le point d'embarquer pour des missions à l'étranger) ;
- interdiction à tout agent ayant pris part à la marche d'effectuer des stages à l'étranger ;
- interdiction à tout agent ayant pris part à la marche d'assumer des responsabilités administratives parmi lesquelles, assurer les intérims dans les directions.
_Excellence Monsieur le Président du Faso, Président du Conseil des Ministres,
Nos organisations syndicales ont été surprises et indignées par l'annonce des sanctions prises par le conseil des ministres. Notre surprise et notre indignation s'expliquent par les considérations suivantes :
- en organisant leur manifestation, le syndicat et les travailleurs se sont conformés aux dispositions prévues en la matière.
Deux poids, deux mesures
Ainsi, à la suite des rappels adressés au ministère de tutelle en janvier puis en février 2007 et qui sont restés sans suite, ils ont informé les autorités du ministère notamment le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, le directeur de cabinet du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale de leur intention d'organiser une marche le 10 avril 2007 avec remise au ministre d'un message.
- Le conseil des ministres n'indique pas et ne peut pas indiquer les "règles administratives" que les militants et sympathisants du SAMAE auraient violées en organisant la marche du 10 avril 2007. En effet, ces travailleurs, à la différence des magistrats et des militaires, bénéficient des mêmes droits que les autres agents publics en particulier le droit de grève et de manifestation sur la voie publique. Du reste, ils en ont déjà usé à maintes occasions dans le cadre de leur syndicat ou de l'unité d'action syndicale;
- la décision prise par les travailleurs du SAMAE d'organiser une marche le 10 avril 2007 avec remise au ministre d'un message à la fin de la marche a été portée à la connaissance des différentes autorités du ministère par lettres n°0049/SAMAE/SG, N°0050/SAMAE/SG, N°0051/SAMAE/SG, N°0052/SAMAE/SG du 05 avril 2007 adressées respectivement au ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, au ministre délégué chargé de la Coopération régionale, au directeur de cabinet du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale et au secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale. Mieux, l'autorité administrative compétente a délivré au syndicat une autorisation d'occuper la voie publique ;
- les sanctions annoncées ne sont nullement conformes aux articles 137, 138 et 147 de la loi 013-98/AN du 28 avril 1998 cités par le conseil des ministres. En effet, la sanction qui consiste en "un blâme avec reversement au ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l'Etat pour redéploiement dans d'autres administrations de cent cinq (105) agents fautifs et qui persistent dans une attitude de défiance à l'égard de l'administration" ne figure nulle part sur la liste des sanctions disciplinaires prévues par la loi ;
- il n'y a pas si longtemps, d'autres corps de l'Etat, en l'occurrence les militaires et les gardes de sécurité pénitentiaire ont, pour appuyer leurs revendications, usé à leur manière, de la même voie des manifestations publiques. Dans un des cas, les manifestations ont même entraîné le report de deux grandes rencontres que le pays devait abriter. Nous sommes tentés de vous demander, en tant que chef de l'Etat et premier magistrat, laquelle de la manifestation des travailleurs des Affaires étrangères et celle des militaires a le plus écorché "l'image de marque du pays " ?
Excellence Monsieur le Président du Faso, Président du Conseil des Ministres,
Nos organisations syndicales observent que les mesures répressives contre les travailleurs du ministère des Affaires étrangères ne constituent pas un cas isolé. Elles interviennent dans un contexte où dans un certain nombre de secteurs d'activités, les libertés syndicales sont remises en cause, entre autres, nous pouvons citer les cas des entraves faites aux activités syndicales du SBM, les menaces proférées contre le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale, les affectations arbitraires dont sont victimes les militants et responsables du Syndicat Autonome des Agents du Trésor du Burkina.
Au premier magistrat du pays
Excellence Monsieur le Président du Faso, Président du Conseil des Ministres,
Nos organisations vous interpellent solennellement en votre double titre de Président du Conseil des Ministres et de premier magistrat du pays afin que vous preniez les mesures nécessaires pour :
- l'annulation des sanctions injustes prises à l'encontre des travailleurs du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale et l'examen sérieux des revendications des travailleurs dudit ministère ;
- d'une manière générale, l'examen diligent et sérieux des revendications que posent les travailleurs dans les différents secteurs d'activités ;
- l'arrêt des sanctions et des menaces de sanctions contre les travailleurs et leurs représentants engagés dans les luttes syndicales ;
- le respect des libertés démocratiques et syndicales consacrées par notre loi fondamentale et par les conventions internationales ratifiées par notre pays.
En tout état de cause, nos organisations syndicales, très attachées au respect et à l'élagissement des libertés démocratiques et syndicales se réservent le droit d'user de tous les moyens en leur possession pour obtenir la prise en compte des préoccupations qui sont les leurs au plan démocratique.
Dans l'attente d'un examen attentif et diligent des préoccupations ci-dessus posées, nous vous prions d'agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l'expression de notre très haute considération.
Ont signé :
Pour les centrales syndicales :
CGT-B
Tolé Sagnon
Secrétaire général
CNTB
Marcel Zanté
Secrétaire général adjoint
CSB
Olivier Ouédraogo
Secrétaire administratif
FO/UNSL
Adama K. Traoré
Secrétaire général adjoint
ONSL
Vincent Ouédraogo
Secrétaire général adjoint
USTB
El hadj Mamadou Nama
Secrétaire général
Pour les syndicats autonomes :
Le président du mois
Victor S. Hien
Secrétaire général du SYNTAS
L’Observateur Paalga du 13 juin 2007
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