Sarkozy chez Bush : Les enjeux d’un rapprochement
Sarkozy chez Bush
Les enjeux d’un rapprochement
Sarkozy : avocat du droit international ou médiateur dans la résolution des crises internationales ? En partageant un repas avec le président Bush durant ses vacances aux Etats-Unis, le nouveau maître de l’Elysée tentera sans doute de repositionner la France en faisant germer sa graine de la rupture d’avec une certaine politique internationale en vigueur en Occident. Bush, sur le point de partir, tendra l’oreille par courtoisie. Mais, fidèle à son image, il ne cédera point.
Ces vacances au New Hampshire, à deux pas des Bush, ne seront certainement pas de tout repos pour le premier des Français. Celui-ci a vraisemblablement bien préparé cette sortie, autre manifestation de sa politique de la rupture qu’il s’efforcera d’expliquer à son hôte. Avec le sentiment pro-américain qu’on lui prêtre, gageons qu’il tentera de lever toute équivoque, de repositionner son pays.
En effet, en dehors de leur appartenance au monde du libéralisme économique, Bush et Sarkozy ont des points en commun, dont la sympathie à l’égard d’Israël et le retrait des forces syriennes du Liban. S’agissant de ce dernier point, les dirigeants français ont, jusque-là, observé une politique constante : appui ouvertement favorable au clan Hariri. Ainsi l’ex-président Chirac avait-il entretenu des rapports privilégiés avec la famille du défunt Premier ministre libanais, laquelle l’avait même reçu dans ses propriétés. Ce faisant, la France s’est toujours montrée hostile à la présence des forces syriennes au Liban.
Dans une majorité de cas cependant, Français et Américains semblent avoir des visions nettement différentes sur le monde. Ainsi en est-il de leurs approches de résolution du conflit israélo-arabe. Le président américain entend redessiner la carte du Proche-Orient au risque de provoquer un conflit aux dimensions insoupçonnées. Par contre, le président Sarkozy semble privilégier le rapprochement par le biais du développement économique régional. En la matière, on se rappelle son engagement à réaliser une zone de développement impliquant les pays bordant la Mer Méditerranée. Une telle ambition suppose nécessairement un climat de paix et donc de dialogue entre protagonistes de la région. En particulier, il faudra qu’Israéliens et Palestiniens se parlent franchement et discutent de la création effective d’un véritable État palestinien. Pour ce faire, le Hamas, composante bénéficiant du soutien d’une large proportion du peuple palestinien, ne devra point être négligé. Avec l’interlocuteur américain, il faudra donc envisager la possibilité d’une plus grande ouverture d’esprit de manière à favoriser ce dialogue, en acceptant non seulement le dialogue avec le Hamas, mais aussi en s’efforçant de prendre en compte les préoccupations israéliennes, syriennes et libanaises. Ce n’est pas peu. Son récent séjour au nord du continent africain confirme cette obsession pour la voie méditerranéenne. On sait peu de chose de ses contacts directs ou indirects avec les Israéliens. Peut-être ce séjour américain sera-t-il mis à profit pour jouer les bons offices ?
En effet, nombreux sont les dossiers à éplucher : candidature française à la tête du Fonds monétaire international (FMI), crises soudanaises et somaliennes, bases militaires françaises et assistance militaire américaine à la résolution des crises en Afrique, etc.
Sarkozy devra bien expliquer à Bush fils son empressement à intensifier les relations avec la Libye, au point de signer des contrats sur le nucléaire, etc. Nouveau venu sur la scène internationale, Sarkozy voudrait peut-être saisir toutes les opportunités pour assurer un meilleur positionnement de la France renaissante.
Un seul tête-à-tête s’avère donc insuffisant. Mais il faut bien préparer le terrain. Seront probablement aussi au menu, l’élargissement de l’Union européenne face aux appétits russes et au réveil chinois, les grandes plaies de l’immigration, les tensions qui secouent la péninsule des Balkans, le réchauffement de la planète et les multiples facettes du péril environnemental, la lutte contre le terrorisme, etc. On peut parier que le grand frère américain écoutera d’une oreille attentive ce cadet remuant venu tout droit de l’Hexagone. Il hochera la tête mais…changera très difficilement de voie.
Le Pays du 10 août 2007
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