L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Session de rattrapage pour Washington

Kenya

Session de rattrapage pour Washington

 

Cela fera bientôt deux mois que le Kenya, ce pays naguère cité comme un exemple de démocratie et de stabilité en Afrique orientale, est sous les feux de l'actualité du fait de la crise socio-politique qui le secoue depuis la réélection contestée du président sortant, Mwaï Kibaki.

En effet, le 27 décembre 2007, à l'issue d'une élection présidentielle, le successeur de Daniel Arap Moï à la tête de l'Etat kenya a été déclaré vainqueur, chose que son challenger, Raila Odinga, refuse d'admettre, estimant que la victoire lui a été volée. Très vite, ce qui est considéré comme une chose habituelle en Afrique, à savoir le rejet presque systématique des résultats par l'opposition, s'est révélé être une grave crise qui a pris l'allure d'un conflit interethnique avec son corollaire de centaines de morts et de milliers de personnes déplacées.

Et depuis, c'est l'appel au calme et à la retenue qui est lancé aux deux parties en conflit pour éviter un nouveau Rwanda.

L'Union africaine (UA) a dans un premier temps dépêché son ex-président, John Kuffor du Ghana, pour tenter une médiation. Cependant le "géant gentil" n'a aucunément réussi, même pour un bref laps de temps, à faire arrêter les violences dans cette partie du continent noir. Finalement, son compatriote ghanéen l'ancien secrétaire de l'ONU, Kofi Annan, a pris le dossier en main. Son passage à la tête de la Maison en verre de New-York a sans doute forgé son grand talent de négociateur.

Dès son arrivée dans la capitale kenyane, il a réussi à amener Mwaï Kibaki et Raila Odinga à se serrer la main. Après cette poignée de main de l'espoir, comme nous l'avons souligné en son temps, les deux leaders ont accepté de s'asseoir autour d'une table de négociation pour la signature d'un accord autour d'"un programme de réformes pour un nouveau gouvernement". Mais ce document pourra-t-il trouver une issue heureuse au bénéfice des acteurs de la scène politique et de la population du Kenya?

L'Afrique tout entière, voire le reste du monde, le souhaitent ardemment. Pendant que l'on s'interroge sur le sujet, George Bush, le président américain, a dépêché sa secrétaire d'Etat, Condolezza Rice, hier 18 février 2008 à Nairobi, menaçant même de sanctionner celui qui refuserait le consensus, à savoir le partage du pouvoir pour la sortie de crise.

Par cette immixtion et cette nouvelle prise de position, l'Oncle Sam veut corriger sa myopie diplomatique vis-à -vis dans le bourbier kenyan.

On se rappelle, en effet, que le pays de Bush et la Grande-Bretagne ont été les premiers à se féliciter de la "bonne organisation de cette élection" et à féliciter le président Kibaki pour sa réélection, donnant ainsi une onction internationale au hold-up électoral du pouvoir en place. Cette caution des Etats-Unis a sans doute contribué à radicaliser la position du régime face à ses contempteurs. Maintenant que ça coince, que le pays de Jomo Kenyatta est dans l'impasse avec la complicité des puissances occidentales, Bush cherche à rattraper sa bourde politique en pesant de tout son poids pour que la médiation de Kofi Annan aboutisse à un règlement définitif du conflit.

Mais parviendra-t-il à réussir sa pirouette vu que sa menace a irrité Kibaki qui, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Moses Wetangula, a aussitôt dénoncé l'ingérence de l'Oncle Sam dans les affaires du Kenya ?

Wait and see.

 

Adama Ouédraogo dit Damiss

L’Observateur Paalga du 20 février 2008



19/02/2008
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