Sierra Leone : Les urnes, c'est quand même mieux que les machettes
Sierra Leone
Les urnes, c'est quand même mieux que les machettes
La Sierra Leone, pays d’Afrique de l’Ouest le moins développé du monde en 2000 selon l’indicateur du développement humain (IDH), est en train d’écrire les plus belles pages de son histoire avec la tenue dans le calme des élections présidentielle et législatives. Un test de démocratie pour l’ancienne colonie britannique, secouée pendant dix ans par une guerre civile d’une violence inouïe et qui avait pour principal mobile le contrôle des zones diamantifères. Cette guerre, qui a mis au devant de la scène des chefs comme Charles Taylor du Liberia et Foday Sankho du Front révolutionnaire uni (RUF), a causé la mort de 100 000 à 200 000 personnes et déplacé plus de deux millions d’autres.
Le pays que dirige Ahmad Tejan Kabbah, au pouvoir depuis 1996, réélu en mai 2002 avec 70,6% des voix, est une République multipartite à régime présidentiel. Le président y est à la fois le chef de l’Etat et le chef du gouvernement, qui gère le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif qu’il partage avec la Chambre des représentants. Le pouvoir judiciaire, lui, est indépendant des deux premiers cités. Actuellement, la Sierra Leone, qui a accédé à la souveraineté nationale depuis le 27 avril 1961, est un pays en paix qui connaît une réduction progressive et même une suppression des différentes mesures prises par l’ONU comme l’embargo sur l’exportation des diamants du sang.
C’est donc un pays qui revient de loin qui renoue avec la démocratie, ce qui est à l’honneur du président sortant, Tejan Kabbah du SLPP (Sierra Leone people party), qui, jusque-là, a su conduire le navire avec beaucoup de sagesse et de tact, permettant, par le respect de la constitution, l’expression plurielle. L’opposition a ainsi pu sortir la tête de l’eau, et pour les élections générales du 11 août dernier, le Congrès de tout le peuple (APC), principale formation politique d’opposition sierra-léonais, est crédité de la première place par les résultats partiels portant sur moins de 20% des bureaux de vote. Les électeurs avaient à choisir entre sept candidats pour élire le successeur de Kabbah qui ne pouvait se représenter après deux mandats. Ils étaient aussi appelés à élire pour cinq ans 112 des 124 députés du Parlement monocaméral parmi 566 candidats en lice.
L’émergence de l’APC est vraiment à saluer quand on sait que généralement sous nos tropiques, l’alternance n’est pas la chose la mieux partagée, les puissants du moment préférant être scotchés à leur fauteuil douillet, en tordant le cou à la loi fondamentale. C’est une jeune démocratie qui est en marche en Sierra Leone, pays potentiellement riche mais que la guerre a mis en retard, l’égoïsme de l’homme faisant. L’essor socioéconomique de cette portion de l’Afrique peut toutefois être au rendez-vous les années à venir, maintenant que la paix, première condition du développement, est effective. Reste que quel que soit le verdict définitif des urnes, chacun doit jouer franchement sa partition, pour permettre l’enracinement de la démocratie et favoriser des lendemains qui chantent, dans ce pays où la population avait fini par perdre espoir.
D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 17 août 2007
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