SITUATION SANITAIRE AU SUD-OUEST : Des jeunes interpellent le ministre de la Santé
SITUATION SANITAIRE AU SUD-OUEST
Des jeunes interpellent le ministre de la Santé
"Monsieur le ministre d'Etat, ministre de la Santé, vous excuserez le caractère insolite de cette démarche car, comme nous le savons, les questions de ce genre relèvent de la prérogative de la représentation nationale à l'endroit du gouvernement. Cependant, comme nous ne sommes pas nous-mêmes à l'Assemblée nationale, et que ceux que nous désignons par nos voix, une fois à l'hémicycle, se prennent simplement pour des experts pour le compte des commissions parlementaires, au .détriment des préoccupations de leur électorat, nous nous sommes vu obliger d'emprunter cette voie pour vous adresser, une fois n'est pas coutume, cette question orale écrite qui, nous l'espérons, ne devrait pas être suivie de débats eu égard à l'acuité des problèmes évoqués.
Mais avant, il sied de nous présenter : nous sommes de jeunes ressortissants du Sud-Ouest, inquiets de la situation sanitaire de notre région, notamment en ce qui concerne la problématique du VIH/Sida.
Monsieur le ministre d'Etat, ministre de la Santé, comme vous le savez, le Sud-Ouest est cette vaste région du Burkina Faso qui a la particularité de contenir deux de nos frontières internationales, une entre notre pays et le Ghana, l'autre avec la Côte d'Ivoire. C'est donc une région où les échanges transfrontaliers sont quotidiens, avec des flux importants, par moments, parce que située à seulement un jet de pierre des premières agglomérations des pays voisins. Cette situation l'expose non seulement à un certain nombre de fléaux tels que la drogue et les trafics de tout genre, mais aussi à l'épidémie du VIH/Sida. Particulièrement pour cette maladie, en 2006, la prévalence était de 3,6% au Ghana et de 4,7% en Côte d'Ivoire, soit pratiquement le double de celle observée au Burkina Faso cette même année. Cette prévalence relativement élevée chez nos voisins nous fait redouter une diffusion de la maladie à travers nos deux frontières, étant donné que la maladie ne respecte pas nos tracés territoriaux, avec des conséquences d'abord pour la région du Sud-Ouest. Ainsi, à notre avis, c'est une région qui mérite toute l'attention du gouvernement, non seulement pour les faits ci-dessus énumérés, mais aussi et bien sûr pour d'autres raisons intéressant d'autres départements ministériels.
Pourquoi cette disparité ?
Mais pour ce qui vous concerne, nous constatons curieusement une certaine marginalisation de la région au plan sanitaire. Pour preuve, pour une population d'environ 525 861 habitants en 2006, le Sud-Ouest comptait 61 CSPS, 4 CMA et un CHR. En prenant en compte d'autres éléments, vos services des statistiques ont chiffré à 14,0% l'accessibilité aux soins de santé au Sud-Ouest. Elle est faible, surtout quand on la compare à celle d'une autre région comme les Cascades où elle est de 61,7%.
Monsieur le ministre, pourquoi cette disparité dans l'accessibilité aux soins de santé ? Pourquoi la région des Cascades, qui n'abrite qu'une seule frontière (avec la Côte d'Ivoire), est-elle mieux lotie en la matière que le Sud-Ouest ?
Par ailleurs, sur le plan géographique, le Rayon moyen d'action théorique (RMAT), calculé par vos services, qui est théoriquement la distance parcourue par les populations pour atteindre un service de santé, est d'environ 10 kilomètres (9,2 précisément) au Sud-Ouest. Elle est de 6 kilomètres dans la région du Nord. Même si cette donnée n'est que théorique, la réalité étant souvent plus douloureuse pour nos populations (par exemple, pour voir un médecin, un habitant de Saala dans le loba n'a pas moins de 50 kilomètres à parcourir), pourquoi observe-t-on encore là une telle disparité ? Les deux régions ayant à peu près les mêmes superficies (17 577 pour le Sud-Ouest et 17 300 pour le Nord), seule le nombre de structures sanitaires au dénominateur du calcul fait la différence.
Monsieur le ministre d'Etat, ministre de la Santé, certaines régions retiendraient-elles plus votre attention que d'autres ?
Pourtant, vos statistiques nosologiques incitent à beaucoup plus d'attention pour le Sud-Ouest. En effet, en 2006, vous avez enregistré au Sud-Ouest 488 cas d'ulcérations génitales pour 267 dans les Cascades, 467 cas d'écoulement urétral contre 247 dans les Cascades et 19 cas de végétations vénériennes contre seulement 8 chez nos parents à plaisanterie.
Le Sud-Ouest, une région exposée
Monsieur le ministre d'Etat, ces maladies sont reconnues comme des facteurs favorisant l'infection à VIH. Comme vous le constatez, le Sud-Ouest est donc exposé, bien plus que d'autres régions. Dans ces conditions, quelle est la politique de votre département concernant des régions à haut risque comme le Sud-Ouest, particulièrement en matière de VIH/Sida ?
Dans le loba, le Centre médical (CM) de Dessin, à l'instar d'une trentaine d'autres formations sanitaires du pays, qui, au moment de l'érection en Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA), sont restés CM résiduels comme on aime à les appeler dans votre département, attend encore son sort, impatiemment d'autant plus que la dénomination CM ne figure pas dans la pyramide sanitaire de notre pays. Et justement, en ce moment même, des rumeurs circulent et font état du fait que le CM de Dessin deviendrait un CSPS, sans médecin. Les Dissinè ne veulent pas de cela. Ils veulent pouvoir consulter un médecin à Dessin, quelle que soit la dénomination que vous voudriez bien donner à la structure. Monsieur le ministre d'Etat, pouvez-vous rassurer les Dissinè que leur CM ne connaîtra pas une telle déchéance ?
Ceci dit, nous apprécions les efforts que vous faites au niveau national depuis votre arrivée à la tête du département de la Santé pour l'amélioration de l'état de santé des populations. Ceci semble d'ailleurs avoir été reconnu par le Premier ministre qui a décidé, lors de la formation de l'actuelle équipe gouvernementale, de vous élever au rang prestigieux de ministre d'Etat. Nous, au Sud-Ouest, ne pouvons que vous en féliciter, et espérer que du haut de ce piédestal, vous orienterez désormais vos efforts vers notre région afin d'améliorer l'offre de santé faite à nos populations laborieuses.
Soyez assuré, monsieur le ministre d'Etat, ministre de la Santé, de notre profond respect."
De jeunes ressortissants du Sud-Ouest inquiets
Le Pays du 11 mars 2008
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