L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Sur les traces de l'enfance de Tertius Zongo

Doudou-Koudougou

Sur les traces de l'enfance de Tertius Zongo

 

C’est sous un soleil sublime, un ciel menaçant que nous avons démarré à Koudougou pour nous rendre dans le village de celui qui vient d’être nommé nouvellement Premier ministre.

 

Après avoir parcouru 18 km environ, nous voici à Koukouldi où une plaque indique une bifurcation au sud-ouest du village ; nous ne sommes plus qu’à 3 km de Doudou, le village de Tertius Zongo. A 10 h 30, nous faisons notre entrée dans ledit village. Premier édifice rencontré, le dispensaire du village où on nous indique le chemin qui mène au domicile de la famille Zongo. A notre arrivée, une demoiselle nous accueille dans une cour cossue ; c’est la nièce de Tertius Zongo, et nous voilà dans le domicile familial. Après les salutations d’usage et les présentations, notre mission pouvait commencer. "C’est avec une grande joie que nous avons appris la nouvelle", nous a laissé entendre Cécile Zongo, la fille du grand frère de Tertius Zongo. Et de poursuivre en ces termes : "Toute la famille est dans la joie, je peux même vous dire tout le village." Seule dans la cour, les autres proches parents étant tous absents, dont la mère et le frère, tous partis à Ouaga pour partager la joie avec Tertius. Cécile nous conduit chez le vieux Babou Bassolé, un voisin immédiat. Ce dernier nous a aussi confié qu’il était très content de cette nomination, car Tertius est quelqu’un qu’il a vu naître ; une personne pour qui il a beaucoup d’estime pour sa sagesse et sa générosité. Le vieux Babou a, du reste, souhaité que cette nomination soit pour le village une nouvelle ère de développement. Après avoir pris congé de notre interlocuteur, nous avons été conduit dans la cour où a vécu l'élève Tertius quand il faisait ses études primaires. Dans cette cour vivent toujours son grand frère, le pasteur Etienne Zongo, et sa femme Anne Kantoro.

 

Surprise générale

 

Mais à notre arrivée, l’homme de Dieu étant absent, son épouse Anne qui nous a reçu a laissé éclater sa joie : "Nous avons été surpris par cette nomination et nous en sommes heureux." Pour elle, Tertius Zongo est beaucoup apprécié des habitants du village parce qu’il est humble. "Nous souhaitons qu’il garde toujours cette humilité", ajoute-t-elle, avant de prodiguer mille conseils et bénédictions à son petit époux. Surprise par notre arrivée, Martine Zongo, tante de Tertius Zongo, que nous avons trouvée toute joviale, a également été surprise par la nouvelle de la nomination : "Tra était un enfant travailleur, sociable et peu bavard", se souvient-elle, entourée de ses petits-fils. Selon ses dires, Tra (ndlr, nom de Tertius Zongo au village), l’homme qui vient d'être nommé à la primature a beaucoup oeuvré pour le développement du village, et devrait continuer à poser des actes de ce genre non seulement au village, mais aussi à travers tout le pays. Pour Robert Bayili, qui habite non loin de l’endroit où Tertius a vécu sa tendre enfance, c’est une joie immense qui accompagne cette marque de confiance envers un des leurs. Son voeu est de voir le village prospérer dans le domaine de la culture maraîchère. Il souhaite pour cela la réalisation de retenues d’eau qui leur permettront de mener des activités de contre-saisons. Comme qualité intrinsèque qu’il retient du nouveau Premier ministre, son humilité. Il a surtout souhaité qu’il parvienne à faire du pays, un véritable havre de paix.

 

A la recherche d'un ancien ami du PM

 

Après deux heures d’échanges à Doudou, nous avons mis le cap sur Batondo, village situé à 7 km à l’ouest de Doudou. C’est dans ce village que celui qui allait devenir Premier ministre a fait ses premiers pas à l’école primaire. Une vingtaine de minutes nous ont suffi pour nous rendre dans ce village où vivent, dans des cases à l'architecture gourounsi, certains camarades de la promotion du Premier ministre Tertius Zongo. Plus d’une heure de recherche et aucune nouvelle d’un ancien camarade . Les recherches se sont poursuivies, ce jour-là, au marché qui battait son plein. Mais en vain. Quelques minutes plus tard, on nous informe qu’un certain Beli Nebié serait l’un des 33 élèves de la classe de CM2 dans les années 1970. Nous avons vite accouru au domicile de ce dernier, mais il n’y était pas. Il serait dans les environs, nous fait-on savoir. A notre bonheur, le quinquagénaire, machette à la main et épuisé par les travaux champêtres et les maladies, débouche. Il était 14 h 30, et l’entretien pouvait débuter avec M. Beli. "J’ai appris la nouvelle à radio France internationale. J’étais très content parce que quelqu’un de ma promotion venait de rehausser le nom de la région du Centre-Ouest. Nous avons fréquenté l’école ensemble du CP1 jusqu’au CM2. On m’appelait petit Blaise n°1, c‘est-à-dire Beli. Je n’aimais pas la bagarre. Tertius n’aimait pas parler. Il travaillait bien à l’école, il était plus intelligent que moi, mais pas beaucoup hein ! (rires). Ce que j’ai remarqué en lui, c’était son calme. Notre maître s’appelait Vincent Coulibaly, il était de Toussiana. L’école était intéressante, on mangeait toutes sortes de choses en commun. Mon plus grand souvenir, c’est quand j’ai vu Tertius Zongo à la Télévision ivoirienne s’exprimer en tant que porte-parole du gouvernement burkinabè auprès des Etats. A l’époque, j’étais en Côte d’Ivoire, et cela m’a beaucoup marqué. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus physiquement, mais le jour que nous allons nous voir, je crois qu’à travers les visages, nous allons nous reconnaître. Je pense qu’il a tous les atouts pour réussir la lourde charge qui lui vient d’être confiée. Les conseils que j’ai à lui prodiguer, c’est d’être à l’écoute de tous."

 

DZ (Collaborateur)

Le Pays du 8 juin 2007

 

ENCADRE

 

Qu’est devenue l’école où a fréquenté le nouveau Premier ministre ?

 

 C‘est une bâtisse qui a aujourd'hui refait peau neuve. Elle est devenue une école de 6 classes composée de deux bâtiments. L’école compte, pour cette année scolaire 2006-2007, plus de 400 élèves avec 7 enseignants. Comme difficultés à l’heure actuelle, il y a l’insuffisance de logements pour les enseignants, et le manque de salles de classe. La classe de CP1 compte à elle seule 107 élèves.

 

Peuplé d'environ 4000 âmes dont 52% de femmes, Doudou est un village dont l’économie repose essentiellement sur la culture maraîchère et l’élevage.

 

 

 

ENCADRE

Doudou aux anges

Nous avons recueilli les sentiments de certains habitants de Doudou.

 

Timothée Bationo, camarade d’enfance : "J’ai appris la nouvelle avec beaucoup de fierté parce qu’il fut un camarade à moi. Je me souviens de certaines choses comme si c’était hier. A l’époque, j’avais 13 ans quand lui, il en avait 10. Il aimait beaucoup aller cultiver après l’école. Nous avions en son temps formé un groupe et nous partions cultiver à tour de rôle. Si on partait cultiver notre champ aujourd’hui, les jours suivants on partait dans leur champ. Il aimait aussi la lutte, ainsi que les pièces de théâtre. Tertius aimait particulièrement présenter une pièce de théâtre sur la naissance de Jésus. Comme vous le savez, son père était un pasteur, donc il était beaucoup fréquent à l’église. Il s’agit du vieux pasteur Nébilima Jacques qui n'est plus de ce monde. Sa nomination ne m’a pas tellement surpris parce que je le savais sage et compétent. Il était excellent à l’école et prodiguait des conseils à ceux qui manquaient de volonté."

 

Nebié Nebon Robert, président de CVD : "Cette nouvelle ne pouvait que nous réjouir étant donné que cela va rehausser le nom du village. Je m’attendais à une nomination pour lui en tant que diplomate, mais pas à la primature. Il a beaucoup de qualités ; il est sage, sociable et tolérant. Il écoute tout le monde : enfants, jeunes comme vieux. Il a déjà fait des réalisations quand il était ministre de l’Economie et du Budget. Je pense qu’il fera encore plus pour le village."

 

Jean-Baptiste Bayili, natif du village : "J’ai appris la nouvelle quand je prenais mon café ; beaucoup de gens ont sauté de joie. On a même trinqué. Je pense qu’il pourra apporter un changement. Tel que je le connais, il peut redorer l’image de l’économie burkinabè parce qu’il dispose d’un grand potentiel dans ce domaine."

 

ENCADRE

Des Koudougoulais réagissent

 

Outre Doudou, nous avons tendu notre micro à des Koudougoulais qui réagissent eux aussi à la nomination de Tertius Zongo.

 

Auguste Yaméogo, coordinatrice provinciale des femmes du Boulkiemdé : "Cette nomination est à saluer parce que c’est un fils de la région qui vient d’être porté à la tête du gouvernement burkinabè. Je remercie d’ailleurs le chef de l’Etat pour cet acte qu’il vient de poser en faveur de la région du Centre-Ouest. Je pense qu’il a fait un bon choix parce que Tertius Zongo est un économiste pétri de talents. Je crois que cette nomination va apporter une bouffée d’oxygène à la ville de Koudougou qui en avait tant besoin. Je lui souhaite beaucoup de courage et qu’il trouvaille plus que ses prédécesseurs."

 

Zama Boni, agent de santé au CHR de Koudougou : "Cette nomination est une bonne chose parce que c’est un homme d’expériences. Je me dis qu’il saura poser des actes positifs pour la région du Centre-Ouest et pour l’ensemble du pays. C’est vrai, depuis un certain temps, Koudougou connaît un recul sur le plan économique. Il est à souhaiter donc que cette nomination apporte un plus pour que la ville puisse aller de l’avant."

 

Ambroise Zongo : "C’est une nouvelle que j’apprécie. Mon souhait est qu’il oeuvre au développement de la région. Je ne saurai mieux l’apprécier qu’à travers les actions de développement qu’il aura à poser. Comme vous le voyez, il n’y a pas de projets dans la région, et comme il est un fils de la région, c’est sûr qu’il le sait. Donc, il saura quoi faire pour que les choses changent."

 

Xavier François Sondo, MBDHP / Boulkiemdé : "C’est normal pour le changement parce qu’après chaque élection le président doit nommer un Premier ministre. Donc, c’est un choix du chef de l’Etat ; nous attendons de voir comment il va travailler. Comme on le dit, on attend le maçon au pied du mur ; je ne peux donc rien dire pour l’instant. Je ne pense pas qu’il puisse apporter grand-chose à la région puisqu’il a été ministre de l’Economie et du Budget sans que les choses n'aient bougé. Il appartient à l’ensemble des fils de la région de s’unir afin de parvenir à un changement. Comme je l’ai dit, nous attendons de voir quelle politique il va mener dans le cadre des relations entre syndicats, la société civile et les politiques pour que la démocratie puisse s’enraciner dans le pays."

 

Propos recueillis par DZ (Collaborateur)

Le Pays du 8 juin 2007



08/06/2007
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