Tertius Zongo et François gagnent la manche contre Salif Diallo
Départ de Salif Diallo du gouvernement
Tertius Zongo et François gagnent la manche
De mémoire de Burkinabè, rares sont les remaniements ministériels qui ont fait l’objet d’explications officielles. Sauf celui qui, en 2005 avait emporté les ministres Mathieu Ouédraogo, Alphonse Bonou et Toudoum Sessouma que le porte-parole du gouvernement avait qualifié de « réaménagement technique ». Que l’on nous avance des raisons ou pas, nous savons tous qu’un remaniement n’est pas fait pour rien. Par conséquent, la mise à la touche de Salif Diallo nous fait penser à ce remaniement de Janvier 2004 où le ministre de
Salif Diallo a-t-il été dépouillé de ses forces ?
Le départ de Salif Diallo du gouvernement accentuera ou alimentera davantage le débat en cours. Les rapports déjà exécrables entre ce dernier considéré comme le « fidèle des fidèles » du Président Blaise Compaoré et François Compaoré, frère cadet et conseiller du président peuvent-ils être la cause de cette éviction ? Nous sommes tentés de répondre par la négative parce que François Compaoré n’a pas d’emprise directe sur le gouvernement même si bon nombre de ses proches s’y trouvent. Que son influence puisse faire débarquer Salif Diallo, il faudra bien que le Premier ministre Tertius Zongo et le Président Blaise Compaoré soient influençables par François Compaoré. Ce qui voudrait aussi dire que son différend avec Salif Diallo va au-delà pour être celui avec le Président Blaise Compaoré. Pour l’instant, il s’agit d’un limogeage. L’explication qui semble plausible reste le conflit de compétence ou de leadership entre le Premier ministre Tertius Zongo et son ministre d’Etat Salif Diallo. Beaucoup d’informations ont couru les rues sur ce bicéphalisme au sein du gouvernement. Cette thèse semble corroborer ce que le Président Compaoré et le Premier ministre Zongo ont dit après ce remaniement. En effet, le Président Compaoré a dit : « Le réaménagement du gouvernement procède toujours d’une volonté de donner plus de cohérence à une équipe pour l’action, de donner plus de motivation à cette équipe ». Quant au Premier ministre : « Tout remaniement est une reconnaissance des efforts accomplis, mais également une volonté d’aller plus de l’avant. Je crois que le souci d’un gouvernement c’est plus un souci de collégialité, un souci d’investir dans le long terme ». Nous retenons des deux propos les termes majeurs tels que : « la cohérence, la motivation et la collégialité ». Voila les maîtres mots qui manquaient à l’équipe gouvernementale et justifient le remaniement ou réaménagement qui a été fait. Ce qui nous permet de dire que c’est la présence de Salif Diallo qui était l’obstacle au bon fonctionnement du gouvernement. Mais les interrogations continuent. Qu’a-t-il fait à Tertius Zongo ? Son refus d’allégeance ou son insubordination seraient-ils ses principaux péchés ? Entre lui et le Premier ministre, il pourrait avoir un problème de vision et même d’idéologie. Le « tout libéral » pourrait être un point de divergences. Malgré le fait que le Premier ministre soit son supérieur hiérarchique, Salif Diallo a dit qu’il n’était ni servile, ni un yes man. Nous ne voyons pas réellement Salif Diallo entrain de se faire tirer les oreilles par le Premier ministre du moment que chacun sait d’où il vient. Chacun sait ce qu’il a fait pour être là où il est aujourd’hui. Le Premier ministre reproche-t-il à Salif Diallo un manque de collégialité dans l’action gouvernementale ? La semaine dernière, un article du journal intitulé : “Salif Diallo : Une absence et un silence qui intriguent” évoquait le fait que le ministre d’Etat était absent des délégations gouvernementales pendant la crise. Nous ne l’avons pas non plus entendu sur la situation. pendant que certains ministres s’échinaient à expliquer aux Burkinabè le bien fondé des mesures prises contre la flambée des prix, nous avons vu le ministre d’Etat Salif Diallo avec des producteurs dans l’Ouest du Burkina. Malgré tout ce qu’on reproche à Salif Diallo pour justifier son départ du gouvernement, beaucoup de Burkinabè lui reconnaissent assez de mérites en commençant par le Président Compaoré : « Nous devons reconnaître les mérites de son action à la tête des différents départements ministériels ». Même si cet avis vise à apaiser les conséquences d’une situation qu’il a créée.
Une décision grave
Aucun ministre ne peut être éternel dans un gouvernement. Dans cette situation de crise, le limogeage de Salif Diallo est un incident politique très grave. En effet, dans la lutte de clans qui fait rage, cette décision prend faits et causes pour François Compaoré. Aussi, une telle décision confirme-t-elle que le ministre d’Etat serait-elle le commanditaire des manifestations puisqu’une certaine presse l’en avait accusé. La dernière chose qui nous permettra de voir clair dans cette affaire sera le sort de Salif Diallo dans les instances du parti et le nouveau poste qu’il occupera. Quand la question a été posée au Président Compaoré sur la destination de Salif Diallo, il a répondu que cela ne regardait pas les journalistes. Même si c’est lui qui fait et défait ses hommes, l’avenir politique de Salif Diallo préoccupe plus d’un Burkinabè. Dépouillé de sa carrure d’homme d’Etat, pourra-t-il rester un homme politique toujours influent ? Wait and see.
Nabi Youssfou
L’Indépendant du 1er avril 2008
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