L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Quatrième législature

Quel Premier ministre pour le premier gouvernement ?

Paramanga Ernest Yonli sera-t-il reconduit ou pas au poste de Premier ministre ? Question qui taraude les esprits, conséquence logique des dernières élections législatives.

Il est vrai que la majorité parlementaire ne change pas de camp mais les normes du fonctionnement républicain des institutions imposent au Premier ministre de rendre le tablier. Il le fera sans doute quand la Conseil constitutionnel aura confirmé les résultats du scrutin du 6 mai et que la nouvelle Assemblée nationale aura pris fonction. Tout cela ne devrait plus guère tarder et au plus tard dans la première décade de juin les Burkinabè devrait être fixés. En attendant on ne peut empêcher les conjectures d'aller bon train tant il est vrai que les législatives ont toujours été un moment extrêmement important dans la vie des institutions républicaines. En effet, elles conduisent au choix d'un président de l'Assemblée et d'un Premier ministre, troisième et deuxième personnalité de l'Etat avec toutes les conséquences que cela implique dans la vie de la nation. Pour le cas présent, le CDP s'étant succédé à lui-même en tant que parti majoritaire, il n'y a pas de grands chamboulements à attendre. Certainement des changements d'hommes surtout au niveau de l'exécutif, histoire d'éviter la routine sclérosante de l'administration publique, premier moteur dans la mise en œuvre du programme présidentiel. Ce renouvellement d'élan, on l'a bien senti en novembre 2000 quand Paramanga Ernest Yonli a été appelé à succéder à Kadré Désiré Ouedraogo. Sept ans après on s'aperçoit bien que l'homme n'a pas chômé à son poste : dialogue social, dialogue politique, interpellation de ses ministres, bon suivi des projets de développement, esprit d'ouverture …EPY a été un bon Premier ministre. Et pour reprendre un slogan publicitaire bien connu, « on n'est jamais leader par hasard ». Il a été l'homme du moment et peut se prévaloir d'un bon bilan en presque 7 ans de coordination de l'action gouvernementale. On pourrait alors conclure qu'on ne change pas un Premier ministre qui gagne. Oui et non. Non, parce que la logique voudrait qu'on le garde pour continuer de bénéficier de ses bons et loyaux services. Oui, parce que, avons-nous déjà dit, l'appareil d'Etat pour être efficace a un besoin constant d'initiatives nouvelles dont la pertinence est toujours plus lisible et mieux portée par un changement d'hommes. Il ne faut donc pas exclure que Blaise Compaoré change de Premier ministre sans que cela soit pour autant un désaveux de l'actuel. Au contraire, cela peut relever d'une stratégie de ne pas épuiser à la tâche un bon et loyal serviteur de l'Etat. Et ce ne sera pas la première ni la dernière fois que Blaise Compaoré mettrait un cadre comme en jachère de la République. Si donc Yonli était appelé à d'autres fonctions, qui pourra lui succéder à la primature ? Les pronostics sont ouverts. Faites vos paris en ayant à l'esprit que le président du Faso nous a habitué aux choix des outsiders dans le cas d'espèce. Qu'importe qu'il soit bien connu ou pas bien connu du sérail, l'essentiel pour le nouveau Premier ministre sera d'aller au charbon avec une énergie contagieuse et sans autre ambition que celle d'impulser une dynamique nouvelle au dialogue social, politique, à la lutte contre la pauvreté, etc. De fait les Burkinabè ont besoin d'un Premier ministre bosseur qui, sans être apolitique, ne soit pas englué dans des querelles de personnes, de clans ou tendances, plus préoccupé par ses arrières politiques qu'une coordination méthodique du travail gouvernemental. Les récents remous à plusieurs niveaux du front syndical sont un signal de la demande sociale très forte des Burkinabè. Voilà le président du Faso prévenu. A lui de jouer !

Djibril TOURE

L'hebdomadaire du Burkina du 18 au 24 Mai 2007