Troc macabre au Moyen-Orient
Israël / Hezbollah
Troc macabre au Moyen-Orient
Des ossements humains contre cinq prisonniers. Voilà l’échange funeste auquel ont procédé le Hezbollah, libanais, et Israël. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet événement a largement dominé l’actualité internationale, retransmis en direct par les télévisions du monde entier. C’est l’aboutissement de tractations menées entre les deux parties sous l’égide de l’Allemagne et du Comité international de
Jubilation au Liban, tristesse et deuil en Israël, où, contre tout espoir, on avait espéré et prié pour que les deux soldats soient toujours en vie. Mais hélas ! les deux cercueils noirs ont été le signe cruel du destin fatal des deux soldats de Tsahal.
Dans ce troc macabre, on ne peut que voir, une fois encore, la défaite d’Israël, qui a plié l’échine devant l’armée du Parti de Dieu. En effet, l’Etat Hébreu, à première vue, sort perdant de cet échange, puisqu’il a dû consentir à libérer des prisonniers pour prendre, en retour, des macchabées. Cependant, il y a de quoi s’en féliciter, puisque, contrairement au Hezbollah, qui a vite fait de trucider ses deux otages, lui a eu le mérite de garder ses prisonniers en vie. Il n’y a qu’à voir le cas de Samir Kantar, qui quitte tout dodu la prison après 30 ans de réclusion criminelle. On n’en revient pas quand on sait qu’il a pu poursuivre ses études secondaires et universitaires et s’est même marié. Une chance que les soldats de Tsahal n’ont pas eue…
Mais, quoiqu’on dise, Israël tire quelques satisfactions morales de ce troc, pour le moins inhabituel. En effet, grâce à ce compromis, qui frise la compromission, les familles pourront faire le deuil des soldats liquidés. Ça n’a l’air de rien, mais il ne faut pas négliger la charge psychologique et spirituelle de ce troc. C’est aussi le signe qu’Israël tient à ses citoyens, morts ou vifs.
Maintenant, il reste à savoir à quoi tout cela va aboutir. Tant mieux, et on applaudira tous, si ça peut servir la cause de la paix. Mais si ça doit créer un précédant, en instituant purement et simplement ce genre d’échange-marchandises entre les deux parties, alors là, on ne sera pas sorti de l’ornière.
C’est pour cela que le faste avec tapis rouge du Hezbollah est indécent et pas propice à l’apaisement des cœurs, puisqu’il contraste avec le deuil et l’amertume de l’autre côté de la frontière. Car, dans cette poudrière que constitue le Moyen-Orient, où rien n’est jamais définitivement acquis, il suffit d’une toute petite provocation pour que tout dégénère.
Au bout du compte, s’il y a quelqu’un qui doit s'en frotter les mains, c’est bien Samir Kantar, lui qui a eu la chance d’aller très tôt en prison (à l’âge de 17 ans). Parce qu'il est libre à 47 ans, on peut dire qu’il a toute la vie devant lui, alors qu’il n’a pas laissé ce bonheur à l’Israélienne Einat, cette fillette de 4 ans qu’il a tuée, en fracassant son crâne à coup de crosse.
On peut supposer qu’en dessous de tout cela, il y a un accord secret, dont on ne connaît évidement pas les termes. Sinon il est difficile de comprendre ce geste de bonne volonté de la part de l’Etat Hébreu, qui a toutes les allures d’une capitulation. Dans tous les cas, on vient d’assister à une modification sinon à un rééquilibrage des forces au Moyen-Orient. Et qui sait si ce n'est de ce rééquilibrage que naîtra la paix en terre sainte puis dans le reste de la région.
San Evariste Barro
L’Observateur Paalga du 17 juillet 2008
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