Un conflit foncier persistant au secteur 16 de Ouaga
Secteur 16 de Ouaga
Un conflit foncier persistant
Dans l'écrit ci-dessous, des résidents de la Zone pilote, secteur 16 de Ouagadougou, font l'histoire du lotissement de leur quartier et du conflit qui les oppose à un ex-gendarme décidé à y occuper un terrain.
"Monsieur le Directeur,
Dans la rubrique "Confidences du Week-End" de votre journal du lundi 10 septembre, vous avez bien voulu évoquer le problème qui oppose les résidents de la section IK de la Zone pilote du secteur 16 à un ex-gendarme répondant au nom de T. M. au sujet d'un terrain.
Pour éclairer davantage l'opinion publique et, peut-être, les autorités en charge du foncier, nous, habitants de la zone concernée par le conflit, vous serions reconnaissants de publier ces quelques éléments dans votre quotidien.
A titre de rappel, la Zone pilote, comme son nom l'indique, a été créée à l'initiative des autorités de ce pays, et réalisée grâce au concours de la Banque mondiale dans les années 1972-1974. L'objectif visé était d'assurer des logements décents aux populations à faible revenu. Pour ce faire et pour plus d'équité et de justice, un tirage au sort avait été effectué pour les personnes qui remplissaient les conditions édictées et inscrites pour l'opération. Les attributaires à l'issue du tirage au sort devaient s'acquitter de la somme de vingt-cinq mille (25 000) francs CFA avant de bénéficier d'un prêt à faible taux d'intérêt à la Banque nationale de développement (BND).
Pour qui connaît la Zone pilote, la particularité de son lotissement est qu'il y a de nombreux culs-de-sac et d'emprises, comme l'atteste son plan de lotissement. Il faut préciser que toutes les attributions ont été effectuées une fois pour toutes en son temps et pour toutes les 600 parcelles que comptait le projet.
Tous les propriétaires détiennent par-devers eux les plans de lotissement du quartier qui devaient d'ailleurs accompagner les demandes d'autorisation de construire. Les parcelles sont standardisées et mesurent 15 m sur 25 m.
Un espace de jeu pour les jeunes
C'est en 2001 qu'un monsieur vint déposer des agrégats contre les parcelles 422 et 423 et sur l'emprise de la rue 16.174 à l'effet de construire un bâtiment, arguant qu'il avait été attributaire de cet espace comme parcelle d'habitation depuis 1978.
C'est alors que les jeunes à qui cet espace servait de terrain de jeux depuis leur tendre enfance se sont opposés à la construction de bâtiment sur ces lieux, ce qui dénaturerait leur cadre de vie. Ils ont intimé l'ordre aux ouvriers d'arrêter les travaux. Faut-il le rappeler, les premiers résidents de ce quartier sont venus dans les années 1974-1975 et la plupart des jeunes qui manifestent y sont nés. Devant la détermination des jeunes, l'intéressé a reculé mais pas cédé puisqu'il a convoqué les habitants à la mairie de l'arrondissement de Boulmiougou en vue de faire valoir ses droits. Là encore, la délégation du quartier est restée sur sa position car sur le plan du lotissement initial en possession de chacun, l'espace incriminé n'était pas destiné à une parcelle d'habitation.
Nous savons, par ailleurs, que le déclassement d'une zone relève de la compétence du Conseil des ministres, chose que nous n'avons jamais apprise concernant notre quartier. Pour preuve, les installations des services de téléphone (ONATEL) et de l'ONEA traversent ledit espace en longeant les murs des parcelles avoisinantes. C'est la preuve qu'ils ont travaillé avec les plans originaux.
Après un moment de silence, l'intéressé est revenu sur le terrain avec les mêmes intentions, mais s'est heurté à la même détermination des jeunes qui l'ont empêché de faire les travaux. A l'issue de cela, une seconde convocation a été adressée aux jeunes par le maire de l'arrondissement de Boulmiougou pour, semble-t-il, recueillir plus d'informations sur ce différend qui reste pendant.
Si un deuxième lotissement est intervenu par la suite dans la même zone, nous émettons un sérieux doute sur le caractère licite d'une telle opération d'autant qu'elle tend à transformer les espaces en parcelles.
Enfin, il faut également rappeler que par lettre en date du 12 août 2005, l'attention de monsieur le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation avait été attirée sur le risque de débordement que ce problème pouvait provoquer. Pour notre part, et sans connaître la suite réservée à cette lettre, nous disons qu'à l'exception d'une décision de déclassement prise par les instances compétentes, nous tenons à réaffirmer notre opposition à cette occupation anarchique des espaces verts et réserves dans notre zone.
Ouagadougou, le 16 novembre 2007
Pour les résidents
El Hadj Salif Ouédraogo
Tibo Bruno Ouermi
Le représentant des jeunes
Issaka Wangrawa
Le Pays du 21 novembre 2007
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