Une grosse hypocrisie (J.O. de Pékin et droits de l'homme )
J.O. de Pékin et droits de l'homme
Une grosse hypocrisie
Qu'elle fut mouvementée, l'escale parisienne de la flamme olympique, qui devait être relayée hier par 80 athlètes et personnalités, du premier étage de
En vain ! Car les incidents se sont multipliés lundi dès le départ du relais, le cortège pourtant réglé comme du papier à musique ayant souvent été bloqué par les manifestants, notamment Reporters sans frontières (RSF), qui est parvenu à déployer un drapeau noir frappé de cinq menottes représentant les cinq anneaux olympiques. Tant et si bien que les organisateurs ont dû modifier l'itinéraire du flambeau, sautant l'étape-charnière de l'hôtel de ville, la flamme terminant son périple éteinte et dans un bus.
Pari réussi pour les contestataires, qui sont parvenus à prendre en otage ce qui devait être une fête. Plus que jamais donc, ce qui devait n'être, en août prochain, qu'un événement sportif majeur, le plus important sur terre après
Les croisés des droits de l'homme, on ne le sait que trop, ne veulent manquer aucune occasion de faire une mauvaise publicité à
De ce point de vue, Paris aura été à la hauteur de sa réputation. La patrie du baron Pierre de Coubertin, l'inventeur des J.O. modernes, mais aussi celle de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen ne pouvait décemment pas se dérober à ce qui semblait être son devoir, et on ne peut que se féliciter de cette désapprobation générale, qui ira crescendo au fur et à mesure qu'approchera le 8 août, date de l'arrivée de la torche (qui aura alors parcouru
Pour autant, on se demande si l'agitation des droits-de-l'hommistes n'est pas vaine, car, à la clameur de mécontentement de la société civile, qui se répand à travers la planète, répond en écho l'agacement voire l'apathie des dirigeants occidentaux, plutôt gênés aux entournures, dans la mesure où ils n'ont pas envie de se fâcher avec le milliard et demi de bouches chinoises; mais aussi et surtout l'indifférence, le cynisme même de Pékin, qui ne fait jamais l'économie d'une provocation.
Après s'être entraînés sur les Tibétains, en prévision de l'épreuve de tir, comme sur des lapins de garenne pas plus tard que début mars, les dirigeants chinois ne viennent-ils pas de condamner le dissident Hu Jia à trois ans et demi de prison pour tentative de subversion, simplement parce qu'il a publié sur Internet des articles critiques sur le régime et accordé des entretiens à la presse étrangère ? Si l'on voulait une preuve supplémentaire du mépris que Beijing a pour les droits de l'homme et pour ceux qui les défendent, on l'a. Surtout, Hu Jintao et ses camarades montrent clairement que ce ne sont pas les cris d'orfraie que poussent les croisés de la démocratie qui leur feront changer leur fusil d'épaule. Que les manifestants parisiens se le tiennent pour dit.
En vérité, toute cette fébrilité semble procéder d'une grosse hypocrisie. Quand on attribuait en
Comme chacun le sait, la force humaine que constitue ce pays et la puissance économique qu'il est en train de devenir érigent une précieuse Muraille contre les agressions extérieures et les tentatives de diktat. De sorte que les despotes pékinois peuvent dormir tranquilles, puisque personne ne peut rien, ou pas grand-chose contre eux. Quand on veut des parts de marché pour ses multinationales, on trouve les mots, à l'image de Nicolas Sarkozy et de Rama Yade, sa secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, pour ne pas être trop dur avec un Empire du milieu qui a de surcroît un droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.
Regardez avec quel courage remarquable le locataire de l'Elysée et sa sous-ministre se dédisent au sujet des trois conditions (1) qu'aurait posées Sarko pour assister à l'ouverture de ces J.O. à controverse ! Regardez avec quel sens consommé de la litote les responsables français ont appelé, sur les badges que les athlètes portaient hier, à "un monde meilleur" pour rappeler leur attachement aux droits de l'Homme comme si cette expression était subitement proscrite du vocabulaire officiel.
Puisque donc on ne peut rien contre le voleur, ne vaut-il pas mieux, ainsi que le recommande une sagesse africaine, l'aider à transporter les biens qu'il vient de vous dérober? Laissez donc
Ousséni Ilboudo
L’Observateur Paalga du 8 avril 2008
(1) : La fin des violences contre la population, la lumière sur les événements au Tibet et l'ouverture d'un dialogue avec le dalaï lama
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