Visite de Poutine en France : Pauvre de Medvedev !
Visite de Poutine en France
Pauvre de Medvedev !
C’est en principe aujourd’hui que le premier ministre français, François Fillon, reçoit le président… pardon… le Premier ministre russe, Vladimir Poutine. Sur invitation de son homologue français, a précisé le service de presse du gouvernement, dans un communiqué aussi ennuyeux qu’une vache sous sédatif. Reste à vérifier la paternité de cette invitation. Elle émanerait du chef de gouvernement français, et on n’a pas besoin d’avoir fait Siences-po pour savoir qu’il s’agit, ni plus ni moins, que d’un voyage d’Etat pour Poutine qui, en réalité, détient la totalité de tous les pouvoirs en Russie depuis qu’il a installé son obligé, Dimitri Medvedev, au Kremlin. En bon judoka, l’ancien président russe a bien ficelé son affaire. Il a pris soin d’installer sur le fauteuil présidentiel un homme lisse ayant cheminé avec lui pendant 17 ans et qui n’a d’autre ambition que de le servir. D’ailleurs, la passation de service entre les deux compères en disait long sur la prétendue liberté de manœuvre du nouveau «chef» du Kremlin. C’est le président sortant qui a joué au maître de cérémonie et a même emporté avec lui le symbole du pouvoir dans toutes les civilisations : le fauteuil. Cela n’a nullement gêné le nouveau maître des lieux, qui a offert à son ami, sur un plateau d’argent, un poste de Premier ministre en attendant de revenir au sommet du pouvoir à la faveur de la prochaine élection présidentielle en 2012. Ce n’est même pas sûr que le Téléphone rouge et la mallette dans laquelle se trouve le bouton qui permet de déclencher la guerre nucléaire et qu’on lui a remise sont toujours en état de marche.
L’invitation du discret François Fillon à Poutine s’achève par cette formule, que l’on voulait discrète et qui dit que «pendant sa visite, il sera reçu par le président Sarkozy». Ne fallait-il pas commencer la correspondance par cette phrase ? Car nul n’est dupe ! Et pendant qu’on y est, pourquoi le voyage d’un premier ministre fait-il autant de bruit ? Parce que tout simplement, le vrai pouvoir en Russie aujourd’hui a changé de camp. Il n'est plus au Kremlin, entre les mains du nouveau Tsar d’opérette, mais a suivi Poutine dans ses nouveaux appartements. Du 28 au 29 mai, ce dernier sera en France pour rendre visite à son ami le président français, dont les propos sur
Pauvre de Medvedev ! Lui qui a remporté les élections avec un respectable suffrage de 70%, mais qui ne peut pas ou ne veut pas régner. Dans quelle galère s’est-il mis, celui-là ? Compte-t-il rester un obscur président réduit à inaugurer les chrysanthèmes jusqu’à la fin de son mandat ? Dans le 2e Etat le plus puissant du monde et dans un régime qui est loin d’être parlementaire, mais plutôt présidentialiste ?
Beaucoup en doutent. Pour ces derniers, l’ours (Medved, la racine du nom de l’actuel président, signifie ours) risque de sortir de son hibernation un jour. Ses relations avec son parrain pourraient en prendre un grand coup et à ce moment, Poutine aura perdu le contrôle de sa marionnette. Alors, il sera obligé de faire le deuil de son espoir d’être réélu pour un troisième mandat en 2012.
Issa K. Barry
L’Observateur Paalga du 29 mai 2008
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