Une mère, son frère et un agent de santé excisent deux filles
Niankar
Une mère, son frère et un agent de santé excisent deux filles
A Niankar, village rattaché à la commune de Banfora et qui se trouve à une quinzaine de kilomètres au sud de Banfora, deux filles âgées de 9 et 14 ans ont été excisées par la volonté de leur mère avec la complicité de leur oncle. Cas singulier, l'acte a été exécuté par un agent de la santé dont l’identité reste toujours méconnue.
L’acte crapuleux est intervenu en début du mois de juin. La mère des filles a informé la famille qu’elle se rendait à Banfora avec ses enfants pour prendre part à une cérémonie culturelle des forgerons. Quelques jours plus tard, elles revinrent toutes les trois mais les membres de la famille et les voisins ont remarqué des changements dans le comportement des filles. Elles étaient toujours couchées et marchaient très péniblement. La curiosité d’un proche de enfants l’amena à interroger la plus jeune qui sans détour a déclaré qu’elle avait été excisée durant leur séjour à Banfora. Ne pouvant supporter ce crime, un habitant du village qui a requis l’anonymat, a, au cours d'une mission externe que la brigade territoriale de gendarmerie de Banfora menait à Niankar le 18 juin 2007, informé les pandores de ce que les deux filles venaient de subir. C’est ainsi que leur mère sera interpellée à la brigade le lendemain 19 juin où elle passa aux aveux. Elle reconnut avoir amené ses filles chez son petit frère installé à Banfora, au début du mois de juin. Ce dernier a conduit les enfants à Séréfédougou, un village situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Bérégadougou et c’est là qu’a eu lieu l’excision. Selon la mère, son frère avait pris attache avec un agent de santé dont elle ignore l’identité et c’est ce dernier qui aurait excisé les filles. Toutefois, la gendarmerie n’est pas parvenue à vérifier cette déclaration de la mère fautive d’autant plus que le pied de grue au domicile du frère ne permettra pas de mettre la main sur lui. Ayant certainement appris l’interpellation de sa soeur, l’oncle des filles a vite fait de prendre la poudre d’escampette. La santé des filles est hors de danger, apprend-t-on du côté de la gendarmerie, mais elles semblent très affectées par ce qu’elles ont subi. La mère qui se retrouve seule à la responsabilité de l’excision de ses enfants est présentement détenue à la Maison d’arrêt et de correction de Banfora, attendant d’être jugée et sanctionnée.
Des indiscrétions attestent que la pratique est courante chez certains agents de santé qui pourtant devraient être en première ligne du combat contre le fléau. Au moment où on a tendance à croire que les messages de sensibilisation ont fait leurs effets, on apprend que lors de l'accouchement, des parents sollicitent le service d'agents de santé moyennant rétribution pour exciser leur fille avant de quitter la formation sanitaire. Ainsi, l’excision passe inaperçue puisque difficile à remarquer quand c'est d'un bébé qu'il s'agit. Certes la brigade de gendarmerie n’a pu vérifier toutes ces déclarations mais à travers son commandant, elle reconnaît que demain ne semble pas être la veille de la victoire sur la pratique de l’excision, surtout si des agents de santé se transforment en exciseuses ou exciseurs. Toutefois, le concours de la population est souhaité, avec la garantie de l’anonymat, pour dénoncer les éventuels cas qui viendraient à se produire.
Par Mamoudou TRAORE
Le Pays du 11 juillet 2007
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