Université de Koudougou : Enfin la fin du bras de fer ?
Université de Koudougou
Enfin la fin du bras de fer ?
Cette année, la sérénité et la similitude de points de vue sont les choses les moins partagées à l’université de Koudougou (UK) : un bras de fer oppose les étudiants de l’Institut universitaire de technologie (IUT) aux responsables de l’université au sujet des revendications corporatistes. Le lundi dernier, les autres étudiants, conduits par le Comité exécutif de l’ANEB, sont entrés dans la danse par une grève de 48 heures sur fond de sit-in et d’assemblée générale. Fort heureusement, on a l’impression qu’on se dirige vers la fin de ce bras de fer, car, apparemment, les uns et les autres ont décidé de diluer leur vin.
Hormis les autres mouvements d’humeur des étudiants, observés en début d’année, c’est depuis le 20 février que les choses ont commencé à se dégrader entre les étudiants de l’IUT et leur direction, puis entre l’ensemble des étudiants et la présidence de l’UK. Ce jour-là Fulgence Yaméogo, délégué général des étudiants de l’IUT de l’UK, et ses camarades ont introduit une lettre de doléances auprès de la direction de l’IUT.
Dans la réponse de Kalifa Traoré, directeur de l’IUT, tombée le 27 février, quatre doléances ont été traitées favorablement, soit la remise des copies des devoirs avant le devoir suivant, l’accord d’un temps d’étude avant les devoirs, l’accès à la salle d’informatique, l’instauration d’une licence professionnelle après le DUT. Les trois principales revendications ne trouvent pas de réponse conformes aux attentes des étudiants ; il s’agit de celles préconisant 10 comme moyenne de passage, la session de rattrapage puis le redoublement pour ceux qui n'auraient pas cette moyenne.
C’est ces trois points de désaccord qui ont durci les positions ; ce qui explique les différents arrêts des cours par les étudiants depuis cette date. Le lundi 23 avril, le comité exécutif de l’ANEB s’invite dans la danse à travers une grève de 48 heures. Selon son président, en l’occurrence Kambou Antoma Sylvestre, si le comité exécutif s’est impliqué dans la lutte corporatiste des étudiants de l’UIT, c’est parce que la direction de cet institut s’est dit incompétente pour traiter les trois revendications des élèves. La corporation n’étant pas habilitée à discuter avec la présidence de l’UK, le comité exécutif était donc en droit, selon les textes de l’ANEB, de prendre le relais.
Au dire de Kambou, les échanges avec l’administration de l’UK n’ont pas abouti, car la présidence aurait laissé entendre qu’il était impossible d’avoir des documents pour l’IUT, qu’il était impossible d’organiser une session de rattrapage, et, concernant le redoublement, la réponse aurait été vague avec la possibilité que ce point soit discuté au niveau du Conseil de la formation et de la vie universitaire (CFVU).
De son côté, la présidence de l’UK, qui a reçu les journalistes pour une conférence de presse, a donné un autre son de cloche sur la question ;
c’était ce même lundi 23 avril à 16 heures. A l’occasion, le président de l’UK, Bila Gérard Segda, avait à ses côtés le secrétaire général de l’UK et le chargé de la communication. Gérard Segda a expliqué aux hommes de média les principes de création, d’inscription et de fonctionnement dans les UFR, les facultés, les instituts et les écoles. Si pour les deux premiers, l’inscription est libre sous réserve du respect des conditions édictées pour les instituts et les écoles, l’accès est soumis à un test. L’avantage, pour les étudiants de la 1re année de l’IUT de Koudougou, ouverte cette année seulement, c’est qu’il n'y n’avait pas suffisamment de postulants, ce qui fait que la totalité des inscrits a donc été acceptée, soit 19 étudiants en secrétariat de direction et 52 en finances-comptabilité.
Le président de l’UK nous a informé que les étudiants, dès le 24 octobre, ont été mis au courant des textes qui régissent l’IUT lors d'une rencontre avec le directeur de l’IUT. Entre autres, on retiendra la moyenne de 12 au moins pour passer, l’absence de redoublement et de session, contrairement à ce qui existe dans les UFR et les facultés, la note éliminatoire… Ces dispositions existent depuis avril 2006 avant même l’ouverture effective de l’IUT. Du reste, l’arrêté du 18 juillet 2006 que nous a remis le service de communication de l’UK est clair là-dessus et ne souffre d’aucun amalgame, surtout en son article 40, chapitre I, titre VI portant admissibilité ; il y est stipulé que : «Pour être admissible, le candidat doit justifier d’une moyenne au moins égale à 12/20 à l’ensemble des épreuves d’admissibilité. Toute note à une matière, inférieure ou égale à 5/20, est éliminatoire». L’article 47 des mêmes dispositions précise que «chaque année, il est organisé une session unique d’admissibilité». Quoi qu’il en soit, une rencontre avec la présidence de l’UK et le comité exécutif de l’ANEB, tenue le 18 avril 2007, a repassé en revue toutes ces questions et fait l’état des points de revendication ayant trouvé satisfaction et de ceux auxquels l’université ne peut accéder sous peine de violer ses propres textes.
Cependant, nous a confié le président, concernant le droit au redoublement, il a été dit à l’ANEB que la question va être soumise pour étude et qu'une décision serait prise par le Conseil de la formation et de la vie universitaire (UFVU), qui est l’organe décisionnel et dont la prochaine session est prévue pour le mois de mai prochain. Le président déplore le fait qu’avec ces mouvements et de telles exigences, les étudiants veuillent les contraindre à rabaisser le niveau de la formation ; ce qu’il refuse catégoriquement, car, pour Gérard Segda, il n’est pas question pour eux de jouer aux complaisants, sous peine de dévier l’université de son ambition première, qui est de former l’élite. Du reste, c’est l’étudiant qui s’adapte au système éducatif et de formation et non le contraire. Sur ce point, le président de l’UK est catégorique : «S’ils ne font pas les cours, s’ils ne font pas les évaluations, on prendra acte de cela en fin d’année, et chacun récoltera ce qu’il aura semé».
Apparemment Kambou Antoma Sylvestre et ses camarades ne veulent pas arriver à cette extrémité, car, au cours de l’AG du mardi dernier, les étudiants ont été informés que les négociations ont permis d’avoir quelques points de satisfaction, comme la promesse du directeur de l’IUT de prendre contact avec les autres IUT (Bobo, Ouaga) afin de trouver et de mettre à leur disposition des documents pour la bibliothèque. Une promesse a également été faite de soumettre la question du redoublement à la session du CFVU… Selon Kambou Sylvestre, les étudiants ont émis des inquiétudes quant à l’absence de document contenant ces promesses, mais ils ont tout de même apprécié les avancées enregistrées, et décidé de reprendre les cours hier mercredi en suspendant leur grève.
On se réjouit que l’ange de la tolérance et de la concorde soit revenu, et on espère que c’est pour longtemps, car on n’en finira jamais totalement avec les revendications dans une université ; ce qui pourtant serait l’idéal. On souhaite en tout cas qu’on puisse bannir les bras de fer, aux issues souvent incertaines, qui, le plus souvent, font perdre inutilement du temps ; ce qui est préjudiciable surtout aux apprenants.
Cyrille Zoma
L’Observateur Paalga du 26 avril 2007
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