L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Y en a marre de ces ouvrages bâclés

Effondrement d'un pont sur l'axe Dori-Ouaga

Y en a marre de ces ouvrages bâclés

 

Il y a un peu plus d'une année de cela, la nationale n° 1 ou, si vous préférez, la route Ouaga-Bobo a défrayé la chronique. Ce fait, on s'en souvient, était lié à la mauvaise qualité du bitume qui y avait été appliqué.

Colmatage, replâtrage, explications de l'Etat et de Razel (la société qui avait exécuté l'œuvre), las ! Rien n'y fit, le constat s'imposait : cette route, dont le tronçon Houndé-Bobo continue, de nos jours, à être refait, avait été mal exécutée, alors que des milliards de francs CFA avaient été engloutis à cet effet. A telle enseigne que le chef de l'Etat, Blaise Compaoré, s'y est même déplacé une nuit pour  constater de visu cet exemple patent de la mal gouvernance au Burkina Faso.

Le 20 avril 2007 à Koudougou, des infrastructures scolaires, notamment l'école bilingue des secteurs 1 et 2 de cette ville, s'effondraient sous les coups de boutoir d'une tornade, faisant plusieurs victimes. Face à ce drame également, les tergiversations  le disputaient aux dénégations relatives non seulement à la qualité des travaux  de construction de ces écoles, mais aussi  à la situation des responsabilités à défaut de  la désignation des coupables. Ainsi, si l'EPCD, dans le cas de la tragédie de Koudougou, était chargée de la maîtrise de l'ouvrage, il n'en demeure pas moins que ce sont les autorités qualifiées, donc l'Etat à travers le ministère de l'Enseignement de base et de l'alphabétisation (MEBA), qui ont réceptionné l'école, donnant ainsi leur quitus pour l'utilisation des bâtiments. Et pourtant à l'époque, Innocent Noraogo Zala, le Secrétaire général du MEBA, avait soigneusement botté en touche, en ménageant la chèvre et le chou, pour affirmer que la gendarmerie avait fait son constat, et qu'il fallait attendre de voir, en dépit des critiques vives des riverains et de celles de l'OSEO, qui indexaient la mauvaise qualité des matériaux.

 

Le 6 mai courant, par suite d'une forte pluie dans le Sahel (125 mm d'eau environ), le pont du village de Boureye, sur l'axe Dori-Ouaga, s'effondrait, emportant avec lui Karim Compaoré, un jeune commerçant de Pouytenga, qui était au volant de son véhicule. Un drame routier qui atténue la joie des voyageurs qui empruntent cet axe, lesquels avaient poussé un ouf de soulagement après son bitumage, par l'entreprise OK. En effet, longue de 265 km, cette route, dont la réception des travaux n'a pas encore été totalement faite, était jadis un cauchemar pour les routiers, surtout en période d'hivernage.

Avec juste raison, car deux choix s'offraient aux candidats à la randonnée sur cette voie : soit passer la nuit en cours de route en  attendant la décrue, soit faire le détour par Djibo, pour parvenir à Dori.

Depuis le 6 mai dernier, on est presque encore retombé dans cette situation. Et encore une fois, l'écroulement de ce pont repose la problématique de l'exécution du gros œuvre au Burkina Faso. Dans le cas d'espèce, les riverains pointent un doigt accusateur sur l'emplacement du pont détruit par les eaux.

Le village de Boureye possédait, selon ces villageois, un pont qui a été cassé et déplacé jusque là où il est actuellement. Le bitumage de la route l'exigeait-il ? En tout cas, selon ses habitants, l'eau, suivant son cours normal, a ainsi rongé le goudron sur son passage, et a fini  par avoir raison du nouveau pont. Du côté de l'Etat, on a préféré incriminer Dame Nature : le ministre Hypolyte Lingani, qui s'est déplacé sur les lieux, a répondu, un tantinet gêné aux entournures, que c'est l'intensité des tornades dans ce "bled" qui explique cet écroulement.

 

Ce qui importe, surtout face à ces "incidents mortels" qui se multiplient, c'est moins la désignation de X ou Y comme coupable, que la responsabilisation de toute la chaîne qui exécute les grosses infrastructures. Combien de fois a-t-on réceptionné  des travaux de construction d'écoles, de  ponts, de routes, de CSPS, et de bâtiments administratifs inachevés ou mal exécutés sous réserve  que l'entrepreneur termine les travaux dans quelques mois ?

Combien de fois certains bailleurs de fonds ont attiré l'attention de l'Etat sur la mauvaise exécution d'une œuvre publique ?

Ce qui est rageant sur le sujet, c'est que, face à certaines œuvres finies, on n'a pas besoin d'être un ingénieur des ponts et chaussées pour avoir souvent sa petite idée sur la qualité de certains ouvrages du secteur bâtiment et travaux publics (BTP).

Il est évident que, comme on le dit, quand le bâtiment ou les TP marchent bien, l'économie du pays se porte également mieux. "Quand le BTP va bien, tout va bien", entend-on souvent, parce que justement, c'est dans ce domaine qu'il y a les gros sous concernant les marchés octroyés. Des sous qui appartiennent aux contribuables et qu'il faut utiliser judicieusement. C'est-à-dire que chacun, en ce qui le concerne, doit veiller à ce que les travaux publics exécutés s'inscrivent dans la durée, pour nous éviter les sempiternels recommencements, transformant ces marchés étatiques en de véritables tonneaux des Danaïdes.

 

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga du 11 mai 2007



11/05/2007
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