L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Zone pastorale de Sidéradougou : Une poudrière en puissance !

Zone pastorale de Sidéradougou

Une poudrière en puissance !

 

A travers cet écrit, le Syndicat des éleveurs de l'Ouest Burkina Faso (SEOB) veut une fois de plus attirer l'attention des autorités, et de l'opinion publique en général, sur un drame qui peut se passer dans la zone pastorale de Sidéradougou.

 

Nous avons encore gravé, dans la mémoire, les affrontements entre agriculteurs et éleveurs, qui ont occasionné des morts d'hommes. Sans être exhaustif, on peut citer :

- En 1987, le conflit dans le pays lobi ayant fait plusieurs morts.

- En 1994, le conflit de Samoragan et Sikorola avec pertes en vie humaine, ainsi que celui de Mangodara qui a fait au moins 5 morts, 8 blessés et plusieurs centaines de bœufs tués ou perdus.

- En 1997, c'était le conflit de Gonkoro, avec des pertes en vie humaine.

- En 1986 et 1999, c'étaient les conflits de Sidéradougou.

- En 2001, il y eut des affrontements à Mangodara et Kankounadeni avec 6 morts et des dégâts sur des animaux.

Si l'on ajoute à cela les récents événements malheureux survenus à Gogo (Manga), cela fait un peu trop. Il urge donc de trouver des solutions consensuelles pour l'occupation du domaine foncier par les agriculteurs et les éleveurs, qui, quoi qu'on dise, exercent des activités complémentaires.

C'est ce que nous croyons avoir compris, lorsqu'en l'an 2000, le gouvernement avait pris l'arrêté conjoint N°2000 portant délimitation de la zone à vocation pastorale de Sidéradougou. En son article 2, cet arrêté conjoint signé par 7 ministres stipule qu'il est délimité dans les provinces de la Comoé et du Houet, la zone à vocation pastorale de Sidéradougou. Il est écrit dans l'article 7 du même arrêté que les secrétaires généraux des ministres en charge de l'Environnement et de l'Eau, des Ressources animales, de l'Agriculture, de l'Economie et des Finances, de l'Administration territoriale et de la Sécurité, de l'Energie et des Mines, des Infrastructures, de l'Habitat et de l'Urbanisme sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'application de cet arrêté conjoint.

 

Un rappel historique

 

Un rappel historique s'impose pour comprendre les enjeux de cette zone, où la tension est actuellement perceptible entre agriculteurs et pasteurs. Résultat de la mise en œuvre du projet "Amélioration de l'élevage traditionnel dans les CRPA des Hauts-Bassins et de la Comoé", la zone pastorale de Sidéradougou est le produit transformé d'une suite de projets débutés en 1971 dans l'ORD de la Comoé. La zone du projet avait une superficie de 308 000 hectares. Elle concernait 5 départements, a savoir: Peni, Toussiana, Karangasso Vigué, dans le Houet, Sidéradougou et Tiéfora dans la zone de la Comoé. La superficie était structurée en trois sous-zones, à savoir :

- Une zone agricole de 144 400 ha,

- Une zone agropastorale de 112 800 ha,

- Une zone pastorale de 51 500 ha.

 

Si la partie de la zone pastorale, située dans la province de la Comoé, a été déguerpie (encore que certains agriculteurs y sont revenus), il n'en a pas été de même pour la partie située dans le Houet. En effet, contrairement aux dires du Directeur provincial des ressources animales (DPRA) du Houet, des agriculteurs y sont actuellement présents. Lors d'une rencontre que l' actuel ministre des Ressources animales avait eue avec le comité de déguerpissement, le DPRA avait affirmé qu'il ne restait que 10% d'agriculteurs "récalcitrants". Pourtant, une simple visite sur les lieux permet actuellement de constater que les cultures de rente (coton, anacarde) ou vivrières (mil, maïs) sont cultivées à grandes échelles dans cette zone qui, pourtant, a une vocation purement pastorale. Lors d'une récente mission dans la zone, nous avons remarqué la rareté des troupeaux, car la présence des cultures empêche de nombreux éleveurs qui s'étaient réfugiés dans les pays limitrophes (Côte d'Ivoire, Ghana) par suite des conflits avec les agriculteurs, de revenir par crainte que ces mêmes scènes ne se reproduisent. Pendant sa visite à Marbagasso, le 22 Juillet 2007, soit près d'un an jour pour jour après celle de son prédécesseur Tiémoko Konaté, le ministre des Ressources animales avait laissé entendre que le gouvernement voulait rendre à la zone sa vocation pastorale, pour y développer l'élevage, qui occupe le 2e rang dans l'économie de notre pays. Pour ce faire, il avait promis que les moyens seraient dégagés pour que force reste à la loi. Cependant, avec l'hivernage, il est à craindre qu'une fois de plus, tout soit remis à après les récoltes, et Dieu seul sait ce qui peut arriver d'ici là. C'est connu, la chèvre et le chou ne font pas bon ménage. Vivement donc, si réellement l'on veut donner à la zone pastorale de Sidéradougou sa vocation, que l'on établisse un cahier des charges clair pour permettre aux éleveurs de s'adonner au pastoralisme et que les agriculteurs rejoignent soit la zone agro-pastorale, ou celle purement agricole. Cette mesure permettra, nous le pensons, d'éviter des affrontements inutiles dans cette zone qui s'apparente actuellement à une poudrière, où une étincelle peut mettre le feu à la poudre.

Le S.E.O.B.

Le Pays du 16 novembre 2007



16/11/2007
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