Après la tourmente : Les kundé reprennent du service
Après la tourmente
Les kundé reprennent timidement du service
L’ensemble du personnel de la chaîne des bars Kundé s’est réuni hier en assemblée générale dans l'enceinte de leur siège sis à Bilbalogho. Objectif : clamer devant les journalistes l’innocence de leurs responsables dans les crimes abominables dont ont été victimes Bambo Oumar Maré et Sempana Bancé. Il a surtout été annoncé, tambour battant, la réouverture des « maquis » qui ont échappé à la furie destructrice des émeutiers après la découverte, en morceaux, des corps des victimes. D'ores et déjà, certains bars ont repris du service hier soir à Ouagadougou.
« Ce qui est sûr, on est là. C’est Dieu qui nous protège. Tôt ou tard, le Kundé va se lever ». Le manager des Kundé fait le show sous l’œil ravi des DJ. La foule exulte. Les filles défaillent, bras levés : « Le Kundé vivra !!! Les jaloux vont maigrir ». Les décibels montent au maximum. Les baffles crachent davantage de son.
C’est dans cette ambiance électrique à l’instar de celle qui régnait naguère, au « maquis » de la cité an 2, fleuron de la chaîne kundé, aujourd’hui saccagé, que s’est tenue l’assemblée générale.
Sont assis au présidium, les quatre copropriétaires, décidés plus que jamais à sortir de la discrétion dont ils s’étaient entourés depuis le début des événements.
Le DG Dominique Tapsoba, le directeur commercial Madi Konfé, le DAF Augustin Sakandé et le chef du personnel André Sawadogo, rendent tous grâce à Dieux d’être toujours en vie après les deux jours d’émeutes.
« Quatre kundé sur 26 ont été détruits. Mais s’il plaît à Dieu, et il lui plaira car nous sommes innocents dans cette affaire de meurtres accompagnés de mutilations, 4, 8, voire 16 bars verront le jour. Le secret de notre réussite se trouve dans nos têtes et nulle part ailleurs », lance le DG Dominique Tapsoba. Et d’ajouter dans la foulée : « Personne d’entre vous ne sera licencié. Que tous qui ont vu leurs lieux d’activités brûlés se rendent au bar Kundé le plus proche pour se faire embaucher. Après la présente rencontre, nos autres maquis reprendront service ». Délire dans la foule d’employés dont certains seraient même venus des provinces.
S’il à l’heure actuelle les quatre patrons restent prudents sur l’estimation financière du préjudice subi, ils clament en choeur qu’ils sont aujourd’hui victimes d’une machination de certains de leurs concurrents : « Pendant qu’on saccageait certaines de nos installations, des gens ont laissééclater leur joie dans des bars que nous connaissons. Désormais, on sait qui est qui », a déploré le directeur commercial Madi Konfé. Puis de marteler : « Maïga Ali [principal suspect dans cette affaire de meurtres et actuellement entre les mains de la police] n’a jamais travaillé avec nous, et personne de nous ne le connaît d’ailleurs ».
Toutefois, les conférenciers du jour ont reconnu que l’absence de communication dans la stratégie de gestion de leur entreprise, créée il y a de cela quelque quatre ans, a contribué à faire le lit de toute sorte de rumeur malveillante. « Nous reconnaissons que nous avons péché par mutisme et par notre extrême discrétion », avoue l’un d’entre eux.
Et c’est fort opportunément qu’un démenti, a été livré à forte dose de méthode Couet contre cette autre rumeur qui fait état de la présence de rebelles ivoiriens ou d’autorités politiques locales parmi les actionnaires de la chaîne des bars Kundé.
Aux environs de 18h un détour au FASO KUNDE (la mère de tous les bars de la chaîne à Larlin) et au Kundé du secteur 12 a permis de constater une reprise toutefois timide du service. « Il n’y a pas beaucoup de clients actuellement. Mais c’est le faible niveau d’affluence propre aux jours ouvrables, surtout à pareille heure », a justifié Souleymane Kindo, gérant principal du Faso Kundé pendant que des serveuses en chômage techniques devisent par petits groupes.
Alain Saint Robespierre
L'Observateur Paalga du 23 mars 2007
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