Au nom de la constitution, flinguez-vous !
Fusillades dans les écoles américaines
Au nom de la constitution, flinguez-vous !
Un vaste champ de tirs dans lequel tout ce qui bouge est une cible potentielle. Voilà ce qu’est devenue aujourd’hui l’école aux Etats-Unis d’Amérique (USA). Un élève qui tombe sous les balles d’un autre, cela est une banalité tragique qui n’émeut plus les Yankees. Le dernier signe manifeste en date de cette frissonnante dérive collective, c'est le massacre de la «Saint-Valentin», comme l’a baptisé la télévision américaine. Ce jour, jeudi 14 février 2008 (la fête des amoureux en effet), au campus universitaire de l’Illinois, près de Chicago, un étudiant de 27 ans ouvre le feu, en plein cours de géologie, sur ses camarades d’amphi. Il tue cinq personnes, blesse seize autres avant de se donner la mort.
La quatrième fusillade en une semaine dans des établissements scolaires aux USA. Le 8 février, une étudiante tuait deux consœurs à Bâton-Rouge en Louisiane avant de se donner la mort. A Memphis dans le Tennessee et dans un lycée d’Oxnard en Californie, deux adolescents ont grièvement blessé par balles plusieurs autres élèves.
Les enquêtes de police révèlent que le fusil et les deux pistolets ont été légalement acquis par le flingueur de la «Saint-Valentin». Une révélation qui n’en est vraiment pas une tant au pays de l’Oncle Sam s’acheter une arme à feu est un acte aussi banal que s’offrir un plat de benga à Ouagadougou.
Dans un pays où, par souci de protection de la santé des citoyens, fumer une cigarette dans un lieu public est passible d’une peine d’emprisonnement, dans une nation où la psychose du terrorisme est la chose la mieux partagée, l’accès, presque sans conditions restrictives, aux armes de tout calibre et de toute portée est un paradoxe déconcertant. Un droit criminogène pour faire direct. Adopté le 15 décembre 1791, le deuxième amendement de la constitution américaine stipule en effet qu’ «une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un Etat libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé». Certes, à l’époque de son élaboration, cette disposition constitutionnelle était d’une légitimité incontestable. C’était la période de la conquête du Far West, où ne régnait que la loi du colt, établie par des bandits d’honneur et hélas d’horreur comme les Calamity Jane, Billy the Kid et les frères Dalton pour ne citer que cela.
Mais aujourd’hui, ce deuxième amendement est une véritable incongruité, qui fait la prospérité indécente des marchants de morts. Un verrou constitutionnel sur lequel veille, canons pointés sur les décideurs américains, le redoutable lobby des armuriers et
Après la fusillade du 16 avril 2007, qui a fait 33 morts dont l’auteur, sur le campus universitaire de Virginia Tech, John McCain, candidat favori des Républicains pour le scrutin de novembre 2008, s’était fendu d’une déclaration qui vaut son pesant de voix : «Cette tuerie ne change pas mon opinion selon laquelle la constitution des USA accorde à chaque citoyen le droit de porter une arme à feu».
Alors, au nom de la constitution, flinguez-vous !
Ainsi va l’Amérique.
L’Observateur Paalga du 18 février 2008
A découvrir aussi
- Contrôles douaniers de motos : La discipline, c'est aussi le respect de l'autre
- Sommet Inde/Afrique : Effet de mode
- Refondateurs au sein du CDP : La greffe n’a apparemment pas pris
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres