L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Blaise doit-il demander pardon à la Côte d'Ivoire ?

BLAISE COMPAORE DOIT-IL OUI OU NON DEMANDER PERSONNELLEMENT PARDON A LA COTE D’IVOIRE EN S’Y RENDANT, POUR SON IMPLICATION DANS LE CONFLIT ?

 

De la visite du chef de l’Etat en Côte d’Ivoire, on ne parle que de cela. Sur place à Abidjan, de bonnes volontés s’activent pour le grand jour. Mais déjà, la polémique bat son plein : si l’homme de Ouagadougou doit venir en Côte d’Ivoire dans le cadre du dialogue direct pour aider à parachever la réconciliation, tant mieux mais ne devrait-il pas, dans un contexte baigné par la volonté des uns et des autres de se pardonner leurs mutuelles erreurs, demander à son tour, le pardon pour avoir porté assistance aux rebelles qui ont attaqué la Côte d’Ivoire et engagé le pays dans la guerre civile ? Pour les uns, ce serait un geste naturel , un gage que la page est réellement tournée et que la réconciliation entre Ivoiriens se doublera d’une réconciliation entre Burkinabé et Ivoiriens jusqu’au plus haut niveau. Pour les autres, ce serait déplacé qu’un homme d’Etat demande pardon pour des faits que fonde la raison d’Etat. Il ne l’a pas fait du reste au cours de la célèbre Journée du pardon à titre personnel mais au nom de la nation ; il ne saurait le faire en Côte d’Ivoire, que tout au plus dans les mêmes conditions. Deux sons de cloche.

 

TOMY : «BLAISE COMPAORE DOIT AVOIR LE COURAGE DE DEMANDER PARDON, A TITRE PERSONNEL, A LA COTE D’IVOIRE»

 

La participation, sinon directe à tout le moins indirecte, des autorités burkinabé dans la crise ivoirienne, n’est plus cachée de nos jours. On en fait de plus en plus état dans la relation des origines de la crise et le Burkinabé lambda ne craint plus de faire des révélations sur ce qu’il sait de la présence des rebelles en terre burkinabé, et de leurs expéditions en Côte d’Ivoire. Il est certain que si le pouvoir burkinabé n’avait pas porté assistance aux rebelles, ils n’auraient pas été en mesure d’attaquer leur pays avec les conséquences dramatiques qui ont suivi cette agression. Ceci étant, il conviendrait que pour sceller véritablement la pacification de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, qui doit s’y rendre, prenne sur lui de satisfaire à ce rite qui se pratique actuellement en terre éburnéenne, en demandant pardon. Tour à tour, les autorités légales l’ont fait, suivies par de nombreuses personnalités de la société politique et civile. Tout dernièrement, à peine nommé, Blé Goudé l’a fait. Il n’y aurait pas de honte pour Blaise Compaoré de s’y plier, au contraire. Cela le grandirait et donnerait la preuve aux Ivoiriens que le médiateur ne cherche pas seulement des gratifications diplomatiques à travers son entremise dans le dialogue direct mais bel et bien le retour à la paix pour les Ivoiriens mais pour les Burkinabé et les Ivoiriens également. Une telle initiative de repentance, que depuis Mitterrand on pratique en France (même si Sarkozy demande d’y mettre un bémol), serait un symbole fort qui désarmerait tous ceux qui, en Côte d’Ivoire, sont persuadés que l’homme n’a pas dit son dernier mot et qu’il n’attend qu’une occasion pour tomber comme un vautour, sur leur pays. Alors, souhaitons que le clou de cette visite se résume justement dans ce geste fort !

 

TOSI : «CE SERAIT UNE ERREUR GRAVE DE LA PART DE BLAISE COMPAORE QUE DE DEMANDER PARDON A TITRE PERSONNEL»

 

Quelle drôle d’idée que de suggérer une cérémonie de pardon en Côte d’Ivoire pour Blaise Compaoré ! C’est vrai que son rôle est important pour le retour de la confiance dans ce pays mais tout de même, il ne faut pas trop en faire. Beaucoup de conflits ont opposé des pays sans que pour autant leurs responsables n’en viennent à demander personnellement pardon. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, même si on marche avec plus d’assurance vers la réconciliation, les frustrations et les crispations persistent. On n’a pas réussi encore à faire baisser les gardes aux différentes communautés qui vivent dans le pays. La hantise de pogroms existe toujours. Si avant qu’on n’ait trouvé les solutions pour séréniser toutes ces populations, et notamment celles venant du Burkina Faso, Blaise Compaoré prend personnellement sur lui de demander pardon aux Ivoiriens, il porterait atteinte aux espérances de ses compatriotes vivant en Côte d’Ivoire de même qu’au sentiment de fierté nationale. Au demeurant, si jamais il était établi une quelconque participation du Burkina dans cette crise, elle n’aura été motivée sinon par le souci de préserver les intérêts des Burkinabé en Côte d’Ivoire, en tout cas par la raison d’Etat. Mais cela ne saurait justifier une demande de pardon à titre personnel qui pourrait par ailleurs exposer le chef de l’Etat à des poursuites pénales puisque cela équivaudrait à un aveu dans un dossier, ne l’oublions pas, où abondent des crimes relevant de compétence internationale : crimes de guerre, de torture, viols, crimes économiques.. Alors, OK pour la visite officielle en terre éburnéenne, pour les gages de réconciliation entre les deux chefs d’Etat et leurs deux pays mais attention tout de même à ne pas aller trop loin !

 

San Finna du 21 au 27 Mai 2007



25/05/2007
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