Député Hyacinthe Sanwidi : "Je ne suis pas un voleur !"
DEPUTE HYACINTHE SANWIDI PDP/PS
"Je ne suis pas un voleur !"
C'est confirmé. Le député Hyacinthe Sanwidi a démissionné du groupe parlementaire PDP/PS et apparenté RDEB. Mais pas de son parti, le PDP/PS. On retiendra que cette situation est surtout consécutive à une mésentente avec le président de son groupe parlementaire, Salfo Théodore Ouédraogo, le Dima de Boussouma. A l'origine, le refus du président de légitimer l'adhésion du professeur d'université à la Commission finances et budget (COMFIB) de l'Assemblée nationale. C'est également cela qui serait, selon le Professeur, à la base de la rumeur selon laquelle, il aurait indûment perçu des perdiems au niveau de l'hémicycle. Interview.
"Le Pays" : Vous avez fait une déclaration à travers laquelle vous manifestez votre démission du groupe parlementaire PDP/PS et apparenté RDEB. En même temps, vous réaffirmez cependant votre appartenance au PDP/PS, votre parti politique. Que voulez-vous dire exactement ?
Hyacinthe Sanwidi : Je vous remercie beaucoup d'être venu à la source pour chercher l'information, parce que cela manque parfois et crée des situations déplorables. C'est vrai et vous avez dû voir dans ma lettre que j'ai dit "je suis au regret" ou "j'ai le regret". Cela veut dire que je dois beaucoup à mon parti. C'est le parti qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, député à l'Assemblée nationale. A l'Assemblée, nous sommes organisés en groupes parlementaires et tous les députés, pour autant que je sache, appartiennent à un groupe parlementaire. Moi aussi, j'appartenais au groupe parlementaire de mon parti, lequel groupe aussi, évidemment, doit être à mes côtés pendant les moments difficiles. Cela a manqué un peu. Vous savez aussi que l'Assemblée travaille sous le signe de commissions ; chaque député appartient à une commission. C'est ce qu'on appelle les commissions générales. Il y en a cinq. Et moi quand je suis arrivé à l'Assemblée, je me suis dit que je ne suis spécialiste d'aucune commission. Je n'ai pas de spécialité. C'est ainsi que j'ai décidé d'aller, de façon tournante, de commission en commission et j'en suis libre. L'élu est libre. C'est le député qui choisit dans quelle commission il veut travailler et c'est le président du groupe parlementaire qui l'inscrit. Donc, moi, chaque année, je changeais de commission et ce jusqu'à la cinquième année où, après avoir fait le tour de toutes les autres commissions, j'ai décidé de rejoindre, le plus naturellement du monde, la commission finances, la seule qui me restait. Voilà que le président du groupe parlementaire dit "niet !" et exige que je reste à la CAGI (Commission des affaires générales et institutionnelles) où lui, il est inscrit; et il a mis d'autres personnes aux finances. Moi je suis un jeune parlementaire, même si je suis vieux en âge. J'ai décidé de faire toutes les commissions pour apprendre. D'ailleurs, je suis littéraire de formation et évidemment la commission la plus indiquée pour que j'apprenne, c'est bien celle des finances. Mais le président refusait de comprendre.
Est-ce qu'il y a des avantages particuliers au sein de la commission finances et qu'on ne retrouve pas au niveau des autres commissions ?
Moi, je ne sais pas. Il faut le demander au président. Il ne dit pas la raison pour laquelle il refuse de me laisser aller là-bas. C'est seulement le chef qui a dit de ne pas y aller (ndlr, Salfo Théodore Ouédraogo, le Dima de Boussouma, est le président du groupe parlementaire PDP/PS et apparenté RDEB qui comporte en son sein 10 députés PDP/PS et Ram Ouédraogo pour le RDEB). Et il a effectivement envoyé mon nom à la CAGI. J'ai refusé. C'est ainsi que je me suis mis à travailler au sein de la commission finances, cela dès le premier jour, le premier acte de cette commission, et j'y suis resté jusqu'à aujourd'hui. Au départ, je pensais que le président finirait par comprendre. Mais non.
Est-ce pour cela qu'on a entendu dire à un certain moment que certains députés ont eu à émarger là où ils ne devraient pas ? Et apparemment c'est vous qui étiez mis à l'index...
Je vous ai dit que j'ai participé aux travaux de la commission depuis sa création. Et vous le savez, l'ouvrier qui travaille a droit à son salaire. Et comme tous les autres membres, je suis allé émarger; je vous ai dit que l'ouvrier a droit à son salaire. Et c'est là qu'après j'ai vu dans la presse, "voilà un qui mouille dans la tricherie". On n'a jamais cité mon nom, mais en lisant entre les lignes, on sait forcément que c'est de moi qu'il s'agit. Suite à l'insulte qu'on m'a faite, en disant que j'étais un voleur, un détourneur, j'ai manifesté mon mécontentement et le président de l'Assemblée a convoqué le directeur général de Sidwaya pour lui dire de se mettre en rapport avec la commission finances pour apprendre la vérité. Mais jusqu'ici, aucun journaliste ne m'a approché pour me demander ce qui s'est passé.
Vous ne craignez pas que cette discorde avec le président du groupe parlementaire entame la cohésion au sein du PDP/PS ?
Quand on m'a insulté, où était le parti ? Ni le parti ni le groupe parlementaire n'ont réagi. Est-ce que j'avais une autre porte de sortie ? Même le président de l'Assemblée nationale a demandé au directeur général de Sidwaya pour qu'il revoie la situation, mais rien. Etant donné que même les institutions n'arrivent pas à résoudre le problème, qui devrait le faire, si ce n'est moi-même ? Comment pouvais-je prendre la parole, sinon en me dégageant des contraintes. Je veux seulement qu'on sache que je ne suis pas un détourneur de deniers publics. Est-ce que vous qui êtes mes anciens étudiants, vous êtes d'accord quand on me traite de voleur ? C'est comme ça que vous m'avez connu, vous ?
Vous reprochez à votre parti de vous avoir laissé seul face à vos problèmes. A cette allure, vous pourriez un jour démissionner du PDP/PS...
Je répète que j'ai le regret, je suis au regret. Cela veut dire que, à l'heure qu'il est, je suis et je demeure militant PDP/PS. C'est moi qui conduis la liste PDP/PS au Kouritenga, pour les élections prochaines, pas quelqu'un d'autre. C'est moi. La situation est ce qu'elle est. L'avenir, on en reparlera.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe exactement à Gounghin (province du Kouritenga) ?
Pour ce qui se passe à Gounghin, adressez-vous au maire de Gounghin. C'est vrai que je viens de là-bas, mais je ne peux rien vous dire... Depuis un an, on est toujours en bataille. Vous savez que le CDP a eu 45 conseillers, nous, nous avons eu 39 et l'UPR 3 conseillers. Si vous ajoutez les 3 de l'UPR aux 39 conseillers PDP/PS, cela vous fait 42, donc le CDP reste toujours majoritaire. Mais il y a toujours l'équation personnelle, surtout pour les élections locales. Et notre candidat a eu la faveur des urnes. Il y a donc des conseillers CDP qui ont émigré et qui nous ont rejoints. C'est irraisonnable de croire que j'ai acheté des cellulaires pour eux. Est-ce que je suis bête pour compétir avec le CDP sur le plan financier, en distribuant de l'argent, des cellulaires à des gens ?
Avez-vous un dernier mot ?
J'étais malheureux de ne pas pouvoir dire à tous ceux qui veulent le savoir la vérité des faits. Je ne suis pas un voleur. J'ai la preuve que je n'ai jamais gardé un franc de l'Assemblée par devers moi, j'ai la preuve (ndlr, il présente des décharges relatives aux reliquats de frais de missions et qu'il a déposés à l'Assemblée nationale).
Propos recueillis par Lassina SANOU
Le Pays du 13 avril 2007
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