L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Menaces contre Saboteur

Le colonel Palm contre-attaque

En réponse à la version de l'ex-coach des Etalons Drissa Traoré Saboteur à propos des menaces dont il aurait été victime le jeudi 1er novembre 2007 à sa sortie du stade du 4-Août, nous avons été convoqué hier lundi 5 novembre par le ministre des Sports et des Loisirs, Jean-Pierre Palm. Celui-ci a, de façon crue, donné sa version des faits en démentant formellement d'être en compagnie du présumé agresseur de Saboteur ce jour-là dans la buvette du stade du 4-Août. On lira aussi la version de celui qui est au centre de cette affaire, l'auteur des menaces ; Lassina Traoré. 

«Kader, tu écris des bêtises». C'est par ces mots que nous avons été accueillis dans la salle de conférences au 3e étage du ministère des Sports et des Loisirs. Plus besoin de planter le décor, car la convocation expresse du ministre Palm ou du moins la conférence de presse improvisée était suffisamment claire. En effet, face à la version de Saboteur sur son agression le jeudi dernier, le ministre Palm a démenti les propos de l'ex-entraîneur. Voici les faits selon JPP :

«Le jeudi soir, après le match Burkina # Togo, j'étais assis avec des amis à l'extérieur du stade du 4-Août vers le karting club. Entre-temps, j'ai vu un attroupement vers la buvette du stade et les gens pourchassaient un individu qui est entré dans la buvette. Je pensais que c'était un voleur. Je me suis approché pour voir ce qui se passait. J'ai vu des élèves-policiers qui voulaient tabasser des gens. Les policiers m'ont dit qu'on leur a dit de venir chercher quelqu'un. J'ai demandé ce que le monsieur a fait pour qu'on vienne le chercher. Les policiers ont répondu qu'ils ne savent pas. J'ai dit qu'ils ne pouvent pas venir chercher quelqu'un sans savoir quelle  faute il a commise. J'ai même ajouté que je suis le ministre des Sports, donc le propriétaire des lieux. Je suis officier de gendarmerie et ancien patron de la sûreté. Je leur ai fait savoir qu'ils ne peuvent pas venir prendre quelqu'un comme un sac sans savoir ce que la personne a fait. Je leur ai dit que leur chef n'est pas le propriétaire de ce pays. Je leur ai demandé l'identité du chef qui les a envoyés. Ils m'ont dit qu'il est dehors, et ils sont allés appeler Saboteur».

«J'ai demandé à Saboteur ce qui s'est passé. Il a expliqué qu'on a voulu l'agresser. C'est au même moment que Lassina est sorti. J'ai dit à Saboteur que s'il est agressé, en tant que responsable, il doit déposer une plainte. Il m'a laissé entendre qu'il ne connaît pas son agresseur. J'ai dit à Saboteur qu'il s'agit de Lassina Traoré de l'UNSE de Bobo. Quand j'ai posé la question à Lassina sur ce qui s'est passé, il m'a fait savoir que le jour du match Burkina # Togo  Saboteur était à l'hôtel des Togolais et qu'il y est resté pendant 2 heures… Sur place, j'ai dit à Lassina que je ne voulais pas de ce genre de supporter».

«Donc, quand Saboteur prétend qu'il m'a vu avec le nommé Lassina Traoré, c'est totalement faux. Parce que si ce monsieur était avec moi, il n'allait pas fuir. Ça, c'est une vérité. J'ai commandé Saboteur quand j'étais DG de la police et lui commissaire de la RAN. Chacun connaît son camarade et de quoi son camarade est capable. Les policiers (les élèves de l'ENP) que Saboteur a amenés n'allaient même pas oser s'approcher si Lassina était avec moi compte tenu des militaires qui sont avec moi. J'étais à 200 m du lieu de l'incident. Vous pouvez poser la question aux gens qui étaient dans la buvette.

Saboteur m'a même dit que lui, il peut monter des jeunes pour frapper Lassina Traoré. Je lui ai dit de ne pas tomber dans des bêtises de la sorte. Et la même nuit à 22 heures, on m'a informé que Saboteur était assis à l'hôtel où logeait le nommé Lassina. J'ai appelé Gualbert Kaboré afin qu'il aille dissuader Saboteur d'arrêter ces genres de comportement, car s'il se fait agresser par des supporters, je n'en serais pas responsable. Voilà ce qui s'est passé…».

«Si Saboteur ne dépose pas sa plainte, c'est moi qui le ferai.

J'étais assis avec madame Pickbougoum (la directrice des sports de haut niveau), qui est la nièce de Saboteur ; je ne vais quand même pas préparer une agression contre son oncle devant elle !

Je n'ai vu Lassina ni avant ni après le match. Vous pouvez demander au directeur de la Banque de l'Habitat, qui était sur les lieux et qui a même reçu des coups… D'ailleurs, le propriétaire du bar avait commencé à enfermer ces policiers dans un coin. Si je n'étais pas là, on risquait de les lyncher…».

«Qu'on me mette ces trucs sur le dos, c'est très grave ; je le regrette. J'ai d'autres moyens que ça pour m'exprimer. Je vais agresser Saboteur pour quelle raison ? Pour gagner quoi ? Moi tout seul, officier de gendarmerie que je suis, je peux plier Saboteur physiquement si je le veux. Et mieux, l'Etat me donne cette force de le plier si je le veux…

Si vous voulez me critiquer, faites-le ; je vous l'ai dit. Je suis quelqu'un qui se trompe. Je suis amené à me tromper. Mais quand c'est fait de façon malhonnête, je ne suis pas d'accord. Sincèrement, s'il y a des choses, venez me voir. Ma porte est ouverte. C'est ce que je tenais à vous dire ce matin.

Si vous voulez nous aider à faire progresser le football, faites-le. Ça ne m'appartient pas, ça ne vous appartient pas non plus ; c'est le football de tout le monde. Mais si vous voulez qu'on entre dans la boue, je ne suis pas dans ce jeu-là…».

«Imaginez un jour que Saboteur soit agressé par un quelconque supporter, on dira que c'est Jean-Pierre Palm».

Kader Traoré

L'Observateur Paalga du 6 novembre 2007