L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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"Ceux qui disent que j'ai demandé le départ du maire ont menti"

André Bassolé, chef de Réo

"Ceux qui disent que j'ai demandé  le départ du maire ont menti"

 

Ces derniers temps, Réo et particulièrement son conseil municipal sont à la une de l'actualité nationale. Certains conjecturaient même la destitution du maire, Mathieu Bayala, avec son lot d'incertitudes pour cette commune.

Fort heureusement, suite aux bons offices de l'Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF), les choses sont rentrées dans l'ordre. Et celui qui voulait s'essayer au "putsch municipal", Evariste Bassolé, PDG de Burkina Forages et vice-président du Conseil régional du Centre-Ouest, serait revenu à de meilleurs sentiments.

Il est un autre  protagoniste principal dans cette affaire : André Bégnini Bassolé, le chef de Réo, puisque c'est dans sa cour que le complot se serait tramé. Débarqué à Ouaga, où il est descendu au secteur 9 chez un de ses enfants, il nous a explicitement sollicité cet entretien pour exercer en quelque sorte son droit de réponse.

 

Vous êtes le chef de Réo, mais comment vous appelle-t-on à l'état civil ?

 

• Je m'appelle André Bégnini Bassolé.

 

On s'est laissé dire que la société gourounsi est acéphale, en ce sens qu'elle n'est pas organisée sous l'autorité d'un chef.  Alors, comment se fait-il que vous soyez chef de Réo?

 

• Dire que les Gourounsi n'ont pas de chef n'est pas exact. Tout comme les Moosé et autres, nous avons des chefs. Et celui qui soutient que nous n'avons pas de chefs se trompe. Mon arrière-grand-père était un guerrier, et il gouvernait par la force ; il a voulu même s'opposer au Blanc. Mon grand-père Bégnini, dont j'ai hérité du nom parce que, semble-t-il, je suis un revenant qui était chef de province, lui, est resté à Réo.  Il a nommé un de ses frères chef de canton à Didyr, un deuxième à Kordié, un troisième à Batondo. A Pouni Zawara, il a envoyé un Gué. A l'origine, nous étions des chefs...

 

Tous les développements que vous faites, est-ce pour nous dire que la société gourounsi n'est pas acéphale ?

 

• Tout à fait, c'est cela. La société gourounsi a bel et bien un chef. La preuve, me voilà devant vous en tant que chef de Réo.

 

Que faisiez-vous dans le civil avant de porter le bonnet de chef ?

 

• Au départ, j'étais enseignant. C'est plus tard que j'ai passé un concours pour intégrer le département des Finances. Après une formation de 6 mois, on m'a affecté à Pô, où j'ai vécu quatre ans durant. Avant, j'étais militant du PRA, et cela m'a causé de graves ennuis politiques à l'époque.

 

Le fait d'être chef coutumier vous donne-t-il le droit de vous immiscer dans les affaires de la mairie de Réo ?

 

• Je ne me suis jamais immiscé dans les affaires de la mairie de Réo; non, jamais !

 

Et pourtant, il semblerait qu'une réunion de chefs coutumiers se soit tenue chez vous, à l'occasion de laquelle on a parlé de la destitution du maire Mathieu Bayala.

 

• On n'a jamais tenu une telle réunion chez moi. Moi, je dirige une association de chefs coutumiers de la province du Sanguié, qui regroupe les représentants de tous les cantons.

C'est dans ce cadre que tous les trois mois je réunis ces chefs de canton pour parler des problèmes du développement de ma zone. Il ne me viendrait jamais à l'esprit de penser à destituer Mathieu Bayala. Dans quel intérêt le ferais-je ?

 

Mais qu'est-ce qu'une association de chefs coutumiers a à voir avec le maire ?

 

• Nous n'avons rien à voir avec le maire de Réo, et le maire n'a rien  à voir avec notre association.

 

Et pourtant, il semblerait que vous l'aviez expressément convié à votre rencontre.

 

• Je n'ai jamais demandé au maire Mathieu Bayala de participer à nos rencontres. Moi, je ne mêle aucunement les affaires de mon association de chefs à celles de la municipalité. J'ai lu dans la presse que j'ai dit qu'il faut que Mathieu Bayala quitte la mairie. C'est faux et archifaux, je ne l'ai jamais dit. Mathieu est un cousin à moi et je ne vois aucune raison de demander son départ de la mairie. Si quelqu'un voulait voir Mathieu partir, c'est certainement Evariste Bassolé,  pas moi !

Vraiment, dans cette affaire, on m'accuse à tort. Maintenant, je commence à voir que nous, chefs coutumiers, avons été manipulés. Nous le comprenons à présent.

C'est Evariste Bassolet (PDG de Burkina Forages) même  qui m'a dit à l'époque de soutenir la candidature de Mathieu Bayala à la mairie. Ce jour-là, Evariste m'a fait quitter pour cela  Réo pour Ouaga. Notre entretien a eu lieu en présence de Rosalie Bassolet (épouse du ministre Djibril Bassolet), d'Evariste lui-même et de Mathieu Bayala. Je leur ai dit que je n'étais pas  conseiller municipal pour l'élire à la tête de la mairie, mais que je ferais du lobbying auprès de certains proches qui sont conseillers, à cet effet. Ce que j'ai fait.

Ceux qui disent que j'ai demandé le départ du maire ont menti. Non ! Cela ne me regarde pas. Et ceux qui soutiennent cela veulent me nuire à tout prix. Comment voulez-vous qu'un chef coutumier se mette à demander la démission d'un maire ? Cela ne relève pas de mes attributions. C'est un mensonge grossier. Je n'ai jamais dit que Mathieu devait démissionner. Bien que je sois acquis à la cause du Président Blaise Compaoré, je ne suis pas un politicien. Mes attributions sont d'ordre coutumier.

En plus, je vous dis que la réunion au cours de laquelle certains ont demandé la démission du maire Mathieu Bayala ne s'est pas tenue à mon domicile. Je n'étais pas au courant de cette rencontre. Ce dont je suis au courant, c'est la rencontre trimestrielle de chefs coutumiers, qui est souvent organisée à mon domicile. Et au cours de cette réunion, nous n'avons aucunement parlé de Mathieu Bayala ni de la mairie. Nous, nous ne parlons pas de politique à nos réunions de chefs coutumiers.

Vous savez, tous ces problèmes de Réo dont on parle tant dans les journaux ces derniers temps ne sont que l'œuvre de fils de Réo résidant à Ouaga, car, à notre niveau, c'est l'entente.

Encore une fois je n'ai jamais dit que Mathieu Bayala devait se démettre. Jamais !

Je ne vois aucune raison de chercher la démission de Mathieu Bayala.

 

Que savez-vous de la Fondation Nantou ?

 

• Pour moi, cette Fondation est une chance pour le Sanguié.

Mais je ne suis pas partie prenante à cette Fondation.  On m'a dit qu'Evariste se plaignait parce qu'elle serait composée de militants du RDF (Parti de Salvador Yaméogo) au détriment de ceux du CDP. Mais je ne suis ni de près ni de loin mêlé à cette Fondation.  Nous avons la chance d'avoir un des nôtres Premier ministre en la personne de Tertius Zongo  et un autre, ministre des Affaires étrangères, Djibril Bassolet. Pour tout cela, nous disons merci à Blaise Compaoré et nous le soutenons quoi qu'il advienne.

Pour moi, nous devons les soutenir pour qu'ils puissent bien nous aider vers le développement.

 

Il semble que Simon Compaoré soit venu à Réo pour une médiation.

 

•Tout à fait, il est venu, et nous lui disons merci. Nous, nous voulons parler d'une même voix, car sans cela, pas de développement possible.

Pour moi, cette triste affaire était un malentendu. Nous relevons de la coutume, et y restons. Nous ne sommes pas dans la politique. Et il nous reste à mieux nous en prémunir pour ne pas subir ce que veulent les politiciens.

 

Entretien réalisé par

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga du 28 août 2007



28/08/2007
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