Crue du fleuve Mouhoun : Récoltes compromises, populations inquiètes
Crue du fleuve Mouhoun
Récoltes compromises, populations inquiètes
Après un début difficile, la saison hivernale s'est installée définitivement dans la seconde décade du mois de juillet avec une succession de fortes pluies. Cette pluviométrie abondante a occasionné d'importants dégâts avec parfois mort d'hommes dans certaines localités du Burkina. La Boucle du Mouhoun n'a certes pas enregistré de perte en vie humaine, mais les remontées hydriques commencent à inquiéter plus d'un. La crue du fleuve qui se déverse sur les bordures du pont Mouhoun situé sur la route Dédougou–Nouna crée la psychose aussi bien chez les paysans et les riverains que chez les usagers de cette route nationale 14 qui redoutent la coupure de la route.
Depuis le 24 septembre dernier, une crue du fleuve Mouhoun se déverse sur les bordures du pont Mouhoun situé sur la route Dédougou- Nouna. Les eaux du fleuve ont quitté le lit majeur et se retrouvent sur le lit mineur, sur près de 1500 m. L'échelle limnométrique est engloutie. Selon les techniciens, la hauteur d'eau était de plus de 9 m à la date du 27 septembre dernier. Cette situation inquiète plus d'un, car la quasi-totalité des champs qui se trouvent en ces lieux sont envahis par les eaux. Selon des témoignages, les gardiens de la tradition avaient prédit cette situation au regard de certains indices. Cette crue semble cyclique et intervient presque tous les 10 ans. En 1999, la situation était plus catastrophique. Les dégâts étaient très importants et la route Dédougou - Nouna était totalement coupée. La saison hivernale qui tire à sa fin risque fort malheureusement d'être mi-figue mi-raisin pour les femmes du groupement Gnatamoussi qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les récoltes des 12 ha qu'elles ont emblavés sur le site du lancement du PAFASP sont compromises. Il en est de même pour certains producteurs de Mounkuy, Nokuy, Souri, Kamandena, Kossé, Débé, Founé, Kékaba, Doudou et Harbinda. Leurs cultures, notamment le niébé, l'arachide, le manioc, et les semis tardifs de mil sont totalement engloutis.
Selon le directeur régional de l'agriculture (DR), Maurice Tiorgnaga Traoré, il est prématuré d'évaluer les dégâts pour l'instant. Cependant, certains estiment que les récoltes de plus de 4000 ha de superficie emblavés sont compromises. Pour l'instant, un dispositif de suivi de la crue a été mis tout au long du fleuve. "Cette situation qui est une loi de la nature est normale, car le fleuve reprend ses limites habituelles", a dit le DR. Cependant, des mesures préventives doivent être observées pour éviter les morsures des reptiles, des crocodiles et surtout les noyades.
La crue semble favorable à la pêche et les abords sont constamment occupés toute la journée par des pêcheurs à la ligne. La dégradation des berges a-t- elle entraîné le comblement du lit du fleuve? En attendant que les techniciens répondent à cette question, il est devenu nécessaire d'aiguiller la conscience des uns et des autres sur le fait que le fleuve Mouhoun a des limites réelles et qu'il faut le protéger vu qu'il qui se trouve être l'un des fleuves les plus pérennes du Burkina. Pour le directeur régional de l'environnement et du cadre de vie, Lassana Traoré, les dégâts sont humainement déplorables, mais sur le plan écologique , les zones inondées sont des zones de dépression qu'il ne faut pas déborder. Selon lui, les plantes et les arbres des zones humides bordant les cours d'eau jouent un rôle écologique en protégeant les berges, en favorisant la survie des poissons et en atténuant les phénomènes d'érosion. La destruction des zones humides naturelles et leur remplacement par d'autres aménagements privent ainsi les populations de production de valeur. Leur disparition aboutit à l'élimination de biotopes, de certaines espèces et engendre une perte de la diversité biologique. Ces zones peuvent aussi être des foyers de maladies liées à l'eau.
En tout cas, la situation de sinistre de ces paysans doit être prise au sérieux par l'Etat, pour non seulement reconstituer leur stock de semences, mais aussi et surtout leur apporter une assistance alimentaire. En attendant, le DR de l'Agriculture préconise les récoltes précoces pour éviter des pertes importantes, même s'il estime que la situation n'est pas très alarmante parce que l'eau va sans doute se retirer dans les jours qui suivent. On souhaite vivement que le barrage de Samandeni se réalise le plus tôt possible pour éviter de telles situations déplorables.
Serge COULIBALY
Le Pays du 4 octobre 2007
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