L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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De la flambée des prix et la vie chère

Syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment, de l’hydraulique et assimilés (SYTTPBHA)

De la flambée des prix et la vie chère

La situation nationale a été marquée ces derniers temps par de violentes manifestations à travers tout le pays, notamment dans les villes de Bobo-Dioulasso, de Banfora, de Ouahigouya et de Ouagadougou. Dans ces villes, on a assisté à des destructions de biens meubles et immeubles, publics comme privés. Qualifiant la manifestation d’illégale et les manifestants de tous les noms d’oiseaux, le gouvernement de la IVe République compte ainsi s’en tirer à bon compte en occultant sa propre responsabilité dans la survenue de ces événements, mieux, en jouant à la victime d’une prétendue velléité de déstabilisation aux origines inconnues (cf. l’article intitulé "Qui veut déstabiliser Tertius Zongo ? »), paru dans l’HEBDO du 29/02 au 06/03 2008). Mais qu’en est-il en réalité ?

La position du SYTTPBHA est que les récents remous sociopolitiques sont bel et bien dus à la vie chère, consécutive à la flambée des prix des produits de première nécessité ou de grande consommation.

Il s’agit donc de résultats attendus d’un choix politique délibéré du pouvoir de la IVe République et de son gouvernement, celui de se positionner comme le « meilleur élève » des institutions de Bretton Woods en exécutant avec dévouement, fidélité et zèle, les injonctions, recommandations et instructions de ces institutions.

Avec cette soumission éhontée aux institutions internationales, pourtant bien connues comme outils de domination sans partage du système capitaliste mondial, les éléments suivants ne peuvent que constituer des facteurs aggravants :

1. L’évolution des prix des produits de grande consommation sur le plan international.

Pour des raisons diverses, les prix de bon nombre de produits de grande consommation ont connu une hausse substantielle entre 2006 et 2008, notamment ceux du riz, des produits laitiers, de la farine de blé, des pâtes alimentaires, du sucre, des huiles alimentaires.

Cette évolution va de 14% pour certains produits à 142% pour d’autres. Cette hausse influence naturellement le montant des droits et taxes perçus. Du reste, cela est amplement confirmé par le refus obstiné du gouvernement de remettre en cause la forte taxation dans le domaine des hydrocarbures.

2. L’application de l’inspection COTECNA*

Par circulaire n°2007-124/MEF/SG/DGD du 21 novembre 2007, l’inspection (à destination) par la société COTECNA a été rendue obligatoire pour toutes les marchandises importées au Burkina Faso qui n’auraient pas été inspectées avant embarquement quelle qu’en soit la valeur.

Auparavant, seules les marchandises d’une valeur FOB** supérieure ou égale à 3 millions de francs CFA étaient soumises à l’inspection COTECNA. Cette nouvelle mesure a donc eu pour conséquence le blocage des importations, entraînant une pénurie sur le marché et l’installation d’une inflation jamais égalée.

3. L’absence d’une structure nationale de contrôle et de régulation des prix.

Il n’est un secret pour personne au Burkina Faso que, depuis plus d’une décennie, les structures de contrôle et de régulation des prix telles les brigades de contrôle de prix, la Caisse générale de péréquation ont été supprimées au nom d’un certain choix politique des gouvernements successifs de la IVe République : le libéralisme économique. Les consommateurs sont donc laissés à la merci des spéculateurs qui fixent démesurément et à leur guise les prix.

4. Le blocage des salaires, bourses et pensions

La revendication des syndicats portant sur l’augmentation des salaires, bourses et pensions date de 2001. C’est dire combien les syndicats voyaient, il y a sept ans déjà, les choses venir. Les gouvernements successifs sont restés sourds face à cette juste et légitime revendication, poussant parfois le cynisme jusqu’à l’assimiler à une irresponsable provocation. Aujourd’hui, l’augmentation des salaires, bourses et pensions reste et demeure une exigence incontournable, car aucun salaire honnêtement acquis n’est capable de tenir face au coût actuel de la vie.

5. Le mépris des mouvements sociaux organisés

Au cours des années 2006 et 2007, les centrales syndicales et syndicats autonomes ont organisé de nombreuses marches- meetings autour de leur plate-forme minimale et de la vie chère. Ces mouvements de protestation ont été méprisés avec désinvolture par les tenants du pouvoir de la IVe République, occupés qu’ils étaient à organiser à très grands frais et sans bilan aucun de grandioses et inutiles cérémonies (20 ans de renaissance démocratique, 11-Décembre, divers sommets, etc.), oubliant que le peuple les observe.

Tels sont en gros les choix politiques, sociaux et économiques du pouvoir de la IV° République dans sa conduite de la nation aujourd’hui. C’est pourquoi, le SYTTPBHA s’étonne que le gouvernement Tertius Zongo semble lui-même surpris par l’ampleur des récents événements qui ne sont ni plus ni moins que les résultats qu’il était en droit d’attendre de sa propre gouvernance.

Une chose est sûre : la solution à la crise ne réside certainement pas dans la répression tous azimuts ou les jugements de manifestants aux mains nues comme cela s’est passé à Bobo-Dioulasso et est en cours à Ouagadougou.

Aussi, le SYTTPBHA estime qu’au-delà de leurs conséquences fort répréhensibles, les récents actes de violence et de destruction puisent leurs sources dans les options politiques du gouvernement qui créent les conditions pour de telles formes d’expression et de luttes, hélas très peu orthodoxes.

Enfin, le SYTTPBHA lance un appel à la mobilisation de ses militants et de tous les travailleurs du secteur du BTP, de l’Hydraulique du Bâtiment et Assimilés, particulièrement éprouvés par la vie chère à cause des salaires qui sont dérisoires dans leur corps, pour leur participation active et massive au meeting-marche du 15 mars 2008. En effet, seule la lutte organisée, mais ferme et déterminée, paye.

Vive le SYTTPBHA !

Contre la vie chère, en avant !

Note :

* COTECNA : Société suisse opérant dans notre pays

** FOB (Free On Board) : Valeur d’une marchandise achetée ou vendue sans les frais de transport et autres frais et taxes y afférant et sans les assurances.

Pour le Bureau National

François Ouédraogo

Secrétaire général

L’Observateur Paalga du 14 mars 2008



14/03/2008
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