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Encombrement de Yalgado : Il faut que les choses changent !

Encombrement de  Yalgado

Il faut que les choses changent !

 

Le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO) vient encore d’être au cœur de l’événement, mais de la manière la plus dramatique, en exposant quelques réalités bien connues, devenues récurrentes depuis des années. En effet, il a suffi qu’une équipe de reportage de l’Observateur paalga y promenât son regard le lundi 15 octobre 2007 (jour commémoratif des 20 ans de l’assassinat de Thomas Sankara et des 20 ans de la renaissance démocratique de Blaise Compaoré) suite à un appel téléphonique d’un plaignant, pour faire le triste constat d’un «service des urgences pédiatriques débordé par plus d’une centaine de malades couchés dans les couloirs voire sous les caïlcédrats environnants». La raison avancée pour justifier une telle situation non loin de la catastrophe serait une forte résurgence du paludisme, qui fait des victimes en majorité des enfants. Cette situation d’encombrement par les malades touche jusqu'au corps médical puisqu’au début du mois d’octobre même l’épouse d’un médecin, suite à une césarienne, a eu, comme lit de fortune, le sol ; de quoi refroidir les ardeurs de tous ceux-là remontés ce jour par le manque de places.

Le vrai problème de Yalgado, construit depuis 1958, c’est le fait qu’il est, en termes d’infrastructures, largement obsolète et en termes de capacité d’accueil dépassé. En effet, si en 1958, alors que Ouagadougou avait moins de 50 000 habitants, ce centre hospitalier était un modèle, de nos jours, même avec les rajouts de constructions, ce lieu demeure en deçà des besoins d’une ville qui n’est pas loin de plusieurs millions d’âmes. Hormis cela, il faut prendre en compte d’autres soucis tels que le manque de matériel technique, le manque ou les ruptures fréquentes des stocks de consommables et les comportements dégradants de certains praticiens vis-à-vis de malades, qui n’honorent pas aussi ce CHU, considéré à tort ou à raison comme un mouroir.

Et que dire de l’amertume d’un responsable de cet établissement, qui, du reste, nous a confié que certains praticiens croient dur comme fer qu’après Dieu, c’est eux !

Les autorités de notre pays, les responsables du centre hospitalier, le personnel de santé ainsi que les pauvres usagers sont tous conscients que Yalgado a besoin d’une  cure de jouvence.

C’est ce qui a d’ailleurs commandé le projet de construction d’un nouvel hôpital à vocation internationale, dont la pose de la première pierre a eu lieu le mardi 10 juillet 2007 à quelques encablures de Ouagadougou plus précisément à Tingandgo, village relevant de la commune rurale de Komsilga.

Et on espère qu’avec une capacité d’hospitalisation de 600 lits et de traitement en urgence de 80 à 100 personnes par jour, ce futur hôpital soulagera un tant soit peu  nos malades.

En attendant la fin du chantier en juillet 2009 et la mise en service de ce joyau, c’est toujours le désarroi au CHU Yalgado avec son cortège de macchabées. «Ce matin, j’ai appelé le secrétaire général du ministère de la Santé pour lui dépeindre la situation ; il y a trop de malades, on n’en peut plus», tels ont été les propos fort préoccupants de la directrice de l’hôpital, Christine Naré, pour qualifier le climat, de plus en plus ingérable de son établissement ; car les malades fusent de part et d’autre des formations sanitaires régionales, mais surtout des zones périphériques de Ouagadougou compte tenu du manque du matériel adéquat (et par moments de spécialistes) pour y prendre en charge les patients.

Ce qui laisse penser qu’en dépit du nouveau CHU en chantier, les mêmes causes produiront les mêmes effets si on ne songe pas dans les meilleurs délais à équiper convenablement les autres formations sanitaires dans les régions et les périphéries de Ouagadougou.

Il faut donc trouver la meilleure thérapie pour désengorger Yalgado. Tout compte fait, cet hôpital avec cette triste apparence de vaste mouroir tel qu’il nous est apparu lundi 15 octobre dernier mérite d’être relooké. C’est peut-être bien la preuve qu’après 20 ans d’exercice du pouvoir, Blaise Compaoré a encore du pain sur la planche. Et ce n’est pas le SYNTSHA (Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale) qui ne s'en frottera pas les mains, lui qui, dans une déclaration parue dans notre édition du mardi 16 octobre 2007, fait un diagnostic sans complaisance des sérieux problèmes conduisant vers «une descente aux enfers des services de santé».

Quoi qu’on puisse dire de ce syndicat, la réalité est là et ne "ment" pas.

Il y a donc une part de vérité, à ne pas négliger, dans sa lecture de la situation sanitaire dans nos milieux hospitaliers dans leur ensemble.

«La santé avant tout», comme le répètent souvent les Burkinabè dans leurs salamalecs quotidiens, montre à quel point leur attachement à ce volet est grand. Le ministre d’Etat, ministre de la Santé, Alain Yoda, et ses collaborateurs devraient davantage veiller à ce que ce vœu des populations soit une réalité de tous les jours dans les hôpitaux et d'autres formations sanitaires.

C’est connu que la santé et l’éducation sont deux mamelles du développement. Et ne pas prendre conscience de cette donne nous laissera toujours à la traîne des pays en voie de développement.

 

Cyr Payim Ouédraogo

L’Observateur Paalga du 17 octobre 2007



17/10/2007
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