L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Pakistan

Entre terreur et colère

Le retour de Benazir Bhutto dans son pays natal, le Pakistan, après huit années d’exil, restera marqué d’une pierre noire. C’est en effet à cette occasion, a priori  festive, que le pays, pourtant tristement coutumier des violences, a subi l’attentat le plus sanglant de toute son histoire. 139 morts et plus de 400 blessés. C’est le dernier bilan du carnage qui a accompagné jeudi le passage du convoi triomphal célébrant le retour chez elle de l’ex-Premier ministre. Malgré les mesures de sécurité draconiennes et la présence massive des forces de l’ordre, le pire n’a pu être évité. Deux déflagrations quasi simultanées auront vite fait de mettre un terme à la liesse, plongeant ainsi la ville et ses millions d’habitants dans l’abîme de la peur.

Depuis, le pays tout entier pleure ses morts et recherche les auteurs de l’horreur. Les uns laissent exploser leur colère dans les rues ou lancent des accusations tous azimuts contre Al-Qaïda, les Talibans, voire même contre quelque renégat infiltré au sein du régime de Pervez Musharraf.

D’autres, moins nombreux, craignant pour la paix sociale déjà si précaire, appellent au calme et à la retenue, du moins jusqu’à ce que les coupables soient formellement identifiés et appréhendés.

A seulement quelques mois des prochaines législatives, ce drame national jette davantage le trouble dans un jeu politique déjà bien délicat. Le Pakistan a bien du mal à demeurer sur le chemin difficile qui mène vers la démocratie. Pour preuve, on annonce une probable interdiction des grands meetings politiques afin, dit-on, d’éviter une répétition du pire. Pourtant, n’a jamais cessé de répéter Benazir Bhutto, celle qui vient d’échapper à la mort : «Seule la démocratie peut sauver le Pakistan de la désintégration et de la prise du pouvoir par les extrémistes».

Sera-t-elle seulement entendue ?

L’Observateur Paalga du 22 octobre 2007