Etats-Unis d'Afrique : Une idée si généreuse...
Etats-Unis d'Afrique
Une idée si généreuse...
L'idée de la création des Etats-Unis d'Afrique est généreuse. Seulement, la manière de s'y prendre la voue à l'échec. Pour réussir ce projet, il y a des préalables que l'auteur de cet article développe.
Les "Eats-Unis d'Afrique", voici une idée à promouvoir par notre génération, cependant la manière d'y arriver par les dirigeants africains est vouée, une fois de plus, à l'échec. Cette entreprise ébauchée par les pères fondateurs de l'Organisation de l'Unité africaine (0UA), dans les années 60, a connu un succès à un moment donné de l'histoire du continent. Cinquante
années d'indépendance, cinquante années de recherche du développement de l'économie et de l'enracinement d'une démocratie véritable en Afrique. Tout ou presque a été essayé. Le constat à l'arrivée est marqué par des échecs, des déceptions.
Des éminents politologues, sociologues, économistes intellectuels et autres techniciens du développement ont écrit, fait des analyses, proposé des solutions. Certains sont arrivés à installer au sein des jeunes générations l'Afro-pessimisme, d'autres, par contre, croient toujours à une transformation du continent africain. L'Afrique est à chaque fois et à chaque rendez-vous continental à la croisée des chemins, à la recherche de ses marques. L'Afrique est toujours malade d'interminables conflits, de pauvreté, d'absence de vision partagée. Et pourtant il y a toujours des ressources pour y croire. La preuve est qu'à l'occasion de ce nième sommet, le projet des Etats-Unis d'Afrique refait surface malgré l'échec inscrit déjà dans l'idée elle-même.
De quelle manière mettre en œuvre cette idée généreuse que les pères fondateurs ont lancée après les indépendances ?
Premièrement, il y a nécessité de faire l'inventaire au niveau de l'Union Africaine dans sa forme actuelle des ensembles régionaux et sous-régionaux du continent.
Deuxièmement, faire un diagnostic participatif sans complaisance de l'état de santé de ces ensembles, avoir le courage et la lucidité de dire ce qui marche et ce qui ne marche pas.
Répertorier les institutions sous-régionales qui font doublon ou poursuivent les mêmes objectifs de telle sorte qu'elles ne se concurrencent vainement.
Troisièmement, c'est là que cela devient difficile, trouver une démarche qui va briser les intérêts des pays occidentaux en Afrique. Il y a les aspects culturels, linguistiques qui constituent des blocages importants à la constitution des Etats-Unis d'Afrique et profitent aux occidentaux dans sa forme actuelle. Il s'agit, entre autres, des regroupements faits sur des bases linguistiques et culturelles telles que la Francophonie, le Commonwealth, les lusophones... certes c'est une diversité culturelle à prendre en compte, cependant lorsqu'il s'agit d'intérêts économiques les divergences sont énormes dans la construction d'ensembles sous-régionaux et régionaux. Lorsqu'on dépassera cette difficulté il faudra nécessairement couper le cordon ombilical entre les pays africains et les anciennes colonies. Leurs influences dans les politiques et dans l'économie africaine sont omniprésentes.
Quatrièmement, il y a lieu, au sein des ensembles, de mettre l'accent sur l'éducation, la formation et le développement des capacités. Mettre en place des politiques d'éducation et de formation sous- régionales et régionales dans les domaines stratégiques. Définir des pools d'excellence de formation en Afrique pour permettre à des cadres et intellectuels africains de développer des programmes sous-régionaux de développement.
Cinquièmement, l'harmonisation des processus démocratiques dans tous les Etats africains est d'un véritable enjeu à la construction des Etats-Unis d'Afrique. Faire de telle sorte que tous les Etats africains aient un calendrier démocratique respectant les principes d'alternance et de partage du pouvoir. L'exigence démocratique paraît une condition sine qua non de la mise en œuvre des Etats-Unis d'Afrique.
L'idée des Etats-Unis d'Afrique, bien que généreuse, demande un peu plus que des slogans.
Evariste Zongo
Etudes et Développement
Email : evazongo@cooperation.net
L’Observateur Paalga du 6 juillet 2007
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