L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Inondations au Burkina : Au-delà des secours d’urgence

Inondations au Burkina 

Au-delà des secours d’urgence

La saison hivernale en cours a débuté dans l'incertitude. Les pluies se sont installées très lentement. Ironie du sort. Le ciel qui nous a souvent habitués à ses caprices, s’est avéré généreux quelques semaines plus tard. Un peu trop même pour certains Burkinabè. Les hauteurs d’eau battent des records et une bonne partie du pays a les pieds dans l’eau. L’eau qui manquait tant dans ce pays sahélien est subitement devenue source d’angoisses. Du Nord au Sud en passant par l’Ouest, chaque région connaît son lot de sinistrés, du fait des inondations. Des villages entiers sont sans abris et pour une des rares fois de son histoire, la solidarité nationale se trouve débordée. Le Comité national des secours d’urgence (CONASUR) tourne à plein régime. Il faut porter assistance à ces milliers de Burkinabè qui ont tout perdu.

Des associations, des ONG appuient le gouvernement dans sa délicate tâche. Même si on n'en est pas encore à demander l’aide extérieure, il y a lieu de commencer à réfléchir sur les suites de ces inondations. A y regarder de près, d’autres nuages s’amoncellent sur la tête du gouvernement. La plupart des sans-abris ont été logés dans des écoles et la rentrée scolaire est prévue dans quelques semaines. Les déloger de ces endroits au profit des élèves, pourrait redonner un semblant de vie aux zones sinistrées. Mais où abriter les parents ? Aux dernières nouvelles, les tentes de l’armée ont été réquisitionnées. Feront - elles l’affaire ? Rien n’est moins sûr, vu l’ampleur des besoins. Tout semble indiquer que les sinistrés risquent de s’installer dans une précarité, source d’autres problèmes.

Les récoltes dans les zones touchées risquent d'être compromises, même si la tendance au niveau national n’est pas encore alarmante. Une autre source de souci en perspective pour un gouvernement d'abord préoccupé à gérer l'urgence : des risques sanitaires existent également dans les zones inondées. Beaucoup de déchets ont été charriés par les eaux de ruissellement et si des dispositions ne sont pas prises rapidement, des maladies liées à l’eau ne sont pas à exclure.

Les secours d’urgence parent au plus pressé en procurant vêtements, nourritures et abris de fortune. Toute chose qui est à l'honneur de tous ces acteurs qui travaillent à cette mobilisation jamais observée dans notre pays. La réinstallation des sinistrés est une étape délicate. Faut-il les laisser reconstruire en ces mêmes lieux ou faut-il les déplacer vers des endroits plus sûrs ? Ce sont des questions qu’il faut gérer avec tact certes, mais surtout avec réalisme.

Mais, au-delà de cette situation, il faut que tout le monde tire leçon de ce drame humain et prenne des mesures pour limiter les dégâts la prochaine fois tant au niveau central qu’au niveau des communautés.

Les changements climatiques dont on parle tant n’ont pas souvent effleuré l’esprit de nos concitoyens au quotidien. Pays sahélien, l’on n’avait d’yeux que pour les problèmes liés à la sécheresse et à la désertification. La rareté des pluies était quelque chose de normal. Le gouvernement a même dû recourir à l’expertise marocaine et se doter d’un programme « Saaga » pour faire tomber la pluie. Une initiative salutaire qui a permis de juguler au fil des saisons quelques poches de sécheresse.

Cependant, Il n’est pas exclu que le pays revive de telles inondations. Il faut donc anticiper. Car en matière de catastrophes de ce type, l’Etat est responsable de la sécurité des citoyens. Une cartographie des zones inondables est donc nécessaire et les populations doivent en être informées. Elles doivent surtout être sensibilisées sur les risques encourus sur chaque espace du territoire national.

Au demeurant, on a pu constater avec les récentes intempéries, la fragilité de certains ouvrages d’intérêt public. Que les cases n’aient pas résisté aux torrents d’eau, passe encore. Mais que des barrages construits à coups de millions de nos francs, cèdent si facilement, cela laisse plus d’un perplexes. Certains barrages seraient même à l’origine des inondations dans certains cas. Tout cela pose le problème plus général de la qualité des ouvrages au Burkina Faso. Jusqu’où les Burkinabè intègrent-ils les risques environnementaux et climatiques dans leurs politiques d’aménagement ? La question est désormais posée. On a maintenant un cas pratique et personne ne pourra plus dire qu’il ne savait pas.

Le Pays 31 août 2007



31/08/2007
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