L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Justice : "Les véritables fossoyeurs du corps sont en son sein"

Justice burkinabè

"Les véritables fossoyeurs du corps sont en son sein"

 

Le Syndicat burkinabè des magistrats (SBM) va déposer  dans les jours à venir, sur le bureau du ministre de la Justice, un mémorandum articulé en 22 points de revendications. Si cette plate-forme n’est pas entièrement satisfaite dans un bref délai, le SBM va entreprendre des actions de protestation. C’est la conclusion de sa 8e Assemblée générale qui s’est tenue le 30 mars 2007 à Ouagadougou.

 

“Les ennemis les plus pernicieux d’une couche sociale viennent toujours de son sein. Et de nombreux magistrats sont devenus les véritables fossoyeurs de l’intérêt du corps au profit d’intérêts personnels ou pour s’assurer une protection contre leur indélicatesse vis-à-vis de la déontologie”.

 

Ces propos de René Bagoro, secrétaire général du Syndicat burkinabè des magistrats (SBM) à l’ouverture de cette 8e AG, traduisent à l'évidence une sorte de malaise au sein de cette profession. Le leader syndical a ensuite dénoncé la discrimination criarde qui existe dans le traitement du personnel. Il a soutenu que  dans l’appareil judiciaire, “les postes de responsabilités ne sont plus fonction des compétences mais plutôt du degré d’allégeance au souverain et à ses représentants locaux au sein des juridictions”.

 

C’est dire que notre Justice comporte deux catégories de personnel. D’un côté on a les magistrats de service qui sont en retour choyés, et de l’autre, ceux à qui on fait des misères parce qu’ils résistent et tiennent à faire leur travail consciencieusement.

S’adressant à ses camarades, René Bagoro a martelé : “vous faites partie  incontestablement de ceux qui ont choisi contre vents et marées de continuer à s’inscrire dans la ligne d’une magistrature digne, républicaine, indépendante et libre de toute relation compromettante”.

 

Pour le SBM, les magistrats vivent et travaillent dans des conditions difficiles. Raison pour laquelle de plus en plus, beaucoup d’entre eux n’hésitent plus à démissionner carrément ou alors ils sont prêts à quitter les palais de justice pour des strapontins au sein d’autres ministères. Pour René Bagoro, si l’ordre normal des choses était respecté, les postes qu’ils vont occuper dans ces ministères ne devraient pas être plus nobles et plus alléchants que celui de procureur, président de tribunal, de juge ou de substitut ? Mais hélas !

 

C’est donc déterminés à se battre pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail que les militants du SBM ont tenu cette AG. Ainsi, en l’espace d’une journée, ils ont amendé et adopté le mémorandum qui fait la synthèse de leurs revendications articulées en 22 points.

 

Le document sera transmis sous peu au ministère de tutelle. Le syndicat prévient que si des réponses appropriées ne sont pas apportées à leurs doléances, alors il entreprendra des actions pour obtenir gain de cause. C’est pour cela qu’appel a été lancé à “tous les magistrats à adhérer aux actions futures du SBM car l’amélioration de nos conditions de vie et de travail passe par la lutte”.

 

Rappelons que la justice burkinabè compte deux principaux syndicats. Le SBM et le SAMAB (Syndicat autonome des magistrats burkinabè).

 

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga du 3 avril 2007

 

Encadré

 

Haro sur les magistrats de service

 

Le discours du SG du SBM s’est voulu une peinture de l’ambiance qui règne au sein de la profession et une dénonciation des comportements peu honorables de certains magistrats. Nous vous en proposons des larges extraits.

 

..."Si je dis que la magistrature burkinabè va mal, on me reprochera d’être un aigri, un défaitiste et un éternel insatisfait. Mais comment ne pas le clamer quand les postes de responsabilités ne sont plus le reflet de la compétence mais celui du degré d’allégeance au souverain et à ses représentants locaux au sein des juridictions ? Comment ne pas le dire quand l’obtention d’une simple mutation, d’une participation à un séminaire ou d’un stage à l’extérieur dépend du bord syndical ? Comment rester muet quand la promptitude des autorités judiciaires ou leur volonté délibérée de sanctionner ou non est fonction du degré de soumission du magistrat en déphasage avec la déontologie ? Comment ne pas être triste quand les collègues sont désormais prêts à quitter les palais pour des strapontins au sein d’autres ministères ?

A ceux de nos collègues qui sont la cause de la détérioration de l’image jadis noble de la justice, parce qu’ils se sont mués en magistrats de service et en représentant agréés des puissances politiques et financières dans les palais de justice, je les invite à se ressaisir pendant qu’il est temps et leur donne en réflexion le sort qui a été réservé au président du tribunal révolutionnaire de l’époque Saddam Hussein en Irak. Il était, lui, le prototype du magistrat de service. Ils doivent savoir qu’ “une nation périclite et les magistrats de service avec – quand l’esprit de justice et de vérité se retire”...



03/04/2007
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