L'évangile du "pasteur" Boni Yayi continue de faire des victimes
Carnet de route
Lutte contre la corruption au Bénin
L'évangile du "pasteur" Boni continue de faire des victimes
Sur initiative du Réseau informel des journalistes (RIJ) avec le soutien financier du service allemand de développement (DED) et de Telmob, une dizaine de professionnels de médias burkinabè ont effectué un voyage d'études du 16 au
Qui voyage loin ménage sa monture. Cet adage, le Réseau informel des journalistes (RIJ) l'avait bien assimilé. Ainsi, depuis que l'idée d'organiser ce voyage d'études a germé, les réunions se sont multipliées pour devenir presque hebdomadaires à un mois du départ afin de cerner tous ses contours.
Tout était fin prêt à 48 heures du jour J, mais un événement malheureux est venu bouleverser quelque peu les préparatifs.
En effet, Koffi Amettepé, journaliste à l'hebdomadaire satirique le Journal du Jeudi (JJ), venait de perdre sa mère au Togo, son pays d'origine, et devait s'y rendre en catastrophe alors qu'il était une des chevilles ouvrières de notre équipée. Il fallait donc convoquer une rencontre d'urgence pour certains réglages, surtout financiers. Prendre la route, en ces temps d'insécurité dans la sous-région, avec notre petit magot laborieusement constitué depuis des mois, n'était pas prudent. Il était prévu qu'Amettepé déposât une bonne partie du budget prévu pour le voyage dans une banque de Ouaga où il y a la possibilité de la récupérer dans un des pays que nous devions visiter. Mais le dépôt n'avait pas été effectué lorsque le deuil a frappé notre confrère. Il a fallu donc changer de stratégie. La solution a consisté à répartir équitablement la cagnotte par le nombre de participants au voyage et chacun devait garder une part par devers lui. Un pis-aller.
Discrétion et prudence étaient de ce fait la règle. Il fallait par exemple éviter de tenter le diable en exhibant genre "petit commerçant" une liasse en public pour montrer qu'on est assis sur une liasse d'argent.
Jeudi
A
A bord, Suzanne Fucks du DED, Sylvie Yaro et Bénédicte Sawadogo de
Le convoyeur, un Samo, qui prenait tout le monde pour des mossis, brisait par moments la morosité liée à la fatigue à travers la parenté à plaisanterie et des taquineries. Tant mieux, car il y avait une belle trotte à faire.
Sans doute habitué à la voie, le chauffeur ne faisait qu'appuyer sur l'accélérateur et avant
Un commissariat vraiment spécial
Mais avant d'y arriver, le convoyeur a collecté les papiers d'identité de tous les passagers étrangers plus une somme de
Ensuite, c'est le tour des étrangers qui ont payé les
Nous, notre cas est spécial. Muni chacun d'un ordre de mission signé de nos directeurs respectifs plus un autre du DED, personne parmi les journalistes n'a remis le moindre kopeck. Un des flics demanda de faire venir un responsable du groupe. Nous "intronisons" séance tenante Modeste Nébié. L'agent voulait connaître l'objet de notre voyage alors que tout est clairement mentionné sur nos documents.
On a tout compris
Il demanda ensuite les contacts de notre répondant à Cotonou, ce qu'on lui fournit sur le champ. Enfin, il nous dit de chercher une feuille vierge et d'y inscrire les noms de tous les pisse-copies présents alors qu'il avait toutes les données sur les ordres de mission et les papiers d'identité.
"On a tout compris" pour reprendre le refrain d'une célèbre chanson de Tiken Dja Fakoly ; dépité de ne pas faire recette avec nous, il avait décidé de nous faire ch... Sans doute voulait-il nous irriter et espérer un écart de langage afin de nous amender avec un argument du genre "Injure ou offense à officier de police dans l'exercice de ses fonctions". Mais c'était raté. Plus tard, le convoyeur nous confiera que les policiers lui ont dit qu'avec les journalistes, on ne peut pas manger. "Quand est-ce donc ces rackets vont-ils cesser ?", soupire un passager, devant l'impuissance de nos Etats à éradiquer ces pratiques malgré les discours ronflants sur la libre circulation des personnes et des biens.
A un jet de pierre du CSP, se trouve le poste de douane. Le gabelou de service nous fait traîner sans raison valable. Notre chauffeur piqua une colère noire puisque d'habitude, les formalités se déroulent rapidement. En réalité, nous explique un Béninois, l'agent de douane est méfiant et prend tout son temps pour s'assurer que le car ne transporte pas frauduleusement des marchandises. Car deux de ses collègues de la localité (le receveur et le chef de la brigade de Porga) ont été démis de leurs fonctions par le gouvernement béninois, il y a de cela 72 heures pour des pratiques frauduleuses. Cette affaire, constaterons-nous plus tard, fait
Le Conseil des ministres comme sous
De quoi s'agit-il ? Sur instruction du président Thomas Boni Yayi, qui a promis, comme chacun le sait, de nettoyer les écuries d'Augias, l'Inspection générale d'Etat (IGE) a été commise de vérifier des informations relatives à la fausse sortie de marchandises pour le Burkina sous la responsabilité de
Ainsi, l'Etat béninois perd énormément d'argent au profit de
La presse locale dans sa majorité salue la lutte contre la corruption engagée par le chef de l'Etat, Yayi Boni. Même ses plus proches collaborateurs ne sont pas épargnés.
Le cas de Marcelin Zannou est illustratif. Il ferait partie du premier cercle des amis du président de
Désormais, la réunion hebdomadaire des membres du gouvernement est attendue ici avec beaucoup d'émois comme ce fut le cas sous
Dans la ville de Cotonou, il n'est pas rare de voir des banderoles sur de nombreux immeubles sur lesquels il est écrit "Saisie pour non paiement d'impôt".
"Une démocratie qui rime avec la corruption généralisée, l'impunité, l'anarchie, l'indiscipline sans obligation de résultat et de compte-rendu est un véritable poison pour le peuple", avait averti Yayi Boni dès élection, il y a un peu plus d'un an. Pourvu seulement que le président de l'ancien quartier latin de l'Afrique de l'Ouest ne soit pas en train de lutter contre des moulins à vent !
Vendredi
Notre flânerie nous conduit à la présidence de
La capitale économique béninoise est une petite ville coquette avec de grands boulevards. Presque toutes les routes sont pavées à cause, dit-on, du sol qui est très sablonneux et sur lequel le bitume ne peut résister à l'érosion. Cotonou, c'est aussi l'embouteillage dans la circulation avec les taxi-motos, ces fameux "zemidjans" comme on les appelle et qui signifient "prends-moi vite" en langue fon (principale ethnie du pays), qui font la loi. Pressés d'optimiser le gain journalier, ils roulent à une vitesse vertigineuse et n'hésitent pas à brûler les feux tricolores, à se faufiler entre les voitures et à faire d'interminables queues de poisson aux autres usagers. Un danger permanent qui n'est pas de nature à rassurer le client, surtout étranger. Parce qu'ils polluent énormément et qu'ils seraient responsables de beaucoup d'accidents, la force publique, à défaut de les supprimer (ce qui est impensable pour des raisons socio-économiques), a toujours voulu mettre de l'ordre dans la file des "zemidjans", mais c'est à se demander si cette branche d'activité n'est pas "ingouvernable".
Les "zemidjans" se distinguent par leur tenue jaune avec un numéro inscrit au dos donnant l'impression qu'ils sont organisés. Et pourtant ! "Tout chômeur qui a une moto se fait coudre une tenue et mentionne au dos un numéro et c'est parti", nous explique un chauffeur de taxi. Certaines banques contribuent à développer le secteur des taxi-motos en donnant à crédit des engins à deux roues aux jeunes.
Cotonou, c'est enfin l'essence frelaté qui se vend et se transporte sur des mobylettes, comme on en voit ici avec les vendeurs de poulets, à tous les coins de la rue, en plein jour et à un prix abordable par rapport à la pompe.
C'est ce carburant que les "zemidjans" et les taximen achètent. Cela joue énormément sur les stations d'essence qui vendent un peu plus cher.
La vente de ce jus trafiqué du Nigeria voisin est tellement développé que l'Etat n'y peut pratiquement rien. Pas facile, pour ce petit pays de
ODEM, un tribunal pour les journalistes
Dans l'après-midi du vendredi 18 août, notre programme de travail arrêté depuis Ouagadougou débute par une rencontre avec quelques patrons de presse à l'Observatoire de la déontologie et de l'éthique des médias (ODEM), un tribunal institué par les journalistes eux-mêmes pour condamner moralement les confrères qui se rendent coupables de violations des règles régissant la profession. Au Bénin, il y a, tenez-vous bien, une quarantaine de quotidiens dans la capitale dont une vingtaine qui paraît régulièrement.
Cette pléthore s'explique, entre autres, par le fait que les partis politiques créent et financent beaucoup de feuilles de chou. Les injures, les calomnies et les informations non fondées inondent les journaux béninois, surtout lors des périodes électorales.
Le rapport 2006 de l'ODEM montre que les articles 2 et 6 du code de déontologie sont les plus violés dans la presse écrite et audiovisuelle. Le premier cité stipule que le journaliste publie uniquement les informations dont l'origine, la véracité et l'exactitude sont établies... Le second interdit la diffamation, l'injure et les accusations sans fondement.
Avec les responsables d'organe de presse, nous avons échangé sur le paysage médiatique et
Samedi
Elle permet en même temps la formation des étudiants en journalisme et tous ceux qui s'intéressent à cette profession.
Mais cette station n'est jusque-là pas reconnue par
A ses débuts, les autorités étaient réticentes selon les étudiants que nous avons rencontrés parce qu'elles pensaient que ce sera un outil de propagande. Mais à l'heure actuelle, "elles ont compris son bien-fondé et radio Univers est subventionnée par le Rectorat et le Centre national des œuvres universitaires (CENOU)", indique son directeur, Bruno M. Hotekpo.
Dans le même bâtiment abritant
Notre programme, après l'Université d'Abomey-calavi, s'est poursuivi avec la visite de radio Planète, une des FM les plus écoutées de Cotonou et dont le propriétaire, Janvier Yahouedeou, a été coopté par Yayi Boni qui l'a nommé chargé de mission à
Dimanche 18 août. Dernier jour de notre séjour à Cotonou. Nous faisons un tour dans la matinée à l'incontournable grand marché Dantokpa (qui signifie "près du fleuve du serpent") où il n'y avait pratiquement rien à voir puisque c'était dimanche et presque tous les commerces étaient fermés. Dans l'après-midi, il fallait naturellement faire un tour à la plage comme tout bon sahélien pour voir la mer et l'immense foule qui s'y trouve pour pique-niquer, se baigner, se laisser caresser par les vagues mugissantes, contempler l'étendue de l'Océan et faire des photos.
Prochainement, cap sur le Togo et le Ghana, les deuxième et troisième étapes de notre périple.
Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga du
Encadré
Vu et entendu à Cotonou
• Dans un hôtel de la place, à notre arrivée, le gérant s'est écrié «Ah ! Vous êtes des Burkinabè !". Un de nos confrères renchérit : "Oui, nous venons du "Pays des hommes intègres" !».
Et notre hôte de réagir : "Votre président Blaise Compaoré est-il intègre lui aussi ? On dit qu'il est impliqué dans de sales histoires. On ne peut pas construire l'Union africaine avec des chefs d'Etat comme lui. J'espère qu'il ne sera pas jaloux de notre président Boni Yayi en venant le déstabiliser".
• Au Bénin, il n'y a actuellement que deux réseaux de téléphonie mobile, Libercom et Bell Bénin. Les deux autres à savoir : Areeba (MTN) et Moov (Telecel) ont été suspendus par l'Etat qui exige d'elles le paiement de 30 milliards de FCFA pour la licence d'installation.
L'affaire est devenue un bras de fer entre le chef de l'Etat qui est déterminé à défendre les intérêts de son pays et les deux opérateurs.
• A l'instar du Nigeria voisin, le Bénin connaît une prolifération d'églises. Les communautés chrétiennes, parfois des sectes aux intentions inavouables, se créent de jour en jour et enseignent différentes doctrines de la foi. Certains journaux ont attiré l'attention des autorités pour mettre fin à cette pagaille "des fonctionnaires de Dieu en quête d'argent".
• Comme au Burkina, le championnat national a pris fin en queue de poisson pour une histoire de penalty. Mais cela n'a pas empêché la surprenante équipe du Tonnerre FC de remporter le titre face aux grandes équipes telles que les Dragons de l'Ouémé et les Requins de l'Atlantique. C'est donc une formation comme le Club football de Ouagadougou (CFO) qui jouera
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