La flambée de colère de Mamadou Sanou
La flambée de colère de Mamadou Sanou
Les représentants des consommateurs ont attiré l’attention du gouvernement sur le cas des produits impropres à la consommation, comme certaines huiles vendues dans notre pays. Répondant à cette préoccupation, le ministre du Commerce, Mamadou Sanou, a fait savoir que les informations ne montent pas souvent jusqu’au sommet et a affirmé la volonté de son département de sévir contre les cas avérés. Nous avons voulu l’approcher pour l’entretien ci-dessus.
Tout s’est bien passé et il y a même eu un merci réciproque à la fin des échanges. Mais quelle ne fut pas notre surprise quand l’illustre interviewé nous a lancé à la figure : «Vous êtes impoli ; est-ce que c’est de cette façon que vous posez des questions aux gens ?» Prenant ces propos pour de la plaisanterie, nous avons souri comme bien d’autres confrères. Mais ce n’était pas tout, faisant semblant de partir, il revint sur ses pas et nous tint ce langage : «Vous posez des questions impolies». Nous nous sommes alors rendu compte que notre interlocuteur était au sérieux. Son chargé de communication est intervenu en ces termes : «De quelle station êtes-vous ?», présumant ainsi que nous sommes d’un média électronique. Nous aurions pu répondre que nous étions de Total, de Shell ou de Petrofa, mais pour ne pas apporter de l’eau à leur moulin, nous avons préféré ne pas poursuivre cette conversation ; surtout que Mamadou Sanou, tout furax, ajoutait : «Allez écrire tout ce que vous voulez». Le voilà satisfait !
Pour dire vrai, on peut comprendre que dans une situation comme celle que nous vivons depuis une semaine, les nerfs soient à cran, mais de là à ce qu’un ministre de la République pète les plombs aussi facilement, il y a un pas qu’il n’aurait jamais dû franchir, surtout qu’il venait de sortir de la bien nommée «maison du dialogue social». Traiter quelqu’un d’impoli, c’est à l’évidence l’insulter, mais dites-nous, bonnes gens, à la lecture de l’interview litigieuse, où se trouve l’impolitesse des pisse-copie ? On aurait pu comprendre s’il avait parlé d’impertinence, qui est l’essence même du journaliste, mais parler d’irrevérence comme s’il fallait être un journaliste de service pour le caresser dans le sens du poil,…Un responsable digne de ce nom, c’est aussi celui qui sait garder son calme même dans les situations les plus difficiles. Pendant qu’on y est, il faut noter que nous ne sommes pas responsables de la vie chère au Faso. Mais ce genre d’incident a le mérite de nous aider à au moins connaître ceux qui nous dirigent. Car, c’est en situation de crise qu’on sait qui est qui et qui fait quoi.
Voici l’entretien en question
Produits impropres à la consommation
Cinq questions au ministre du Commerce
Monsieur le Ministre, vous avez semblé être étonné de l’existence d’huile frelatée dont parle la Ligue des consommateurs !
• Est-ce que vous m’aviez signalé la présence d’huiles frelatées ?
Vous n’ignorez quand même pas le rapport produit par une commission d’enquête parlementaire sur les huiles frelatées, même si tout le contenu n’est pas rendu public !
• Vous avez bien dit qu’il n’est pas rendu public ! Moi je ne siège pas à l’Assemblée nationale.
Mais est-ce à dire que c’est la première fois que vous entendez parler d’huile frelatée ?
• Par le passé, j’ai entendu parler des huiles frelatées. En son temps, mon département avait pris des dispositions pour que les huiles frelatées disparaissent du marché. Nous avions effectivement constaté une disparition des huiles frelatées du marché. Mais depuis lors, nous pensions que le marché était sain sur la question.
Voulez-vous dire que les contrôles sur les produits que nous consommons ne sont pas régulièrement faits au Burkina ?
Les contrôles que mon département effectue, c’est des contrôles sur les produits d’importation essentiellement. Et puis, les huiles frelatées dont on parle, c’est certainement des huiles qui sont très cachées. Ce ne sont pas les huiles que l’on rencontre sur les étals un peu partout.
La ligue des consommateurs remet également en cause la qualité de l’huile de graines de coton. Que peut-on s’attendre de votre département ?
• Je l’ai annoncé, nous allons sévir. En ce qui concerne maintenant l’huile de coton, la Ligue des consommateurs dit que l’huile de coton, en réalité, n’est pas propre à la consommation humaine. Je crois que qu’elle doit contenir des éléments qui la rendent impropres à la consommation humaine. A ce niveau, je ne peux pas vous dire que nous allons interdire cette huile qui est prisée par nos populations. Cela ne veut pas dire que les conditions de production sont mauvaises. C’est un problème de fond qu’ils posent. Ils relèvent que l’huile de coton ne doit pas être consommée quelle que soit la qualité de la production. C’est un problème de fond qui est posé et qui nécessite qu’avec le ministère de la Santé et le Laboratoire national de santé publique (LNSP), nous fassions des vérifications, des investigations pour qu’une décision nationale puisse être prise plus tard. Ça, c’est une question qui relève du LNSP mais mon département se sent concerné également. C’est une question autour de laquelle il y a une solidarité du gouvernement.
Propos recueillis par O.H et A.K.S
L’Observateur Paalga du 27 février 2008
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